C’est une décision attendue depuis un an : après une fin de non-recevoir de la part du ministère de l’Intérieur, l’ACAT-France, la LDH et Jérôme Graefe, de l’observatoire parisien des libertés publiques, s’étaient tournés vers la justice en septembre 2022 pour que les forces de l’ordre soient mieux identifiées.
En cause : le numéro « RIO », pour référentiel des identités et de l’organisation, ce matricule à sept chiffres rendu obligatoire en 2013 pour permettre une meilleure identification des agents sur le terrain. Un moyen nécessaire en cas de poursuites contre un agent, en vertu du principe constitutionnel selon lequel l’administration doit pouvoir rendre compte à ses administrés.
Mais trop petit, souvent couvert voire masqué, quand il n’est pas carrément absent, l’intérêt du « RIO » est limité. Conséquence, les poursuites contre les agents soupçonnés de violences illégales sont rares ou infructueuses. Le but de ce recours en justice était donc double : faire reconnaître que le non-port du « RIO » était un phénomène d’ampleur, et contraindre le ministère de l’Intérieur à améliorer la lisibilité de ce matricule.
Dans une décision sans équivoque rendue en assemblée du contentieux, sa formation la plus solennelle, le Conseil d’État nous donne raison sur ces deux points. Concernant le port du « RIO », pourtant obligatoire, la plus haute juridiction administrative parle d’une « carence » du ministère de l’Intérieur « à faire assurer son respect par ses agents ». Elle enjoint donc le ministère à garantir cette obligation.
Le Conseil d’État inflige enfin un second revers : il ordonne de rendre le « RIO » plus lisible.
Sur ce point, nos associations apportent une solution qui permettrait au ministère de l’Intérieur de se conformer à la justice. Nous proposons que le « RIO » soit écrit en plus gros, dans le dos, sur les épaules voire le casque, sur une matière réfléchissante pour être visible de jour comme de nuit, et plus facilement mémorisable.
Ces mesures simples – un simple arrêté ministériel suffit – contribueraient à renforcer l’État de droit et restaurer la relation entre la police et la population, abimée par un sentiment d’impunité auquel le (non) port du « RIO » contribuait largement.
Signataires et contacts presse :
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ACAT-France
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Ligue des droits de l'Homme (LDH)