Remise du prix des droits humains de la Fondation ACAT à Maria Favela Márquez, défenseure mexicaine
María n’a jamais cessé de lutter pour retrouver son fils et son ami enlevés de force à son domicile le 2 octobre 2012. Son combat est emblématique de tous ces proches de victimes au Mexique qui, au péril de leur vie, sont obligés de suppléer à la négligence des autorités en tentant de faire avancer les enquêtes et de retrouver les disparus par eux-mêmes.
En remettant son prix à Maria, la Fondation ACAT entend lui donner une reconnaissance de son statut de victime et de défenseure des droits humains dans un contexte particulièrement violent et dangereux.
À travers elle, ce prix récompense également le Collectif « Familles unies pour la vérité et la justice » - dont Maria est l’une des porte-paroles - et le Centre des droits humains Paso del Norte (CDPHN), partenaire de l’ACAT depuis 2011, pour leur travail aux côtés des victimes de disparitions forcées et pour éradiquer ce fléau au Mexique.
Les institutions politiques françaises ont un rôle à jouer
Cette semaine, dans le cadre de leur visite en France, Maria et son époux rencontrent des représentants d’instances françaises avec l’espoir que la France encourage le Mexique à appliquer la loi adoptée en 2017 portant sur les disparitions forcées afin que toutes les familles de personnes disparues puissent enfin obtenir justice. Ces visites sont aussi l’occasion pour Maria et son mari Manuel de s’assurer le soutien de la France dans leur quête de justice et de vérité concernant leur fils Adrián.
L’ACAT appelle les autorités françaises à suivre ce cas de près et à s’inquiéter de la sécurité de Maria et de ses proches. Il appartient à la France de mettre la question du respect des droits humains au cœur de sa politique étrangère ainsi que la problématique des enquêtes sur les disparitions forcées au Mexique.
L’ACAT appelle également les députés et sénateurs français à mettre ces questions au cœur de leurs échanges avec leurs homologues mexicains, notamment les dangers que représenterait l’adoption de lois allant dans le sens d’une plus grande militarisation de la police (comme le projet actuel de la Garde nationale), dont on sait qu’elle a largement contribué à l’explosion des violations graves des droits humains.
Contact presse
Mariam Chfiri / ACAT : 01 40 40 40 24 - mariam.chfiri@acatfrance.fr
Note aux rédactions:
40 180… C’est le nombre de disparitions recensées au niveau national depuis 2006 jusqu’à ce début d’année 2019, avec une augmentation de 474 % des cas entre 2007 et octobre 2016. Si ces chiffres officiels sont dramatiques, la réalité l’est plus encore. D’après plusieurs associations mexicaines, les parquets fédéraux et des États fédérés ne communiquent pas l’ensemble des données concernant les plaintes pour disparition.
Par ailleurs, au vu des nombreux témoignages collectés, ces associations estiment qu’en moyenne seules 2 familles sur 10 portent plainte pour la disparition d’un proche, car elles ont peur pour leur sécurité et redoutent la collusion entre criminels et agents de l’État.
Chiffres clés:
- 7 635 plaintes pour torture enregistrées par les Commissions des droits de l’homme nationale et des états fédérés entre 2007 et 2016 ;
- Plus de 200 000 homicides volontaires depuis 2007, avec une nette recrudescence depuis 2016.
- 25 340 homicides en 2017 et un record atteint en 2018 avec 88,7 homicides par jour ;
- 330 000 déplacés internes de 2006 à 2017 du fait de la violence ;
- 41 journalistes assassinés de décembre 2012 à mars 2018, sous la présidence d'Enrique Peña Nieto.
- 7 ont été assassinés en 2018 selon RSF ;
- 161 défenseurs des droits de l’homme assassinés sous la présidence d'Enrique Peña Nieto ;
- Plus de 22 000 féminicides de 2009 à 2018.
Analyses de l’ACAT autour du cas Márquez de Favela