Bonne nouvelle – Le 20 novembre 2025, cinq défenseurs communautaires maya-tseltal de San Juan Cancuc, détenus arbitrairement depuis mai 2022, ont été libérés après plus de trois ans d’emprisonnement. Leur libération fait suite à une décision favorable sur leurs recours en amparo. Condamnés à près de 19 ans de prison pour un crime qu’ils n’avaient pas commis, ils avaient bénéficié du soutien de l’ACAT-France et de plusieurs organisations internationales dans une lettre ouverte adressée à l’État mexicain.
Des militants du droit à la terre s’opposant à l’extractivisme
Manuel Sántiz Cruz, Agustín Pérez Domínguez, Juan Velasco Aguilar, Martín Pérez Domínguez et Agustín Pérez Velasco sont des défenseurs de l’environnement engagés contre la construction de l’autoroute San Cristóbal de Las Casas – Palenque et la militarisation du Chiapas. Manuel Sántiz Cruz, Agustín Pérez Domínguez et Juan Velasco Aguilar ont été arrêtés le 29 mai 2022, tandis que Martín Pérez Domínguez et Agustín Pérez Velasco l’ont été le 1er juin de la même année. Ils ont été détenus respectivement pendant 1 272 et 1 269 jours. Leurs arrestations ont eu lieu dans le cadre d’une opération conjointe de l’État mexicain, de la Garde nationale et de la police municipale. Ils ont été accusés à tort et condamnés, malgré l’absence de preuves crédibles. Leur procès a été marqué par des irrégularités, incluant la fabrication de charges et l’isolement de certains d’entre eux, considéré comme une forme de disparition forcée.
Une reconnaissance de détention arbitraire par les Nations Unies
Trois ans après leur arrestation, le Centre des droits de l’homme Fray Bartolomé de Las Casas (Frayba), partenaire de l’ACAT-France, a obtenu la reconnaissance par le groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire que ces défenseurs étaient détenus sans justification pour leurs activités de défense des droits humains. Dans son avis n° 21/2025 publié en mai 2025, les experts des Nations Unies reconnaissent que les cinq défenseurs du territoire ont été arrêtés de manière arbitraire. L’État mexicain a été sommé de libérer les défenseurs et de réparer les dommages causés par leur détention.
Une victoire qui ne doit pas occulter la situation des défenseurs au Chiapas
Dans un communiqué du 22 novembre 2025, le Centre Frayba a remercié la solidarité de toutes les personnes et organisations, y compris l’ACAT-France, qui ont soutenu leur libération. « Aujourd’hui, nos camarades sont libres, et nous les accueillons avec l’énergie collective qui brise les chaînes de l’oppression », a déclaré l’organisation.
Cependant, cette victoire ne doit pas masquer la situation préoccupante des défenseurs des droits de la terre au Chiapas, où la violence armée, les déplacements et les disparitions forcées sont en augmentation. Les défenseurs, en particulier ceux issus des communautés autochtones, sont particulièrement vulnérables aux menaces et attaques. Il est impératif que l’État mexicain respecte ses obligations internationales pour garantir la sécurité des défenseurs des droits humains et leur permettre de mener à bien leur travail sans crainte de représailles.
Avec la décision du Tribunal, les cinq défenseurs retournent désormais dans leurs communautés après plus de trois ans de lutte légale et d’accompagnement social.