Claude Mangin, une ressortissante française venue le mercredi 19 octobre rendre visite à son mari, le militant sahraoui Naama Asfari détenu au Maroc depuis 2010, a été refoulée hors du territoire marocain.
Arrivée mercredi 19 octobre à 23h30 à l’aéroport de Rabat, Claude Mangin s’est vu signifier par un agent des douanes marocaines qu’elle était interdite d’entrée sur le territoire marocain. Elle a dû passer la nuit dans un bureau de l’aéroport avant d’être forcée de prendre un avion à destination de la France, le lendemain à 8h35.
Claude Mangin rend visite à son mari en détention plusieurs fois par an. Elle lui rendait visite à l’occasion de leurs 13 ans de mariage.
Le ministère marocain de la communication avait interdit la diffusion du quotidien français Libération lors de la parution d’un article [1] portant sur Claude Mangin et Naama Asfari, le 30 août dernier.
Selon Hélène Legeay, responsable Maghreb et Moyen-Orient à l’ACAT, « L’illégalité de l’occupation marocaine du Sahara occidental est la question sensible au Maroc. Le royaume chérifien s’emploie depuis des années à empêcher toute discussion sur le sujet à coups d’arrestations, tortures, condamnations, diffamation et expulsion d’observateurs étrangers. »
L’ACAT a récemment co-signé un rapport remis aux Nations Unies à propos des violations des droits de l’homme au Sahara Occidental [2].
Naama Asfari, condamné à l’issue d’un procès inéquitable et victime de torture
Cela fait trois ans que Naama Asfari et ses coaccusés ont été condamnés pour leur participation présumée au camp de protestation sahraoui de Gdeim Izik en novembre 2010.
Au cours de l’évacuation forcée du camp, des affrontements ont éclaté entre l’armée et des manifestants sahraouis, au cours desquels neuf soldats marocains auraient trouvé la mort. Naama Asfari a été condamné à 30 ans d’emprisonnement pour meurtre alors même qu’il a été arrêté la veille du démantèlement. Torturé, battu, humilié, pendant sa garde à vue en 2010, il avait signé des aveux sous la contrainte. Avec lui, 24 autres militants sahraouis ont subi un sort similaire. Neuf des accusés ont été condamnés à la perpétuité, quatre à 30 ans d’emprisonnement, sept autres à 25 ans, trois à 20 ans et les deux derniers, condamnés à deux ans d’emprisonnement, ont été libérés car ils avaient déjà effectué leur peine en détention préventive.
Ce verdict a été prononcé à l’issue de neuf jours de procès inéquitable marqué notamment par la prise en compte d’aveux arrachés sous la torture. Plusieurs observateurs internationaux présents aux audiences, ont dénoncé de nombreuses irrégularités parmi lesquelles le fait que les accusés ont été poursuivis devant le tribunal militaire malgré leur qualité de civil. De plus, il n’y a eu aucune autopsie des neuf victimes des forces de sécurité et leur nom n’a même pas été mentionné. Les juges se sont refusés à tenir compte des allégations de torture formulées par les accusés et de satisfaire à leur demande d’expertise médicale, en violation du droit marocain et du droit international. Aucune preuve n’a été présentée prouvant l’implication des accusés dans le meurtre des agents de sécurité.
Les tortures, détention arbitraire et condamnation des détenus de Gdeim Izik ont été dénoncées par le Comité contre la torture, le Rapporteur spécial des Nations unies sur la torture et le Groupe de travail sur la détention arbitraire.
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