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Tchad : Succès Masra, opposant politique condamné à 20 ans de prison lors d’un procès expéditif.

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Le 9 août 2025, le tribunal pénal de N’Djamena a condamné Succès Masra, ancien Premier ministre du Tchad et principal dirigeant de l’opposition, à 20 ans de prison, assorti d’une amende d’un milliard de francs CFA (soit environ 1,5 million d’euros). Cette décision a été rendue à l’issue d’un procès expéditif et dans un climat de restriction des libertés fondamentales.

Une arrestation opaque dans un climat de répression politique

Succès Masra, le dirigeant du principal parti d’opposition au Tchad, Les Transformateurs, et ancien premier ministre, a été arrêté à son domicile de N’Djamena le 16 mai 2025. Il est alors accusé d’ « incitation à la haine et à la révolte » dans le cadre de violences intercommunautaires survenues deux jours auparavant, à Mandakao, dans le sud-ouest du pays, et ayant causé plus de 40 morts. Pour incriminer Succès Masra dans cette affaire, la justice tchadienne a mis en avant un de ses discours de 2023, en langue ngambaye, en faveur du port d’armes comme moyen d’autodéfense : « Apprenons-nous les uns et les autres à utiliser une arme à feu. Que ce soit fille ou garçon, que ce soit homme ou femme (…) soyons tous des boucliers protecteurs ».

Un procès expéditif sur la base de propos sortis de leur contexte

Le tribunal pénal de N’Djamena a instrumentalisé ce discours de 2023 pour le lier aux violences intercommunautaires de Mandakao de 2025. Après environ trois mois de détention provisoire, le procès de Succès Masra s’est ouvert le 6 août 2025 dans ce qui s’apparente à une procédure judiciaire accélérée. Après seulement quatre jours de procès, sur la base de ce seul discours de 2023, qui n’avait jamais fait parler de lui auparavant, Succès Masra a été reconnu coupable, le 9 août 2025, de « diffusion de messages à caractère haineux et xénophobe » et de « complicité de meurtre » et condamné à 20 ans de prison ainsi qu’à une amende d’un milliard de francs CFA (environ 1,5 million d’euros). Succès Masra était jugé aux côtés de 74 autres personnes accusées de collaboration dans les tueries de Mandakao.

Une volonté de faire taire une voix critique

Ce procès, qui intervient dans un contexte plus large de rétrécissement de l’espace politique dans le pays, illustre l’intolérance du gouvernement tchadien à l’égard de l’opposition et de toute voix critique. La condamnation de Succès Masra permet au pouvoir en place de faire taire l’un des principaux opposants au président Mahamat Idriss Déby Itno, élu en mai 2024 à la suite d’une mascarade électorale. Les avocats de Succès Masra considèrent que le dossier est vide et ont décidé de faire appel.

Contexte

Depuis l’accession au pouvoir, de manière inconstitutionnelle, de Mahamat Idriss Déby Itno en avril 2021, à la suite de la mort de son père Idriss Déby Itno, après trente années de règne sans partage, le Tchad connaît un nouvel épisode de répression politique accrue : dissolutions de partis, arrestations ciblées et violences d’État se multiplient pour museler toute contestation et voix critiques au sein de la société tchadienne. Le procès en août 2025 de Succès Masra, figure majeure de l’opposition, illustre cette dérive autoritaire et marque une étape inquiétante dans le recul des droits civils et politiques au Tchad.

Succès Masra, un économiste, ancien fonctionnaire international

Économiste formé à Sciences Po Paris et à la Sorbonne, ancien cadre de la Banque africaine de développement (BAD), Succès Masra, né en 1983, fonde en 2018 le parti Les Transformateurs afin de proposer une alternative politique au Tchad. Sa popularité, forte notamment dans le Sud du pays à majorité chrétienne et animiste, d’où il est originaire, en fait rapidement un adversaire redouté du régime. D’abord opposé à Idriss Déby Itno, il s’oppose ensuite à son fils Mahamat, porté au pouvoir par l’armée en avril 2021.

Un exil temporaire à la suite du massacre du 20 octobre 2022

La répression atteint un paroxysme le 20 octobre 2022, lorsque les forces de défense et de sécurité tchadiennes ouvrent le feu sur des manifestants pacifiques qui dénonçaient la prolongation de la transition militaire. Plusieurs centaines de jeunes sont tués dans plusieurs villes du pays. Contraint à l’exil, Succès Masra ne revient qu’en novembre 2023, grâce à un accord de médiation conclu à Kinshasa sous l’égide du président congolais Félix Tshisekedi, facilitateur de la Communauté économique des États d’Afrique centrale (CEEAC) dans la transition tchadienne. Nommé premier ministre en janvier 2024, en contrepartie d’une loi d’amnistie relative au massacre du 20 octobre 2022, Succès Masra démissionne finalement de son poste en mai 2024 après avoir dénoncé le scrutin présidentiel de mai 2025, frauduleux selon lui, qui maintient Mahamat Idriss Déby Itno au pouvoir avec 61% des voix. Succès Masra est quant à lui accrédité de 18,54% des voix.

Une condamnation comme symbole de l’effondrement de l’État de droit

En mai 2025, le régime au pouvoir trouve un prétexte pour faire arrêter Succès Masra. Moins de trois mois après, son procès expéditif – (mené en quatre jours seulement en août 2025) – aboutit à une lourde condamnation de 20 ans de prison, dans un climat où la justice semble instrumentalisée pour éliminer l’opposition. Ce verdict s’inscrit dans une stratégie de verrouillage judiciaire et politique, renforçant la mainmise du régime sur les institutions et accentuant la marginalisation des voix dissidentes.

Cette affaire dépasse le seul cas de Succès Masra : elle révèle l’effondrement du pseudo État de droit au Tchad et la dérive autoritaire d’un pouvoir qui cherche à étouffer toute alternative démocratique. Dans cette affaire, les partenaires occidentaux restent apathiques de peur de perdre leurs influences déjà fortement diminuées face aux Emirats arabes unis (EAU) et la Turquie, et de peur de voir l’ogre russe prendre place comme dans plusieurs pays voisins.

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