Juan de la Cruz Ruiz, détenu maya tsotsil, enfin libre !
Juan de la Cruz Ruiz fait partie des 13 détenus mayas tsotsiles au Chiapas qui dénonçaient depuis de nombreux mois des tortures et mauvais traitements ainsi que des procédures iniques à leur encontre. Entre mars et juillet 2019, ils s’étaient notamment mis en grève de la faim. Juan avait alors fait l’objet de mesures d'isolement dans des conditions d’insalubrité extrême. Entre novembre et décembre 2019, des membres du Collectif des familles de prisonniers en lutte et du Centre des droits humains Fray Bartolomé de Las Casas (Frayba) qui les soutiennent ont reçu des menaces de mort et subi de multiples intimidations.
En butte à une plus grande discrimination sociale et marginalisation économique, les communautés autochtones sont plus vulnérables face aux dysfonctionnements du système pénal mexicain. Selon les propres termes de la rapporteuse spéciale sur les droits des peuples autochtones, les personnes indigènes arrêtées et faisant l’objet de poursuites pénales « sont confrontées à des violations du droit d’accès à un procès et une défense équitables à cause du manque d’interprètes, d’avocats, de défenseurs et d’opérateurs de justice qui parlent leur langue et connaissent leur culture. »
Juan avait été emprisonné pour homicide et extorsion sans autres preuves que des aveux obtenus sous la torture, en l’absence d’interprète et d’une défense adaptée. Bien que Juan ait immédiatement dénoncé ses tortures auprès du ministère public et des juges, aucune enquête n’avait été ouverte. En février 2016, une décision de justice ordonnait finalement sa mise en liberté au vu des graves violations des droits humains constatées. Cependant, l’autorité en charge de l’application des peines n’avait pas donné suite. La libération est finalement intervenue ce 9 décembre 2019 sous la forme d’une commutation de la peine en sursis. Les douze années que Juan a passées en prison ont eu de lourdes répercussions économiques pour lui et sa famille (perte de revenus, endettement), ont eu raison de son couple et ont fragilisé le lien à ses enfants.
L’ACAT et l’ONG partenaire Frayba restent mobilisés pour exiger une enquête et des poursuites en justice à l’encontre des responsables, directs ou par omission, de ses tortures, ainsi qu’une réparation intégrale pour lui et ses proches. Les actions se poursuivent également pour faire libérer d’autres détenus autochtones, victimes de torture et injustement maintenus en prison.