La journaliste Zhang Zhan enfin libérée après quatre ans de détention arbitraire
Zhang Zhan, journaliste citoyenne, couvrait la pandémie de Covid-19 dans la région de Wuhan quand elle est arrêtée en mai 2020. Zhang Zhan a été l’une des premières à révéler la réalité de la situation sanitaire due au Covid-19
Dès la fin 2020, elle effectue plusieurs grèves de la faim par intermittence pour protester contre ses conditions de détention, marquées par la torture et les mauvais traitements. Aux dernières nouvelles, son état de santé était très dégradé.
La bonne nouvelle de sa libération, confirmée par des sources proches de l'ACAT-France, ne doit pas faire oublier la répression dont les journalistes font l’objet en Chine.
Le cas de Zhang Zhan a été largement médiatisé à l’international et l’ACAT-France s’est fortement mobilisée pour sa libération. Pour cause : la détention de Zhang Zhan incarne l’arbitraire des autorités chinoises envers toute personne qui ose porter une parole différente de celle du Parti communiste, en particulier les journalistes.
Une détention inique
Les conditions de détention de Zhang Zhan étaient en violation au droit fondamental à un procès équitable à plusieurs niveaux :
➡️ Elle n’a reçu aucune visite de son avocat après fin 2020
➡️ Elle n’a pu s’entretenir avec sa famille qu’à deux reprises, en février 2021 puis en janvier 2022
➡️ Par la suite, les seules nouvelles que sa famille a pu obtenir ont été limitées à une courte lettre que Zhang Zhan leur a fait parvenir en décembre 2022 et que son frère a diffusé publiquement sur internet
Des conditions de détention cruelles
Selon les informations recueillies par l’ACAT-France, lorsqu’elle était détenue au centre de Pudong New, Zhang Zhan :
➡️ a été nourrie de force par les autorités pénitentiaires à l’aide d’un tube d’alimentation
➡️ a été attachée et a eu les mains liées pendant six mois
Elle a de nouveau subi ces actes de torture et ces mauvais traitements à l’hôpital pénitentiaire de la prison des femmes de Shanghaï.Ces pratiques sont en violation de l’ensemble des règles minima des Nations unies pour le traitement des détenus (les « Règles Mandela »).
Pour aller plus loin : une libération sous tension.
Selon nos informations, la famille de Zhang Zhan a subi des pressions de la part des autorités chinoises pour la dissuader d’accorder des interviews à la presse. Au moins un ou une activiste a été convoqué par la police pour s’être exprimé(e) publiquement sur la libération de Zhang Zhan. Une autre personne a été empêchée de se rendre devant la prison pour femmes de Shanghaï pour exprimer sa solidarité. Des circonstances qui ne sont pas sans rappeler la libération de Fang Bin, un autre journaliste citoyen chinois, soutenu par l’ACAT-France, qui avait également documenté la pandémie de Covid-19 et dont les nouvelles sont parvenues très tardivement au grand public. |
Zhang Zhan doit être urgemment examinée et soignée
L’état de santé de Zhang Zhan s’est rapidement dégradé, dès le début de sa détention. Quatre ans après, les dernières nouvelles demeuraient inquiétantes car Zhang Zhan semblait avoir perdu beaucoup de poids. Il ne semble pas qu’elle ait pu accéder aux soinsque son état nécessitait.
Il faut garantir à Zhang Zhan un bilan de santé indépendant, dès sa libération. Zhang Zhan doit recevoir les soins nécessaires, en étant auprès de ses proches.
La vigilance demeure
Même une fois libérée, Zhang Zhan pourra faire l’objet d’une surveillance accrue des autorités chinoises. Il n’est pas non plus certain qu’elle puisse retourner parmi les siens. De nombreux militants chinois détenus arbitrairement sont morts peu de temps après leur libération, comme ce fut le cas de l’écrivain Yang Tianshui ou du moine tibétain Tenzin Nyima.
Alors que Xi Jinping s’est récemment rendu en visite en France, les 6 et 7 mai, la question des répressions en Chine n’a pas été abordée avec Emmanuel Macron. Aux abonnés absents de ce dialogue avec la France, les droits de l’Homme sont pourtant plus que jamais menacés dans le pays : la société civile a un rôle primordial à jouer pour porter la voix de tous les défenseuses et défenseurs condamnés injustement.
Pour toutes celles et ceux qui, comme Zhang Zhan, ont été arbitrairement détenus pour le simple fait d’avoir voulu informer.