Guinée.

Contexte

Le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) a pris le pouvoir par un coup d’État le 5 septembre 2021, mettant fin au règne dAlpha Condé, qui avait fait modifier la Constitution pour se maintenir au pouvoir. La junte militaire, adulée par une partie importante de la population, s’est rapidement accordée avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), sur une période de transition de deux ans, afin de restaurer l’ordre constitutionnel. Un engagement non respecté puisque à ce jour, le CNRD continue à gérer seul le pays.

 

Situation des droits humains en Guinée

Le 13 mai 2022, le CNRD a décidé d’interdire « toute manifestation sur la voie publique, de nature à compromettre la quiétude sociale […] jusqu’aux périodes électorales ». Au moins une quarantaine de personnes auraient été tuées en Guinée, dans des manifestations depuis septembre 2021. En Guinée, les forces de défense et de sécurité qui gèrent le maintien de l’ordre, sont réputées pour utiliser une force excessive lorsqu’elles répondent à des manifestations de rue qui sont elles-mêmes souvent violentes. L’usage des armes à feu est régulier. Les violations des règles internationales sur l’usage des armes à feu par les forces armées sont constantes. 

L’Histoire contemporaine de la Guinée est émaillée d’une utilisation excessive et régulière des armes à feu par les forces de défense et de sécurité, lors de la gestion des manifestations. Entre 2005 et 2015, au moins 350 personnes sont mortes et plus de 1 750 autres ont été blessées lors de manifestations. Au moins 12 personnes ont été tuées et de nombreuses autres ont été blessées dans le contexte de l’élection présidentielle de 2015. Au moins 21 personnes sont mortes lors des manifestations survenues en 2018. Entre octobre 2019 et juillet 2020, à l’appel du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), des milliers de guinéens ont manifesté contre le projet de nouvelle constitution devant permettre au président Alpha Condé de briguer un troisième mandat d’affilée, ce que lui interdisait la constitution en vigueur. Les manifestations ont été interdites. Ceux qui ont voulu marcher ont été réprimés, occasionnant des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre. Ce nouveau cycle de répression a été particulièrement meurtrier avec la mort d’au moins 50 personnes tuées par les forces de l’ordre.  

À la suite du scrutin présidentiel du 18 octobre 2020, les forces de défense et de sécurité ont recouru à une force excessive pour disperser les manifestations dirigées par l’opposition à Conakry, faisant au moins 12 morts. À plusieurs reprises, les autorités guinéennes ont indiqué qu’elles ouvraient des enquêtes à la suite de décès survenus en manifestations. Dans la très grande majorité des cas, ces enquêtes n’ont jamais abouti, les autorités guinéennes préférant, sans en apporter la moindre preuve, rejeter la responsabilité des morts sur les manifestants et l’opposition. Jusqu’à ce jour, très peu de membres des forces de défense et de sécurité ont été arrêtés et jugés pour des tirs mortels survenus lors de manifestations.  

 

État de la peine de mort

La Guinée a adopté une position abolitionniste à la suite de l’adoption, le 4 juillet 2016, par le Parlement, d’une loi qui réformait le Code pénal en éliminant la peine de mort parmi les sanctions possibles. 

la Guinée en chiffres.

Personnes au moins ont été tuées lors de manifestations sous la présidence d’Alpha Condé entre 2019 et 2021
0
Personnes au moins ont été tuées lors de manifestations sous le règne du CNRD depuis septembre 2021
0
Condamnations d’éléments des forces de défense et de sécurité pour des crimes commis depuis septembre 2021 lors de manifestations réprimées
0
Année depuis laquelle le CNRD a interdit toute manifestation publique dans le pays
0

Mobilisations.

  • Appel à mobilisation
Habib Marouane Camara, journaliste guinéen, a été enlevé le 3 décembre 2024 à Conakry par des gendarmes et reste introuvable. Une atteinte grave à la liberté de la presse. Exigeons [...]
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Plus de quatre mois après l’arrestation arbitraire et la disparition forcée à Conakry de deux défenseurs des droits humains guinéens, Oumar Sylla et Mamadou Billo Bah, la justice guinéenne n’a [...]
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Trop de citoyens guinéens meurent par balles dans des contextes de manifestations : au moins dix depuis le début de l’année 2024. Cela doit cesser. L’usage de la force létale [...]
  • Justice et impunité
  • Maintien de l’ordre
  • Violences policières

Actualités.

Un collectif d’ONG et de syndicats, dont l'ACAT-France, appelle le gouvernement français à condamner publiquement les violations des droits humains en Guinée et demande que la lumière soit faite sur la disparition suspecte de deux militants guinéens, Foniké Menguè et Mamadou Billo Bah, dans une tribune parue dans Libération.
  • Détention arbitraire
  • Justice et impunité
Oumar Sylla (alias « Foniké Menguè »), Ibrahima Diallo et Mamadou Billo Bah, trois leaders du Front national de défense de la Constitution (FNDC) et de Tournons La Page (TLP-Guinée) ont été libérés. Les trois militants avaient été arrêtés suite à leurs activités pro-démocratie.
  • Détention arbitraire
Aujourd’hui, 30 septembre 2022, cela fait deux mois qu’Oumar Sylla – coordinateur du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), coordinateur adjoint de Tournons La Page Guinée (TLP-Guinée) – et Ibrahima Diallo – responsable des opérations du FNDC, coordinateur de TLP-Guinée – sont détenus arbitrairement à la maison centrale de Conakry. Deux mois durant lesquels leurs droits ont été bafoués et leur santé s’est dégradée. Alors que la Communauté Economique des États de l’Afrique de l'Ouest (CEDEAO) s’apprête à mettre en place une série de « sanctions progressives » à l’encontre des autorités guinéennes, les organisations signataires - ACAT-France, CFDT, Tournons La Page - appellent à la libération immédiate des deux militants.
  • Détention arbitraire

Ressources.

Après plus de trois ans d'enquête sur le terrain, quatre ONG guinéennes publient, avec l'appui de l'ACAT, un rapport sur cinq violations graves des droits de l'homme commises par des agents des forces de l'ordre dans trois régions de Guinée.
  • Justice et impunité
  • Torture