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« Il y a une exploitation des femmes à trois niveaux : leur force de travail, leur sexualité et leur fécondité ».

Quels sont les arguments utilisés pour justifier la domination masculine ?

Hélène Nicolas : Dans nos sociétés occidentales, l’argument principal est celui d’une infériorité biologique des femmes par rapport aux hommes, qui a remplacé la religion à partir du XVIIIe siècle. La nature et le corps des femmes seraient plus faibles, leur intellect serait moins pertinent et leurs émotions plus incontrôlables. Cette idée d’une nature des femmes différente de celles des hommes et présupposée inférieure vient légitimer les discriminations sexistes. D’autres sociétés mettent en avant des arguments comme la religion et les mythes. Il faut néanmoins préciser que ces discriminations ne sont pas universelles. Par exemple, la société des Mosso en Chine est relativement égalitaire. 

Comment cela se traduit dans le quotidien des femmes ?

H. N. : Certaines caractéristiques sont associées aux femmes. Dans nos sociétés occidentales, elles sont perçues comme plus douces, maternelles ou plus émotives que les hommes. Ces représentations servent de fondement idéologique à une hiérarchie patriarcale. Elles cantonnent les femmes aux activités peu rémunératrices ou qui confèrent peu de pouvoir et justifient le fait qu’elles soient exclues notamment des métiers considérés comme plus prestigieux. Prenons par exemple l’inégale répartition du travail domestique et les inégalités économiques entre femmes et hommes. Au sein d’un couple, avec l’augmentation du travail domestique provoquée par l’arrivée des enfants, le travail de la femme est souvent sacrifié car son salaire est fréquemment moins élevé. Cette exclusion des femmes de la sphère professionnelle est justifiée par l’idée qu’elles ont davantage l’instinct maternel. Ces croyances rendent légitimes des situations préexistantes d’exploitation et d’inégalité, en l’occurrence l’inégalité salariale et l’exploitation des femmes au sein du foyer.

Comment expliquer la persistance de ces stéréotypes ?

H. N. : Ces systèmes de domination perdurent parce qu’ils permettent une exploitation des femmes à trois niveaux : leur force de travail, leur sexualité et leur fécondité. Comme tout groupe social dominant, les hommes chercheront à maintenir ces privilèges qui découlent de la domination. Même s’il y a eu des avancées, de fortes représentations persistent. Par exemple, l’éducation des enfants continue de véhiculer des modèles sexistes, en poussant les garçons à se tourner vers des activités, et plus tard des métiers, qui confèrent du pouvoir, de l’argent et du prestige, au détriment des filles.


Propos recueillis par Anna Demontis, chargée de projet éditorial à l'ACAT

Article issu du dossier « Femmes : Des hommes comme les autres », du Humains n°02

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