Parodie d’enquête pour retrouver deux jeunes disparus
Voilà deux ans et huit mois qu’Adrián Favela Márquez et Adriel Ávila Barrios ont disparu.
Le 2 octobre 2012 vers 5 heures 10, à Ciudad Juárez, des hommes en civil, armés de fusils, ont forcé l’entrée du domicile d’Adrián où les deux amis dormaient. Ils les ont fait sortir avec leur chemise sur le visage et pieds nus et les ont contraints à monter dans une voiture. D’après la tante d’Adrián, ces hommes se sont présentés en tant qu’agents de la police judiciaire de l’État de Chihuahua et n’ont montré aucun mandat d’arrêt.
Les autorités n’ont jamais reconnu détenir les jeunes hommes. La disparition a été enregistrée, mais le témoignage de la tante accréditant une disparition forcée a été laissé de côté. L’enquête, confiée à la police et au ministère public incriminés par ce témoignage, en est au point mort. La famille et ses avocats du Centre des droits de l’homme Paso del Norte, partenaire de l’ACAT, ne sont pas tenus informés.
Un juge des garanties, chargé de contrôler l’action du ministère public, a remis en cause la procédure. Le 7 août 2014, il a ordonné l’ouverture d’une enquête pour disparition forcée, demandé le transfert du dossier à un service de police sans lien potentiel avec l’affaire et exigé la présentation aux témoins de photos des agents de police en service la veille et le jour de la disparition.
Malgré plusieurs rappels, les autorités responsables font fi des injonctions du juge et continuent de contourner la procédure…
Les ravages de la « guerre contre le crime »
Les violations des droits de l’homme ont considérablement augmenté, depuis fin 2006, quand Felipe Calderón a déclaré la guerre au crime organisé et au narcotrafic. Dans les 31 États fédérés et le district fédéral de México, la population civile a payé un lourd tribut à cette stratégie militaire, tandis que la violence des bandes criminelles s’est maintenue. En décembre 2012, le bilan était d’au moins 60 000 morts, 26 000 disparus, 250 000 déplacés internes et des milliers de personnes détenues arbitrairement et torturées.
Le nouveau président, Enrique Peña Nieto, n’a pas rompu avec cette politique. Les violations massives des droits de l’homme se poursuivent sans mesures réelles pour sanctionner et réformer en profondeur les comportements répréhensibles des forces de sécurité et des opérateurs de justice en cause.
Des milliers de « disparus »
On parle de disparition forcée lorsqu’une personne est arrêtée, détenue, enlevée par des agents de l’État ou par des individus privés avec le consentement tacite ou exprès des autorités, et que ces dernières refusent de reconnaître cette privation de liberté ou dissimulent le sort de la personne disparue et le lieu où elle se trouve. Soustraites à la protection de la loi et extraites de la société, les personnes disparues sont à la merci de leurs ravisseurs, souvent torturées, constamment menacées de mort. La famille des personnes disparues subit également une lente torture mentale. Elle est victime au même titre que les personnes disparues.
Le gouvernement mexicain refuse de reconnaître le recours aux disparitions forcées et se contente d’évoquer des personnes dont on a perdu la trace. Il incrimine les bandes criminelles sans mener d’enquête sérieuse pour établir qui sont réellement les auteurs de l’enlèvement, notamment si des agents de l’État sont impliqués, et sans rechercher efficacement les victimes.
L’ACAT a déjà mené plusieurs actions en faveur d’Adrián Favela Marquez et Adriel Avila Barrios.
Vous voulez agir en faveur d’Adrián Favela Marquez et Adriel Avila Barrios, envoyez cette lettre aux autorités mexicaines.