Mohamed El-Baker est le fondateur et directeur du Centre Adalah pour les droits et libertés, une organisation de défense des droits humains fondée en 2014 et dissoute à la suite de son arrestation, qui agissait également comme cabinet d’avocats pour la défense de ses clients, victimes du régime répressif égyptien. En 2014 déjà, Mohamed El-Baker avait été arrêté pendant plusieurs mois pour avoir « manifesté sans autorisation ».
Une détention arbitraire
Cette libération met fin à quasiment quatre ans d’emprisonnement arbitraire, de torture et de mauvais traitement. Alors que l’Égypte connaissait, fin septembre 2019, une vague d’arrestations sans précédent sous la présidence al-Sissi, Mohamed El-Baker est arrêté le dimanche 29 septembre alors qu’il exerçait sa fonction d’avocat en assistant Alaa Abdel Fattah lors d’une audition dans les locaux du service du procureur de la sûreté de l’État. Alaa Abdel Fattah, activiste renommé et icône de la révolution de 2011, a lui-même été arrêté plus tôt dans la matinée, et demeure à ce jour toujours emprisonné.
Comme lui, Mohamed El-Baker est placé en détention provisoire et poursuivi pour participation à un groupe terroriste, financement d’un groupe terroriste, et diffusion de fausses informations qui menacent la sécurité nationale.
Le combat continue
Un autre défenseur des droits humains, Patrick Zaki, a également été gracié par ce même décret. Ce dernier venait d’être condamné et arrêté la veille par une cour spéciale à trois ans de prison ferme pour un article publié en 2019 dans lequel il décrivait les discriminations subies par la communauté copte en Égypte. Il avait alors été arrêté le 7 février 2020 et détenu pendant 22 mois avant d’être libéré en décembre 2021. Son arrestation avait suscité une forte réaction internationale ainsi qu’en interne, avec le retrait de plusieurs personnalités de l’instance du dialogue nationale, lancée en mai dernier en vue des élections présidentielles début 2024.
Cette mobilisation a vraisemblablement payé puisque le décret de grâce a été publiée le lendemain de la condamnation de Patrick Zaki !
Si Mohamed El-Baker est gracié dans l’affaire pour laquelle il avait été définitivement condamné le 20 décembre 2021 par la Cour de sûreté de l'état d'urgence de New Cairo à quatre ans de prison ferme, il continue d’être poursuivit dans au moins trois autres affaires. L’une d’elle démarrée en novembre 2020, l’a inscrit sur une « liste de terroristes » et a pour conséquence de geler les biens et avoirs financiers de Mohamed El-Baker, de lui interdire de voyager à l'étranger ainsi que d'assumer une fonction publique ou officielle, comme celle d’avocat, le tout pour une durée de cinq ans.
L’ACAT-France demeure donc mobilisée pour obtenir l’abandon de toutes les procédures existantes encore contre lui et la suspension de toutes les mesures restrictives dont il est toujours victime.