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États-Unis
Communiqué

Peine de mort aux USA : une « grande purge » sur fond de campagne électorale (témoignage d’un condamné)

Une nouvelle exécution fédérale est prévue le 22 septembre, celle d’un condamné à mort soutenu par l’ACAT, William Emmett Lecroy. S’il était exécuté, William serait le sixième depuis que la Cour suprême a autorisé la reprise des exécutions fédérales après dix-sept ans de moratoire, sous l'impulsion du gouvernement de Donald Trump. Ce dernier, soucieux de conserver le soutien de sa base, martèle son attachement à la peine capitale.
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Aux États-Unis, les exécutions au niveau fédéral vont bon train, sur fond de campagne électorale. Ces 45 dernières années, il n’y en avait eu « que » trois. Ce chiffre a plus que doublé en deux mois, depuis qu’en juin le ministre de la Justice des États-Unis, William Barr, a ordonné au Bureau fédéral des prisons de programmer des exécutions.

"Une reprise des exécutions à contre-courant des progrès des 10 dernières années
 

William Emmet Lecroy est le prochain à devoir être exécuté, le 22 septembre, l’avant-dernier sur une liste de sept exécutions programmées avant la tenue des élections présidentielles du 3 novembre prochain. Pour la présidente d’ACAT- France, Bernadette Forhan, « il est odieux de faire de la peine capitale un outil électoral. L’ACAT, qui est opposée en toutes circonstances à la peine de mort, condamne la reprise des exécutions au niveau fédéral et dénonce des manœuvres politiques opportunistes au mépris des vies humaines. De plus, cette reprise des exécutions fédérales va à contre-courant des progrès constatés ces dix dernières années aux États-Unis : plus d’États abolitionnistes, de nouveaux moratoires, une société américaine de moins en moins convaincue par l’équité de la peine de mort… »  

"Une grande purge du couloir de la mort fédéral", selon William Lecroy


« Une grande purge » : ce sont les mots utilisés par William Emmet Lecroy le 18 juin, trois jours après les annonces de William Barr, dans un courrier envoyé à la militante de l’ACAT qui est sa correspondante : « Le moral est bas, et beaucoup commencent à perdre l’espoir d’un nouveau délai avant l’exécution. On a le sentiment que c’est le début d’une grande purge des occupants du couloir de la mort fédéral. » Le 30 juillet, la veille de l’annonce de sa date d’exécution le 22 septembre, il écrivait : « Cette attente, le fait de se demander si c’est aujourd’hui qu’on donnera la date de notre exécution est une situation très difficile. Nous savons tous que ça va arriver, maintenant que Barr et Trump savent que la Cour suprême ne fera pas obstacle à leurs plans d’exécutions, mais personne ne sait quand… jusqu’à ce que cinq gardiens et un lieutenant viennent vous trouver avec ces mots : ‘le directeur veut vous voir’. Rien ne peut les arrêter, exceptées une réaction publique négative et une chute dans les sondages des voix en faveur de Trump. Mais il y a peu de chances… »

La pandémie de COVID-19 qui a empêché les avocats de rendre visite aux condamnés à mort n’a, par contre, pas freiné la programmation des exécutions fédérales : les recours intentés pour reporter les exécutions jusqu'à ce que la pandémie soit maîtrisée ont pour l’instant été ignorés. Le président Trump, qui brigue sa réélection en 2020, affirme sa volonté de « ramener la peine de mort » et a encore réclamé, le 13 septembre dernier, dans un tweet, un « procès rapide et la peine de mort » pour les auteurs de blessures sur deux policiers à Compton, si ceux-ci venaient à décéder. Note de la rédaction : Depuis 1992, l’ACAT mène un programme de correspondance épistolaire avec des condamnés à mort afin de leur apporter un soutien moral et de s’opposer aux tentatives pour les déshumaniser. Actuellement, un peu moins de 10% des condamnés sont ainsi soutenus par l’ACAT. Deux d’entre eux sont des condamnés à mort fédéraux : William Emmett Lecroy et Billie Jerome Allen.

 

Contact presse : Christina Lionnet, 01.40.40.74.10

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