Lara Fabian, vitrine d'un régime tortionnaire ?
Sauf nouveau souci de santé, Lara Fabian donnera un concert en Ouzbékistan ce dimanche 27 octobre dans le cadre d’un festival organisé par Gulnara Karimova, la fille du dictateur ouzbek. L’ACAT dénonce cette proximité avec un des régimes les plus répressifs au monde.
« En Ouzbékistan, la liberté d’expression est réduite à néant, le moindre courant dissident est réprimé, les opposants, les journalistes et les défenseurs des droits de l’homme sont emprisonnés et torturés parfois jusqu’à la mort [1] » indique Christine Laroque, responsable des programmes Asie à l’ACAT. « Mukhammed Begjanov, un opposant politique emprisonné depuis 15 ans et sévèrement torturé, nous indiquait récemment qu’il pensait ne pas survivre à son incarcération. Son état de santé est dramatique », continue Christine Laroque.
Tandis que meurent en prison ceux qui ont élevé leur voix pour la liberté, Lara Fabian va clôturer le festival annuel Style.uz Art Week à Tashkent, un évènement créé en 2006 par Gulnara Karimova, la fille du président Islam Karimov, visant à redorer l’image du pays et à promouvoir le régime du père, au pouvoir depuis près d’un quart de siècle. Des stars internationales sont invitées à y chanter lors de cérémonies dont le prix des billets équivaut à plus de 45 fois le salaire moyen des citoyens ouzbeks. En 2009, Sting, qui aurait reçu 2,4 millions d’euros pour sa participation, avait été vivement critiqué.
Le bilan dramatique des droits de l’homme en Ouzbékistan est notoire. Les personnalités invitées dans le pays ne peuvent l’ignorer.
L’usage de la torture en particulier demeure systématique : suspension par les mains, coups de matraque, passages à tabac, brûlures, maintien dans des cellules où la température est très élevée, exposition nu pendant plusieurs heures dans le froid glacial, privation de nourriture, d’eau, de vêtements, de soins médicaux… Une situation que nul ne peut dénoncer sans risquer de subir un traitement comparable. Même le Comité international de la Croix Rouge a été contraint d’arrêter ses visites en détention, il y a quelque mois, ne pouvant plus travailler dans des conditions acceptables. Par ailleurs, les autorités refusent toujours de rendre justice aux victimes du massacre d’Andijan en 2005, au cours duquel les forces gouvernementales ont tué des centaines de manifestants pacifiques.
Tandis que des enfants travaillent de force dans les champs, en cette saison de ramassage du coton en Ouzbékistan, Lara Fabian, par ailleurs marraine de l’UNICEF, compromet sérieusement les engagements et valeurs de l’organisation qu’elle représente en répondant à son tour à cette invitation. « Si elle maintient con concert, elle devrait alors avoir le courage d’appeler au respect des droits de l’homme dans le pays », conclut Christine Laroque.
Contact presse :
Christine Laroque, 01 40 40 74 09 / christine.laroque@acatfrance.fr
Note aux rédactions :
[1] L’ACAT avait consacré une partie de son rapport « Un monde tortionnaire » à l’Ouzbékistan en 2010