Mahmoud Hussein est connu de tous les Égyptiens. Alors qu’il est âgé de 17 ans, il est arrêté le 25 janvier 2014 à la suite des manifestations marquant le troisième anniversaire de la « Révolution du 25 janvier 2011 » parce qu’il portait un T-shirt arborant le message « une nation sans torture ». Des photos de son arrestation circulent où on le voit tenu par un policier, le visage apeuré, portant le fameux T-shirt qui encore aujourd’hui lui vaut d’être emprisonné.
Un corps et un esprit marqués par la torture
Lors de son arrestation en 2014, les agents de l’État ont eu recours à la torture et à d’autres formes de mauvais traitements. En plus d’être frappé, il reçoit des décharges électriques au niveau des mains, du dos et des testicules, dans le but de le forcer à signer des aveux. Une fois conduit devant le procureur général de sûreté, il revient sur ses aveux, dénonçant qu’ils lui ont été arrachés sous la torture. Aucune expertise médico-légale ni enquête sur les allégations de torture ne sont diligentées. Il est inculpé pour « appartenance à un groupe terroriste », « possession d’explosifs et de cocktails Molotov » ainsi que pour « incitation à la violence ».
Il est également roué de coups lors de son transfert à la prison d’Abu Zabaal puis à celle de Tora, avant d’être libéré le 24 mars après le versement d’une caution. Il garde depuis de graves séquelles des violences subies. Il s’est fait poser deux prothèses de hanche et se déplace désormais avec une béquille. Il doit également prendre des médicaments pour gérer son syndrome de stress post-traumatique.
Retour en enfer
En 2018, il est condamné par contumace à perpétuité par la cour de sûreté de l’État, une juridiction d’exception émettant des décisions définitives sans recours possible et sans respect du droit à un procès équitable. Depuis sa libération, Mahmoud Hussein avait commencé à se reconstruire en créant une entreprise de confection de T-shirts et en demandant sa fiancée en mariage. Mais le 30 août 2023, il est à nouveau arrêté lors d’un contrôle de police. Il est interrogé les yeux bandés, sans la présence de son avocat. Il est poursuivi pour les mêmes faits qu’en 2014, et comme il a été condamné par contumace, un nouveau procès doit avoir lieu. Le 23 avril 2024 le juge accepte de le libérer sous caution, mais les charges retenues contre lui demeurent et une nouvelle audience est prévue le 26 juin.
Au moment de l’impression de cet appel, Mahmoud Hussein n’a toujours pas quitté la prison.