Le Bahreïn accueillera la Cour arabe des droits de l’homme
Le 29 septembre, la justice bahreïnie rendra son verdict à l’encontre de Naji Fateel, blogueur et défenseur des droits de l’homme bahreïni torturé par les forces de sécurité et poursuivi en raison de son militantisme pour lequel il encourt une lourde peine de prison. Une triste occasion de rappeler le bilan désastreux du pays en matière de droits de l’homme, alors que la Ligue arabe a décidé d’y établir le siège de la Cour arabe des droits de l’homme.
Arrêté le 2 mai 2013, Naji Fateel a été torturé à plusieurs reprises durant son interrogatoire au Département des enquêtes criminelles. Il a subi des chocs électriques sur les pieds, le dos et les parties génitales, des simulations de noyade, a été roué de coups, menacé de violences sexuelles et privé de sommeil. Il a dû être conduit à deux reprises à l’hôpital du ministère de l’Intérieur à cause des blessures occasionnées par ces sévices.
Plutôt que de diligenter une enquête sur ces abus, le procureur a menacé de le renvoyer aux mains de ses tortionnaires, le forçant ainsi à signer des aveux qu’il n’a même pas pu lire.
Selon Myriam Al-Khawaja, présidente du Bahrain Center for Human Rights, « Le procès de Naji Fateel est symptomatique de la politique de répression des militants politiques et défenseurs des droits de l’homme au Bahreïn et renforce le sentiment d’impunité dont jouissent les forces de sécurité bahreïnies. »
Naji Fateel, membre de la Bahrain Youth Society for Human Rights, est poursuivi notamment pour tentative de renversement du régime, aux côtés de 49 autres accusés en raison de leur participation au mouvement de la Coalition du 14 février, l’un des acteurs du soulèvement populaire qui agite le Bahreïn depuis plus de deux ans. Le 22 mai 2013, il avait déjà a été condamné à six mois d’emprisonnement pour avoir participé à des rassemblements illégaux. En décembre 2007, il avait été arrêté, torturé et maintenu en détention jusqu’à sa libération en avril 2009.
Selon Mohamed Al-Maskati , Président de la Bahrain Youth Society for Human Rights, « Naji Fateel n’est qu’un des très nombreux cas de torture, détention arbitraire et procès inéquitables, dénoncés en vain par les ONG de défense des droits de l’homme bahreïnies. » Malgré cette situation dramatique, le 1er septembre, la Ligue arabe a donné son accord pour que le Bahreïn accueille le siège de la Cour arabe des droits de l’homme.
« Le choix de la Ligue arabe d’établir sa Cour des droits de l’homme dans un pays réputé comme tortionnaire est pour le moins cynique, mais n’est guère étonnant » constate Hélène Legeay, responsable des programmes Maghreb et Moyen-Orient à l’ACAT. « Au-delà de la Ligue arabe, c’est toute la communauté internationale qui couvre sciemment les violations des droits de l’homme commises par les autorités bahreïnies. Le royaume est riche, stratégiquement situé près de l’Iran et héberge une base militaire américaine. Autant de bonnes raisons pour les États occidentaux de fermer les yeux. »
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