Contexte
La République du Cameroun, État d’Afrique Centrale et Occidentale, est un pays qui n’a connu que deux présidents depuis son indépendance en 1960. Le président actuel, Paul Biya, est arrivé au pouvoir en 1982. Cela fait plus de quarante-deux ans qu’il dirige le Cameroun avec son parti, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), et plus de 76 % de la population camerounaise n’a jamais connu la moindre alternance dans le pays. Aujourd’hui, âgé de plus de 91 ans, il fait l’objet de nombreuses spéculations concernant sa santé vacillante.
Situation des droits humains
Une lutte de pouvoir se joue entre différents caciques du RDPC, dans la perspective de la succession de Paul Biya. Dans ce contexte de fin de règne, le pays vit une période de tension politique extrême, où les droits fondamentaux des citoyens sont régulièrement mis à mal, particulièrement lors des périodes électorales, où le droit à la liberté d’expression est drastiquement contrôlé, afin de ne pas nuire au pouvoir en place. Le pays connaît deux situations de conflit : l’un dans l’Extrême-Nord où, depuis 2013, le mouvement djihadiste Boko Haram affronte l’armée camerounaise ; l’autre dans le Nord-ouest et le Sud-ouest (NOSO) où, depuis 2016, des groupes séparatistes anglophones combattent l’armée camerounaise.
Pratique de la torture
Au Cameroun, la détention au secret, l’usage de la torture et des mauvais traitements sont des pratiques courantes sur l’ensemble du territoire, particulièrement dans les lieux de détention du bataillon d’intervention rapide (BIR), au sein de la Direction générale de la recherche extérieure (DGRE), de la Division de la Sécurité Militaire (SEMIL) et du Secrétariat d’État à la défense (SED). Dans le contexte politique conflictuel actuel, les victimes de ces pratiques tortionnaires sont diverses. Il peut s’agir des personnes lambda, qui sont torturées en vue de leur extorquer des aveux de culpabilité, des personnes soupçonnées d’appartenance ou de soutien au groupe terroriste Boko Haram, aux groupes séparatistes anglophones, mais également des personnes membres ou sympathisantes de partis d’opposition, ou d’organisations de la société civile (médias, ONG de défense des droits humains). Malgré la publication ces dernières années de plusieurs rapports et autres alertes concernant le phénomène tortionnaire au Cameroun, les autorités camerounaises n’ont jamais sérieusement enquêté sur ce sujet, violant ainsi leurs obligations d’enquêter, de poursuivre en justice les responsables présumés de ces actes, de sanctionner leurs auteurs, et plus largement, leur devoir de faire en sorte que de tels agissements ne se reproduisent pas.
État de la peine de mort au cameroun
Bien que la peine de mort soit prévue par le droit camerounais, elle n’est plus appliquée depuis 1997, ce qui fait du Cameroun un pays abolitionniste de fait. Il est important de rappeler que des exécutions ont eu lieu après le coup d’État manqué de 1984, et celles-ci ont été précédées de procès très expéditifs.