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Détention arbitraire de dix manifestants cabindais

Alfredo Duda, Antonio Marcos Soqui, Daniel de Oliveira, Eduardo Muindo, Filomao Futi, Filipe Macaia, Mauricio Chocolate Tati, Mauricio Ngimbi, Maria Mabo Deca et Alberto Puna sont arbitrairement détenus depuis quatre mois au Cabinda pour avoir manifesté pacifiquement. Ils ne sont officiellement inculpés d’aucun délit.
Yabi_Prison_Cabinda

Alfredo Duda, Antonio Marcos Soqui, Daniel de Oliveira, Eduardo Muindo, Filomao Futi, Filipe Macaia, Mauricio Chocolate Tati, Mauricio Ngimbi, Maria Mabo Deca et Alberto Puna sont arbitrairement détenus depuis quatre mois au Cabinda pour avoir manifesté pacifiquement. Ils ne sont officiellement inculpés d’aucun délit.

 

Alfredo Duda, Antonio Marcos Soqui, Daniel de Oliveira, Eduardo Muindo, Filomao Futi, Filipe Macaia, Mauricio Chocolate Tati, Mauricio Ngimbi ont été arrêtés le 29 janvier 2019 – avec douze autres personnes – alors qu’ils réclamaient pacifiquement, devant le bâtiment du service des enquêtes criminelles, la libération de huit jeunes militants du Mouvement indépendantiste du Cabinda (MIC) – organisation de jeunes cabindais créée en 2017 (non reconnue par les autorités) – arrêtés la veille. Ces jeunes préparaient des tracts et des banderoles pour la manifestation du 1er février 2019 célébrant le 134ème anniversaire de la signature du traité de Simulambuco qui confère au territoire de Cabinda le statut de protectorat de la couronne portugaise (un statut autre que celui de l’Angola).

Maria Mabo Deca et Alberto Puna ont été arrêtés, le 1er février 2019, dans les rues de Cabinda. Plus d’une trentaine d’autres personnes ont été interpellés au cours de cette manifestation interdite par les autorités.

Les neufs hommes sont détenus à la prison civile de la province de Cabinda tandis que Maria Mabo Deca est emprisonnée à la prison de Yabi. Ils font l’objet d’une enquête, depuis quatre mois, pour « association de malfaiteurs, rébellion, outrage à l’État, troubles à l’ordre public, résistance ».

 

Vous voulez soutenir ces dix personnes arbitrairement détenues ?

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CONTEXTE

 

« Depuis plus d’un demi-siècle, dans l’indifférence quasi générale des médias et de la communauté internationale, un conflit larvé perdure au Cabinda, petit territoire angolais enclavé entre le Congo-Brazzaville et la République démocratique du Congo »[1]. La province angolaise du Cabinda, surnommée le « Koweït africain » du fait de ses vastes ressources pétrolières, abrite l’un des rares mouvements de libération toujours actifs depuis les luttes d’indépendance des années 60 : le Front de libération de l’enclave du Cabinda (FLEC). Le FLEC est né en 1963 pour lutter contre le colonisateur portugais. En septembre 1974, le Mouvement populaire de libération de l'Angola (MPLA) – un mouvement de libération angolais – prend pied dans l’enclave du Cabinda avec l’aide des troupes cubaines et déclare que ce territoire fera « partie intégrante » du futur état angolais indépendant. Le FLEC change alors d’adversaire à partir de 1975 : l’ennemi devient l’Angola. Après plus de vingt-cinq ans d’un conflit de basse intensité, après avoir perdu ses alliés au Congo, au Zaïre et des aides ponctuelles occidentales, le FLEC essuie plusieurs revers militaires importants au début des années 2000 ce qui pousse de nombreux cadres à s’exiler. En juillet 2003, l’association Mpalabanda (Associação cívica de Cabinda) est créée. La lutte armée laisse place à la mobilisation citoyenne. L’association Mpalabanda, symbole d’une nouvelle manière de faire de la résistance au Cabinda, se retrouve rapidement dans la ligne de mire des autorités angolaises, particulièrement à cause de ses rapports accablants qui détaillent les exactions commises par les Forces armées angolaises (FAA) et le FLEC. En juillet 2004, à Tshiowa, Mpalabanda réussit à faire descendre dans les rues des dizaines de milliers de Cabindais avec des slogans tels que « le peuple veut la paix » et « dialogue tout de suite ». Les autorités angolaises prennent peur et décident d’interdire l’organisation en juin 2006, sous prétexte de liens avec le FLEC. Cette interdiction met durablement à mal la mobilisation de la société civile cabindaise sur les sujets relatifs aux droits civils et politiques. En 2017, des jeunes Cabindais décident de créer le MIC pour continuer de manière pacifique la lutte pour l’autodétermination du peuple cabindais.

 

[1] « Histoire d’une guérilla fantôme. Le(s) Front(s) de libération de l’enclave du Cabinda », Joseph Figueira Martin, IFRI en janvier 2017, https://www.ifri.org/sites/default/files/atoms/files/figueira_martin_guerilla_cabinda_2017.pdf

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