La défenseure mexicaine des droits humains Kenia Hernández coordonne le collectif Zapata Vive qui lutte pour le droit à la terre et résiste pacifiquement aux modèles de développement néolibéraux de l’État mexicain.
Victime d’un harcèlement judiciaire
Kenia Hernández a été arrêtée arbitrairement pour la première fois en juin 2020 lors d’une mani festation pacifique et inculpée pour « vol qualifié ». En octobre 2020, elle a été arrêtée une se conde fois par une vingtaine de policiers à un péage et accusée de « vol avec violence », infraction passible d’une peine de 18 ans d’emprisonnement.
Le 25 octobre 2020 le parquet général a demandé qu’un nouveau mandat d’arrêt soit émis pour le crime « d’attaques contre les voies de communication générales » car elle avait demandé le libre passage sur les autoroutes du pays. Pour les avocats de Kenia, cette campagne judiciaire est orchestrée par des acteurs corporatifs et les autorités locales en raison de ses engagements. Elle est actuellement en détention provisoire.
Une audience commencée le 13 mai 2021 et reportée au 27 mai suite à une demande d’inter prète pour qu’elle puisse s’exprimer dans sa langue maternelle a pu finalement avoir lieu. Cette audience n’a cependant apporté aucun nouvel élément sur son dossier. Une nouvelle date doit être fixée prochainement, prolongeant d’autant plus sa détention arbitraire.
Ses avocats dénoncent les échanges qui ont eu lieu lors de l’audience du 13 mai marquée par les déclarations du juge affirmant que sa détention était justifiée car elle « manifeste trop » et que son genre ne devait pas être pris en considération car elle n’est « pas soumise ». Le juge a également questionné sa volonté de s’exprimer dans sa langue alors qu’elle a été scolarisée en espagnol. Les propos du juge ont été dénoncés comme un symbole du racisme à l’égard des minorités indigènes dans le pays et à l’encontre des femmes.
Un état de santé alarmant
Dès le 1er avril 2021 Kenia Hernández a informé un juge de la dégradation de son état de santé liée à de mauvaises conditions de détention. Le 17 mai 2021 elle a débuté une grève de la faim pour protester contre son incarcération, mais y a mis fin le 27 mai après avoir obtenu l’autorisation de s’exprimer dans sa langue maternelle au cours des audiences. L’ACAT-France, sensible au combat de Kenia Hernández, demande sa libération et l’arrêt du harcèlement judiciaire dont elle est victime en tant que défenseure des droits, femme et autochtone.