États-Unis
Appel à mobilisation

Condamnés à mort : une recrudescence inquiétante des exécutions.

Six condamnés à mort aux États-Unis, qui correspondent avec des bénévoles de l'ACAT-France, ont été informés de leur date d'exécution pour 2024. En cette Journée mondiale contre la peine de mort, exigeons l'abolition de cette pratique inhumaine !
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Le 09 / 10 / 2024

Des condamnés à mort soutenus par l’ACAT- France, en danger !

Téléchargez la lettre, personnalisez-la avec vos coordonnées et retournez-la par voie postale à la Représentante permanente des États-Unis auprès du Conseil des droits de l'Homme des Nations unies ou par voie électronique à l'Ambassadrice des Etats-Unis en France !

 

 

Aujourd'hui, nous faisons face à une réalité alarmante : les États-Unis connaissent une augmentation préoccupante du nombre d'exécutions, avec une hausse de 33 % entre 2022 et 2023*. En 2024, six personnes soutenues par le programme « Correspondre avec un condamné à mort » de l'ACAT-France ont reçu une date d'exécution, et quatre d’entre elles ont déjà été exécutées. À ce jour, 19 exécutions ont été recensées aux États-Unis en 2024, bien que l'année ne soit pas encore terminée et que d'autres puissent encore avoir lieu.


Parmi ces six personnes, Arthur Lee Burton a été exécuté le 7 août au Texas, suivi de Loran Kenstley Cole le 29 août en Floride, Travis James Mullis le 24 septembre au Texas, et García Glen White le 1er octobre, également au Texas. Ces hommes ont passé entre 12 et 30 ans dans le couloir de la mort, subissant des conditions de détention qui s’apparentent à la torture. Par ailleurs, Ruben Gutierrez devait être exécuté le 16 juillet au Texas, mais son exécution a été suspendue 20 minutes avant qu’il ne reçoive une injection létale. Ses avocats espèrent que des analyses ADN permettront de prouver son innocence. Quant à Robert Roberson, son exécution est prévue pour le 17 octobre, malgré de graves doutes sur sa culpabilité. Ses défenseurs plaident pour la clémence, soutenant qu'il est innocent du crime pour lequel il a été condamné. Ils espèrent qu'une nouvelle audience mettra en lumière les erreurs de procédure survenues lors de son procès, et sera l’occasion de prouver son innocence.


Le couloir de la mort : une réalité inhumaine qui évoque la Torture.

Les condamnés à mort aux États-Unis ne subissent pas seulement leur peine, mais également, des conditions inhumaines dans les couloirs de la mort. Ces sections de haute sécurité situées à l’intérieur des prisons, sont caractérisées par des conditions de détention inhumaines : isolement prolongé dans des cellules exiguës, manque de soins médicaux, visites restreintes et une attente interminable de l’exécution, pouvant se prolonger, en moyenne, jusqu’à 20 ans.


Ce phénomène, reconnu internationalement comme un syndrome psychologique (le syndrome du couloir de la mort), découle de la dureté des conditions et de l'angoisse permanente liée à l'exécution imminente, souvent annoncée le jour même. Ces traitements déshumanisants visent à briser les condamnés, certains en venant à considérer la mort comme leur unique échappatoire. La détérioration de leur santé mentale est souvent irréversible, entrainant des déséquilibres psychologiques graves. Ces traitements, tout comme la peine de mort elle-même, constituent une violation du droit à la vie ainsi que de l'interdiction de la torture et des traitements inhumains et dégradants.
Mobilisons-nous pour l’abolition de la peine de mort aux États-Unis !


Contexte

Cinq exécutions en une semaine et des méthodes d'exécution controversées

En septembre 2024, cinq condamnés à mort ont été exécutés en une semaine, la plus forte concentration d'exécutions depuis 21 ans. En parallèle, en 2023, le nombre d'exécutions a augmenté pour la deuxième année consécutive, atteignant 24, soit une hausse de 33 % par rapport à 2022 et plus du double par rapport à 2021. Cette augmentation rompt avec la tendance à la baisse de l'application de la peine de mort observée dans le pays depuis 1999. Actuellement, 2216 détenus se trouvent dans le couloir de la mort, avec au moins 25 exécutions prévues pour 2024.

En plus de l'augmentation du nombre d'exécutions, les États-Unis ont récemment mis en œuvre des méthodes controversées comme l'asphyxie par l'azote. Cette méthode a été utilisée pour la première fois en 2024, en Alabama, pour exécuter Kenneth Smith. Critiquée par le Haut-Commissaire des Nations Unies, Volker Türk, qui a averti que cette pratique pourrait s'apparenter à de la torture, l'État de l'Alabama a néanmoins procédé à une nouvelle exécution par asphyxie d'Alan Eugene Miller le 26 septembre dernier.

Le programme de correspondance avec un condamné à mort de l’ACAT-France

Depuis plus de 30 ans, l’ACAT-France propose de briser l’isolement et la souffrance psychique des condamnés à mort, grâce à son programme de correspondance. Cette initiative vise à rompre l’isolement extrême imposé par le couloir de la mort, permettant aux prisonniers de maintenir une connexion humaine qui les aide à lutter contre le processus de déshumanisation.

Pour les condamnés, ces correspondances répondent au besoin de se projeter hors d’eux-mêmes et de résister à la déshumanisation des couloirs de la mort. L’échange revêt parfois une dimension spirituelle, et peut permettre une réelle communion entre le correspondant et le condamné, malgré les milliers de kilomètres qui les séparent. Pour les prisonniers, la relation directe et l’amitié des correspondants sont essentielles pour rester debout.

Ces échanges, on s’en doute moins, sont également une source de grande satisfaction pour les militants et sympathisants de l’ACAT qui s’engagent. C’est le cas de Mme Anne Gaboriaud, qui a correspondu avec Arthur Lee Burton et a profondément regretté son exécution le 7 août. Elle raconte : « Arthur était dans le couloir de la mort depuis 26 ans et je correspondais avec lui depuis 16 ans. Il m’appelait 'ma fenêtre française'. Nous avons échangé sur de nombreux sujets : la politique, les conditions de vie dans le couloir de la mort, nos vies sur des continents différents, nos familles, mon travail et mes activités au temple. C’est une personne intelligente et perspicace, qui dessine très bien. Il ne se plaint jamais et m’a soutenue dans des moments difficiles. »

L'ACAT-France exprime ses profonds regrets quant à l'exécution de ces personnes, et se mobilise activement pour empêcher l'exécution imminente de Robert Roberson. En cette Journée internationale contre la peine de mort, nous renouvelons notre engagement pour cette cause et réitérons notre opposition inconditionnelle à la peine capitale.

 

*Amnesty International, "Rapport Mondial Condamnations et exécutions 2023", 29 mai 2024.

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