Dans le monde – En Russie, la répression des opposants au régime poutinien et à la guerre en Ukraine ne faiblit pas. Dans ce contexte, l’association Mémorial-France continue de soutenir les prisonniers politiques à travers son programme de correspondance, avec lequel l’ACAT-France a récemment noué un partenariat.
Six ans de prison. Lorsqu’il apprend sa condamnation par un tribunal militaire de Saint-Pétersbourg le 22 novembre 2023, Egor Balazeïkine n’est âgé que de 17 ans. En février de la même année, il avait été arrêté pour avoir jeté un cocktail molotov sur un bâtiment de recrutement militaire dans la ville de Kirvosk, en signe de protestation contre la guerre en Ukraine, après la mort de son oncle au front.
Reconnu coupable de « tentative d’acte terroriste », il purge aujourd’hui sa peine dans une colonie pénitentiaire où son état de santé se dégrade rapidement. Souffrant d’une hépatite auto-immune depuis l’âge de huit ans, sa maladie s’aggrave en raison de conditions de détentions difficiles et d’absence de soins adaptés.
« Personne n’est en sécurité »
L’incarcération d’Egor alors qu’il était encore mineur est symptomatique de la répression russe envers les opposants au régime poutinien et à la guerre en Ukraine. « En Russie, il est impossible de se prononcer contre la guerre : chaque mot peut amener en prison » décrit Natalia Morozova, juriste et co-présidente de Mémorial Centre de défense des droits humains, entité membre de Mémorial-France.
Depuis le début de l’invasion de la Russie en Ukraine, le système répressif russe ne faiblit pas et s’attaque à toutes les voix contestataires sans discernement. « Le régime est sans cesse à la recherche de nouvelles victimes, poursuit Natalia Morozova. Après avoir emprisonné les opposants politiques les plus connus et les plus actifs, il s’attaque désormais à des personnes lambdas, de tous âges et de toutes classes sociales dont le seul tort est de critiquer le pouvoir. Chaque mois, le nombre de prisonniers politiques s’accroît avec des peines de plus en plus graves. »
Une stratégie autoritaire qui permet à la fois au pouvoir russe de maintenir un climat de terreur dans la population afin que « personne ne se sente en sécurité » souligne Natalia Morozova, et de servir les intérêts militaires du pays : « La Russie a besoin de soldats sur le front, développe la juriste, et les autorités espèrent que les prisonniers politiques feront office de chair à canon. »
Écrire, soutenir
C’est dans ce contexte que Mémorial-France continue de dénoncer les violations des droits humains en Russie et de soutenir les prisonniers politiques. L’association propose un programme historique de correspondance avec les prisonniers. Depuis 2023, des ateliers bénévoles d’écriture de lettres sont organisés dans plusieurs villes de France, incitant le plus grand nombre à correspondre avec les détenus.
« Les prisonniers sont isolés, privés de nouvelles de leur proches et attristés par leur condition. Beaucoup témoignent de l’importance de lire une lettre qui leur est adressée : cela peut les sauver psychologiquement », relate Katia Zhdanova, coordinatrice du programme de correspondance de Mémorial-France. « Aussi, le fait de voir arriver des lettres du monde entier agit comme une pression sur la direction pénitentiaire et incite cette dernière à respecter les détenus », ajoute Natalia Morozova.
En mars 2025, l’ACAT-France s’est associée au programme de correspondance de Mémorial-France afin de permettre à ses adhérents d’adresser des lettres aux prisonniers russes. Lors de la Nuit des Veilleurs 2025, ce sont ainsi près de 1000 lettres de soutien qui ont été envoyées à Egor Balazeïkine.