Pas d'amélioration pour retrouver deux jeunes disparus
Adrián Favela Márquez et Adriel Ávila Barrios ont disparu depuis plus de trois ans. La voisine et tante d’Adrián met en cause des agents de la police judiciaire de l’État de Chihuahua. Pourtant ce sont la police et le ministère public de Chihuahua qui mènent l’enquête. Éminemment partiaux, ils font obstruction. Les proches des disparus demandent donc au Parquet fédéral de reprendre l’affaire.
Le 2 octobre 2012 vers 5 heures 10, à Ciudad Juárez, des hommes en civil, armés de fusils, ont forcé l’entrée du domicile d’Adrián où les deux amis dormaient. Ils les ont frappés puis fait sortir avec leur chemise sur le visage et pieds nus et les ont contraints à monter dans une voiture. D’après la tante d’Adrián, ces hommes se sont présentés en tant qu’agents de la police judiciaire de Chihuahua et n’ont montré aucun mandat d’arrêt.
Ces autorités n’ont jamais reconnu détenir les jeunes hommes. La disparition a été enregistrée, mais le témoignage de la tante accréditant une disparition forcée a été laissé de côté. L’enquête a été confiée à la police et au ministère public de Chihuahua incriminés par ce témoignage et qui bien sûr n’ont rien fait.
En décembre 2015, le ministère public de Chihuahua a finalement accepté des recherches dans la zone désertique du sud de la ville mais il n’a pas autorisé la participation de l’ONG Centre des droits de l’homme Paso del Norte, partenaire de l’ACAT, qui appuie juridiquement les familles. L’opération n’a rien donné.
Face à l’incompétence et à la partialité des autorités de Chihuahua, les familles des disparus demandent au Parquet fédéral de se saisir de l’affaire.
Contexte
Les ravages de la « guerre contre le crime »
À son arrivée au pouvoir en décembre 2006, le président Felipe Calderón a déclaré la guerre à la délinquance organisée. D’une manière générale, les forces de l’ordre et l’appareil judiciaire ont procédé à des arrestations et condamnations massives en recourant à l’extorsion d’aveux et aux preuves illicites. Le bilan de la guerre de Calderón s’élève à des dizaines de milliers de personnes exécutées, disparues, déplacées et torturées. L’arrivée au pouvoir du président Enrique Peña Nieto, en décembre 2012, n’a pas changé la donne.
Des milliers de « disparus »
On parle de disparition forcée lorsqu’une personne est arrêtée, détenue, enlevée par des agents de l’État ou par des individus privés avec le consentement tacite ou exprès des autorités, et que ces dernières refusent de reconnaître cette privation de liberté ou dissimulent le sort de la personne disparue et le lieu où elle se trouve. Soustraites à la protection de la loi et extraites de la société, les personnes disparues sont à la merci de leurs ravisseurs, souvent torturées, constamment menacées de mort. La famille des personnes disparues subit également une forme de torture psychologique. Elle est victime au même titre que les personnes disparues.
Le gouvernement mexicain refuse de reconnaître le recours aux disparitions forcées et se contente d’évoquer des personnes dont on a perdu la trace. Il incrimine les bandes criminelles sans mener d’enquête sérieuse pour établir qui sont réellement les auteurs de l’enlèvement, notamment si des agents de l’État sont impliqués, et sans rechercher efficacement les victimes.
27 638 disparitions (forcées ou liées à des enlèvements par des personnes privées) ont été reconnues officiellement de fin 2006 à décembre 2015. 1 698 ont été officiellement répertoriées à Chihuahua jusqu’à présent, 34 hommes et 11 garçons mineurs ont disparu depuis le début de l’année 2016.
L’ACAT a déjà mené plusieurs actions en faveur d’Adrián Favela Marquez et Adriel Avila Barrios.
Vous voulez agir en faveur de proches des disparus Adrián Favela Márquez et Adriel Ávila Barrios, envoyez cette lettre aux autorités mexicaines.