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Angola
Communiqué

Reprise du procès de 17 jeunes opposants angolais : la mascarade doit cesser

L’ACAT demande l’abandon des poursuites judiciaires contre ces prisonniers d’opinion, leur libération immédiate et sans condition, et la fin du harcèlement à leur encontre.
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Le 25 / 01 / 2016

 

Le procès de 17 jeunes Angolais opposants au régime, doit reprendre lundi 25 janvier. L’ACAT demande l’abandon des poursuites judiciaires contre ces prisonniers d’opinion, leur libération immédiate et sans condition, et la fin du harcèlement à leur encontre.

Le 20 juin  2015, le rappeur engagé Luaty Beirao organisait à son domicile un atelier de réflexion sur l’alternance démocratique. Treize autres jeunes activistes, pour la plupart membre de Central Angola 7311, une plateforme en ligne créée pour dénoncer les violations des droits de l’homme, y étaient réunis pour disserter de techniques pacifiques de protestation. Quelques heures plus tard, ils étaient tous arrêtés illégalement, accusés de « rébellion » et de « tentative de coup d’État ». Cette arrestation arbitraire, menée sans mandat, a été justifiée par le procureur de la République de l’Angola comme une opération visant à « prévenir un coup d’État ». Trois autres jeunes, non présents à cet atelier, sont également poursuivis dans cette affaire.

« Se réunir afin de discuter d’un moyen pacifique pour favoriser l’alternance démocratique dans un pays ne constitue un crime ni pour le droit angolais ni pour le droit international. Malheureusement, en Angola, la justice répond aux ordres du pouvoir exécutif » indique Clément Boursin, responsable Afrique à l’ACAT.

Les accusés sont de jeunes étudiants, professeurs, journalistes et artistes, âgés de 18 à 33 ans. Quinze d’entre eux ont été emprisonnés six mois, dans des conditions difficiles, avant d’être assignés à résidence. Deux accusés comparaissent libre.

Durant leur détention, Afonso Matias, Albano Bingo et Benedito Jeremias ont subi, début octobre 2015, des tortures [1], à propos desquelles aucune enquête n’a été ouverte.

Le procès doit normalement s’achever le 29 janvier, soit quatre jours après sa reprise. Le fait qu’il ait été reporté à deux reprises, en décembre puis en janvier, montre que les autorités angolaises n’ont eu de cesse de prolonger cette mascarade judiciaire et de fatiguer les prévenus ainsi que les observateurs internationaux, qui jusqu’à ce jour se sont toujours vu refuser l’accès au procès.

Clément Boursin ajoute « Personne n’est dupe. Il s’agit d’un procès politique. Cet acharnement judiciaire a pour unique but de restreindre l’espace de la liberté d’expression, de réunion et d’association, et d’étouffer tout mouvement contestataire au sein de la jeunesse angolaise. » 

« C’est une parodie de justice : on détient et juge des personnes pour une activité démocratique, et aucune enquête n’est ouverte pour les tortures qu’elles ont subi en détention. » Ces jeunes opposants ont été à l’origine de plusieurs manifestations et rassemblements dans la capitale Luanda appelant, dès 2011, à l’alternance politique dans leurs pays [2]. Depuis lors, ils ont été pris pour cible à de nombreuses reprises par des militants pro-régime et par les autorités elles-mêmes. Au cours des quatre dernières années, l’engagement et les convictions de Luaty Beirao lui ont ainsi valu diverses attaques à son domicile, agressions en pleine rue, menaces auprès de sa famille, passages à tabac et arrestations. Il en est de même pour ses camarades.

 

Contact presse :

Clément Boursin, 01 40 40 02 11 clement.boursin@acatfrance.fr ou Pierre Motin, 06 12 12 63 94 pierre.motin@acatfrance.fr

 

 

Note aux rédactions :

[1] Pour plus d’informations sur les tortures subies par trois des accusés : http://www.acatfrance.fr/actualite/trois-jeunes-activistes-tortures-en-prison-  

[2] Le président angolais José Eduardo Dos Santos est au pouvoir depuis 1979

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