27 ans après Tian’anmen, l’impunité et la répression persistent
Le 4 juin 1989, des centaines de citoyens qui manifestaient de manière pacifique ont été massacrés sur la place Tian'anmen. Dans les jours qui ont suivi, des centaines de personnes ont été victimes de la répression ; arrestations et détentions arbitraires, torture, mauvais traitements, etc. 27 ans plus tard, les autorités continuent de nier la responsabilité du gouvernement dans le massacre, les meurtres, les arrestations et détentions arbitraires qui s’en sont suivies et toute commémoration est systématiquement interdite et réprimée. Depuis 2013, la répression s’intensifie.
À partir du 15 avril 1989, des étudiants, des ouvriers ont commencé à manifester régulièrement de manière pacifique sur la place Tien’anmen à Pékin et dans plusieurs autres villes du pays dont Shanghai pour dénoncer la corruption et demander des réformes politiques et démocratiques. Le 20 mai 1989, dans l’objectif de mettre fin à toute revendication, l’État a instauré la loi martiale. Environ 200 000 militaires et des chars ont été dépêchés pour reprendre le contrôle de la ville de Pékin. Les 3 et 4 juin, l’armée ouvre le feu sur la place Tien’anmen faisant plusieurs centaines de morts et de blessés. Le gouvernement a ensuite mis en œuvre une vaste campagne de répression nationale et arrêté des milliers de personnes.
Depuis, les militants, les survivants, les familles et proches de disparus ou de survivants se voient systématiquement interdits de marquer cette occasion. Le militant Yu Shiwen est détenu depuis juillet 2014 pour avoir commémoré le massacre. Les autorités refusent toute commémoration des événements et n’hésitent pas à employer tous les moyens pour faire taire ceux qui évoqueraient la répression. Ainsi, cette année encore plusieurs militants ont été arrêtés et sont détenus arbitrairement depuis plus d’une semaine. D’autres ont été placés en résidence surveillée comme Ding Zilin, membre fondatrice des mères de Tiananmen, ou contraints par les autorités de quitter Pékin.
Le 21 novembre 2008, le Comité contre la torture des Nations Unies exhortait la Chine à présenter ses excuses, à libérer les dissidents encore emprisonnés et à diligenter une enquête sur les évènements survenus en marge des manifestations.
Depuis 1989, si la Chine a ratifié de nombreuses conventions internationales de protection des droits de l’Homme, le gouvernement continue néanmoins d’exercer un contrôle strict sur l’exercice des libertés fondamentales. En mars 2013, l’arrivée de Xi Jinping au pouvoir a marqué une intensification dans la répression. De nouvelles lois particulièrement restrictives des libertés fondamentales ont été adoptées et des centaines d’avocats défense des droits de l’Homme ou de membres ou représentants d’organisations de la société civile ont été arrêtés, détenus, mis en résidence surveillée.
Selon Julia Bourbon, responsable Asie à l’ACAT, « la Chine doit respecter ses obligations internationales en matière de droits de l’Homme et mettre fin à toute forme de répression, y compris à la torture et aux mauvais traitements et lutter contre l’impunité des graves violations des droits de l’Homme commises dans le passé et qui persistent aujourd’hui ».
Contact presse :
Pierre Motin, 01 40 40 99 69 / 06 12 12 63 94 pierre.motin@acatfrance.fr
Note aux rédactions :
- L’ACAT a publié en janvier 2016 une analyse de la torture en Chine : http://www.acatfrance.fr/public/rt2016-fiche-chine-fr.pdf