La force fait loi
Dans le cadre d’un projet financé par la Commission européenne intitulé « Renforcer les mécanismes d’enquête, d’information, d’alerte et de suivi en matière de tortures et autre mauvais traitements », l’ACAT a mené une mission en Guinée du 20 juin au 1er juillet 2011.
Cette mission, composée des responsables des programmes Afrique et France – Clément Boursin et Florence Boreil –, a reçu un appui technique et logistique du Programme concerté de Renforcement des capacités des Organisations de la société
civile et de la Jeunesse Guinéennes (PROJEG) pour sa mise en oeuvre sur le terrain.
Le choix de la Guinée a été déterminé en raison, d’une part, de notre connaissance ancienne de la pratique de la torture dans ce pays et de nos actions de plaidoyer et, d’autre part, de notre travail de recueil de témoignages de Guinéens qui à l’occasion de leur demande d’asile en France ont fait état de tortures.
L’objectif de la mission était de dresser un état des lieux du phénomène tortionnaire en Guinée principalement depuis 2010 et d’associer à ce travail, les organisations guinéennes de défense des droits de l’homme.
A l’issue de la publication de ce rapport, des actions seront entreprises afin de mettre en place, avec les défenseurs locaux, des mécanismes d’alerte en cas d’allégations de torture ou de risques de torture.
Au cours de cette mission, l’équipe de l’ACAT a rencontré successivement les autorités guinéennes, internationales, européennes et françaises ainsi que des organisations de la société civile. Des entretiens se sont également déroulés avec du personnel médical, des avocats et des partis politiques. La délégation de l’ACAT a pu également visiter la Maison centrale de Conakry et les prisons de Kindia, Mamou et Labé.
La délégation a recueilli, au cours d’entretiens confidentiels, les témoignages de 36 personnes indiquant avoir été victimes d’actes de tortures ou de peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants commis par des agents des forces de défense et de sécurité essentiellement entre 2010 et 2011. La plupart d’entre elles présentaient des cicatrices et des traces de ligotages excessifs.
Pour des raisons de protection des victimes et des personnes rencontrées, les noms de certaines d’entre elles, ainsi que ceux de lieux où des faits de torture ont été rapportés ne sont pas systématiquement mentionnés.
Les noms de tortionnaires, souvent cités par les victimes, ont également été volontairement omis.
Le rapport a été présenté à Conakry, Guinée, le 9 novembre 2011, par l’ACAT et les organisations partenaires.
Note :
- Le rapport "La force fait loi" est disponible en suivant ce lien.