Contexte
Depuis le coup d’État de 2021, la Birmanie est plongée dans une crise profonde, marquée par des répressions sanglantes, des arrestations arbitraires et injustes, ainsi que des exécutions et des condamnations à mort. Sous le joug d’une dictature, le peuple birman fait face à une précarité alarmante sur les plans sécuritaire, alimentaire et sanitaire.
En 2024, l’ONU estime à plus de 18 millions les personnes ayant besoin d’aide humanitaire, dont 6 millions d’enfants. Environ 2,6 millions de personnes ont été déplacées à travers le pays, et plus de 70 000 maisons ont été incendiées. De plus, 20 000 prisonniers politiques demeurent derrière les barreaux, tandis que la junte intensifie l’utilisation des attaques aériennes.
Situation des droits humains en Birmanie
Dans un pays où les bouddhistes représentent 90 % de la population, les musulmans de l’ethnie Rohingya subissent de nombreuses discriminations. Privés de nationalité depuis 1982, ils ont fait l’objet d’un véritable nettoyage ethnique dans l’État d’Arakan. Les autorités ont participé aux attaques menées par des extrémistes bouddhistes contre des communautés musulmanes, entrainant la mort de centaines de personnes, la destruction de villages entiers et le déplacement forcé de plus de 140 000 personnes. Les femmes issues de minorités ethniques sont victimes de viol, utilisé de façon systématique comme arme de guerre. En dépit de rares témoignages et statistiques, la réalité de ce crime a été documentée depuis 1996 par de nombreuses ONG et par les Nations unies.
Pratique de la torture
Aujourd’hui encore, la torture et les mauvais traitements constituent un problème endémique en Birmanie. Ils sont le plus souvent employés dans les postes de police et les prisons, contre les prisonniers politiques et de droit commun, ainsi que dans les zones de conflit entre groupes ethniques et armée. Toute personne qui critique le gouvernement risque d’être arrêtée, torturée ou même sommairement exécutée. Durant les interrogatoires, presque tous les prisonniers sont frappés, essentiellement pour fournir des aveux.
La torture peut aussi avoir pour objectif d’instiller la peur et la suspicion. Exercée sur le corps d’un individu, elle vise en réalité des communautés entières pour intimider tous ceux tentés de s’opposer au gouvernement. Dans les zones peuplées de minorités ethniques, l’usage de la violence fait partie d’une stratégie délibérée pour maintenir les populations en état de prostration.
État de la peine de mort en Birmanie
En 2022, la Birmanie a été marquée par une reprise des exécutions capitales, après plus de trente ans d’un abolitionnisme de fait. La peine de mort est une mesure extrême, une violation du droit à la vie, une peine cruelle, inhumaine et dégradante : en reprenant les exécutions capitales, pour la première fois depuis plus de trente ans en Birmanie, la junte militaire au pouvoir assoit son régime arbitraire. C’est une mesure utilisée pour réduire le peuple et les élans de résistance au silence, car elle cible souvent les personnes considérées comme opposantes au régime. Ces condamnations font suite à des procès inéquitables tenus à huis clos. Il n’est donc pas exclu que d’autres exécutions aient eu lieu. Aussi, l’incertitude demeure quant aux modalités futures du recours à la peine de mort dans le pays.
La Birmanie en chiffres.
Sources des chiffres clés :
peinedemort.org
prio.org
ACAT-France