Contexte
La situation des droits humains en République démocratique du Congo (RDC) est extrêmement préoccupante. Les conflits armés persistants dans l’est du pays, associés à une mauvaise gouvernance et à une instabilité politique, contribuent à des violations massives et récurrentes des droits humains. La présence de plus de 100 groupes armés, ainsi que les abus commis par les forces de défense et de sécurité congolaises et d’autres armées nationales, aggravent encore cette situation. Malgré l’espoir suscité par l’élection contestée de Félix Tshisekedi en 2019, la RDC continue de faire face à des crises sécuritaires répétées, ce qui complique davantage la protection des droits fondamentaux de ses citoyens.
Situation des droits humains
Les conflits dans l’est du pays, notamment dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, ont aggravé les violences à l’encontre des civils. Ces violences comprennent des massacres, des enlèvements, des violences sexuelles, de la torture et le recrutement forcé d’enfants soldats. Les responsables de ces exactions, qu’ils soient membres de groupes armés ou des forces de sécurité de l’État congolais ou de pays voisins, bénéficient d’une impunité presque totale.
Le gouvernement congolais a instauré un état de siège dans le Nord-Kivu et l’Ituri en mai 2021 pour tenter de combattre les groupes armés. Cependant, cette mesure a conduit à des abus supplémentaires commis par les forces de défense et de sécurité. Les autorités militaires, désormais en charge des régions, mènent des actions répressives contre les civils, et de graves violations des droits humains ont été documentées sous ce régime exceptionnel, sans réelle amélioration de la situation sécuritaire. À ce jour, plus de 6,4 millions de personnes sont déplacées à cause des conflits en RDC.
En marge des élections présidentielles et législatives de 2023, le gouvernement a intensifié la répression contre les journalistes, les activistes et les opposants politiques. Ces groupes sont régulièrement intimidés, arrêtés ou censurés afin de limiter la critique publique envers le président Félix Tshisekedi, réélu en décembre 2023 lors d’un scrutin une nouvelle fois contesté. Les libertés de la presse et d’expression sont sévèrement restreintes, et la situation se détériore encore avec la montée des tensions politiques.
Les journalistes exercent leur métier dans des conditions extrêmement dangereuses, notamment dans l’est du pays. Entre 2023 et 2024, au moins six journalistes ont été tués et deux sont toujours portés disparus. Le classement mondial de la liberté de la presse place la RDC au 146e rang sur 180 pays en 2024 selon RSF, illustrant la difficulté pour les médias de travailler librement.
La situation sécuritaire en RDC est également marquée par la guerre de facto avec le Rwanda, accusé de soutenir militairement les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23), un groupe armé responsable de graves exactions contre les civils. Le conflit avec le M23, qui a repris à la fin de l’année 2021, a eu des conséquences dramatiques sur la situation des droits humains, notamment avec le massacre de Kishishe commis en novembre 2022, au cours duquel au moins 171 civils ont été exécutés. Les tensions diplomatiques entre la RDC et le Rwanda menacent d’escalader en une guerre ouverte.
Pratique de la torture
La torture reste une pratique répandue en République Démocratique du Congo (RDC), tant de la part des forces de défense et de sécurité congolaises que des groupes armés. Des cas de torture physique et psychologique sont régulièrement signalés dans les prisons, lors d’interrogatoires ou dans les camps militaires, souvent dans le but d’obtenir des aveux ou de punir des opposants et des activistes. Les conditions de détention inhumaines et les traitements cruels infligés aux prisonniers, notamment dans les provinces sous état de siège, illustrent la banalisation de cette pratique, malgré les engagements internationaux de la RDC contre la torture. L’impunité généralisée des responsables ne fait qu’aggraver cette situation.
État de la peine de mort
La République Démocratique du Congo (RDC) avait suspendu les exécutions depuis 2003. Cependant, en février 2024, le ministre de la Défense a fait des déclarations publiques en faveur de la reprise des exécutions pour des crimes tels que la trahison, le terrorisme et le banditisme, en raison du contexte de guerre dans l’est du pays. Cela a ravivé le débat sur la peine de mort et a conduit à la levée du moratoire sur les exécutions en mars 2024. Actuellement, plusieurs centaines de personnes se trouvent dans les couloirs de la mort, dont plus de 100 ont été condamnées en 2024. Des organisations de défense des droits humains, comme l’ACAT-France, demandent au président Tshisekedi de revenir sur cette décision et d’abolir définitivement la peine capitale.