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Bertrand Zibi Abeghe, un prisonnier politique oublié dans les geôles du régime.

Bertrand Zibi Abeghe, ancien député démissionnaire du Parti démocratique gabonais (PDG) – au pouvoir – et proche de l’opposant Jean Ping, passe ses journées à attendre dans le quartier disciplinaire appelé « C.A » de la prison centrale de Libreville… Il attend des nouvelles de la Justice. Arrêté fin août 2016, il n’a toujours pas été jugé. Le régime gabonais voulait que cet opposant soit en prison. Aucun procès n’est en vue.

 

Bertrand Zibi Abeghe est arrêté dans la nuit du 31 août 2016 dans le quartier général du candidat de l’opposition Jean Ping, le jour de la proclamation des résultats controversés de la présidentielle donnant Ali Bongo vainqueur après un processus électoral non transparent. Plus d’une centaine de cadres et de militants de l’opposition sont arrêtés en même temps que lui. Bertrand Zibi Abeghe passe les quatre premiers jours de sa détention à la Direction générale des recherches (DGR), où il est maintenu au secret. Il subit alors des brimades et des sévices. Il est ensuite transféré à la prison centrale de Libreville.

Le 25 septembre 2017, après huit mois de détention provisoire, la justice gabonaise indique à Bertrand Zibi Abeghe qu’il est poursuivi pour « détention illégale d'une arme à feu » (arme que les autorités gabonaises refusent jusqu’à ce jour de faire analyser malgré les demandes en ce sens des avocats de la défense), « non-assistance à personne en danger » et « crime contre la paix public ». Sa dernière rencontre avec le juge date de mai 2018. Depuis lors, il n’a plus aucune nouvelle de la justice… Selon le code de procédure pénale gabonais, le juge d'instruction doit boucler son enquête dans un laps de temps de 18 mois maximum. Etant donné que Bertrand Zibi Abeghe est détenu depuis plus de 28 mois, sa détention est aujourd’hui clairement illégale.

 

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CONTEXTE

 

En pleine campagne pour l’élection présidentielle d’août 2016, alors que le candidat sortant Ali Bongo est en déplacement dans le département du Haut-Ntem, Bertrand Zibi Abeghe, alors député du PDG (parti au pouvoir), décide, le 23 juillet 2016, de démissionner publiquement de ce parti, en plein meeting à Bollosoville, face au chef de l’Etat. Un mois plus tard, dans la nuit du 31 août 2016, il est arrêté au sein du quartier général du candidat de l’opposition Jean Ping. Il passe les quatre premiers jours de sa détention à la Direction générale des recherches (DGR), où il est maintenu au secret. Il subit alors des violences. Il est ensuite transféré à la prison centrale de Libreville.

Ses avocats ont déposé plusieurs demandes de liberté provisoire que le juge d’instruction a rejetées à chaque fois. Pour Maître Jean-Paul Méthode Imbong Fady, avocat de la défense, le dossier de son client est vide. Bertrand Zibi Abeghe est un prisonnier politique, détenu pour avoir eu l’outrecuidance de démissionner du parti au pouvoir devant le président de la République Ali Bongo, en pleine campagne électorale en vue de sa réélection.

Bertrand Zibi Abeghe a été bastonné à plusieurs reprises en détention. Le 15 janvier 2018, il a été tabassé après la découverte d’un téléphone portable dans la cellule commune qu’il partageait avec d’autres détenus. Dans la foulée, il a été enchaîné, encagoulé et environ dix hommes sont venus le tabasser, jusqu’à ce qu’il perde connaissance. Il a ensuite été placé à l’isolement pour « détention de téléphone portable ». Ses avocats, qui lui ont rendu visite le 17 janvier, ont trouvé Bertrand Zibi Abeghe, le regard hagard, marchant avec difficulté, avec de nombreux hématomes sur le corps. Il leur a indiqué qu’il n’avait ni bu ni mangé depuis trois jours. Une plainte pour torture a été déposée par ses avocats. Cette plainte a été rejetée sans justification.

A plusieurs reprises, Bertrand Zibi Abeghe a été privé d’eau et de nourriture durant plusieurs jours d’affilé. Il a également fait l’objet de mesures disciplinaires injustifiées dont des enfermements à l’isolement dans une cellule sans lumière ayant seulement quelques trous d’aération ; cellule où la température est extrêmement chaude.

Aujourd’hui,  Bertrand Zibi Abeghe est détenu, depuis un an et demi, au sein du quartier disciplinaire appelé « C.A » en compagnie d’environ 90 autres détenus. Les conditions de détention sont éprouvantes : un seul WC pour tous. Sa cellule d’environ deux mètres sur deux abrite huit détenus. La chaleur est difficilement supportable.

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