Iran
Appel à mobilisation

Iran. Deux femmes, Sharifeh Mohammadi et Pakhshan Azizi, condamnées à mort pour leurs engagements pacifiques.

En l’espace d’un mois, deux femmes iraniennes, Sharifeh Mohammadi et Pakhshan Azizi, ont été condamnées à mort par la justice du régime iranien pour leur activisme et militantisme pacifiques. Ces sentences s'inscrivent dans un contexte caractérisé par une répression sévère, où une série d'exécutions a transformé les prisons iraniennes en véritables lieux de massacre. Le mois d’août 2024 a connu un véritable pic, avec au moins 100 exécutions. Une preuve supplémentaire que l’élection d’un nouveau président dit "réformiste” n’a aucune incidence sur la violence du régime envers sa population.
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Le 11 / 09 / 2024

Empêchons l'exécution de Sharifeh Mohammadi et Pakhshan Azizi !

Téléchargez la lettre, personnalisez-la avec vos coordonnées et retournez-la par voie postale à l'Ambassadeur de la République islamique d’Iran ou par voie électronique au président de la République islamique d'Iran !

 

 

Qui sont Sharifeh Mohammadi et Pakhshan Azizi ?

Sharifeh Mohammadi, mère de famille de 45 ans et ingénieur en design industriel, est une défenseure des droits humains et une militante contre la peine de mort à Rasht, dans la province du Gilan en Iran. Elle a défendu les droits des femmes et des travailleurs et a été membre du Comité de coordination pour l'assistance à la création de syndicats, un organisme indépendant, mais légalement reconnu.


Elle a été arrêtée le 5 décembre 2023 et détenue à l'isolement, sans pouvoir passer d'appels téléphoniques, ni recevoir de visites. Elle aurait été soumise à de graves actes de torture psychologiques et physiques  pour lui extorquer des aveux forcés. Le tribunal l'a condamné à mort le 4 juillet, pour « rébellion armée contre l'État » (baghi), en raison de ses liens présumés avec le parti Komala, qui est interdit par le régime iranien.  Ces accusations, fermement démenties aussi bien par elle que par sa famille, semblent n’avoir pour seul but de la punir pour ses engagements pacifiques.


Pakhshan Azizi est une journaliste, travailleuse sociale et une militante kurde des droits humains. Elle a été arrêtée une première fois le 16 novembre 2009, à la suite d'un rassemblement d'étudiants kurdes à l'université de Téhéran, qui protestaient contre les exécutions politiquement motivées au Kurdistan, avant d’être libérée sous caution au bout de quatre mois. Elle quitta par la suite l'Iran et vécut dans la région du Kurdistan irakien et syrien, travaillant notamment comme assistante sociale, pour aider les réfugiés victimes des attaques de Daesh dans cette région.


Pakhshan Azizi a été arrêtée au domicile familial à Téhéran le 4 août 2023, alors qu'elle était revenue en Iran après plusieurs années passées à l’étranger. Pendant sa détention, Pakhshan Azizi n'a pas pu recevoir la visite de sa famille ni de son avocat, et aurait été soumise à des actes de torture pour obtenir des aveux forcés. Le 23 juillet 2024, elle est condamnée à quatre ans de prison et à la peine de mort pour « rébellion armée contre l'État » (baghi), en raison de son appartenance présumée au Parti de la vie libre du Kurdistan (PJAK), ce qu’elle conteste.

Un combat pour les droits des femmes et la liberté

Ces décisions interviennent malgré l’élection d’un nouveau président iranien, Masoud Pezeshkian, présenté comme un « réformateur ». La République islamique d’Iran envoie ainsi un message clair à la population : malgré l’élection d’un nouveau président ayant un discours libéral, la répression continuera, contre ceux qui se mobilisent en faveur d’un pays qui respecte les libertés et la dignité humaine. Ce constat est d’autant plus vrai que le seul mois d’août a connu un nouveau pic d’exécutions en Iran, au moins 100 cas, selon notre partenaire Iran Human Rights.


Cette multitude de condamnations à mort constitue également des attaques contre des membres de la société civile, mais surtout contre les femmes, en particulier celles issues de minorités ethniques ou religieuses, qui sont persécutées et opprimés par le régime iranien, en raison de leurs luttes pour la justice, la liberté et les droits des femmes iraniennes.


Dans sa lettre écrite fin juillet 2024 depuis la prison d’Evin à Téhéran, Pahshan Azizi nous disait : Sharifeh Mohammadi, moi et les autres femmes dans le couloir de la mort, ne sommes ni les premières ni les dernières à être condamnées simplement pour avoir cherché une vie libre et digne. Mais sans sacrifice, la liberté ne se réalise pas. Le prix de la liberté est lourd. Notre crime est d’avoir lié femmes, vie et liberté.

Contexte

En septembre 2022, Jina Mahsa Amini, jeune kurde iranienne de 22 ans, a été battue à mort par la police des mœurs pour avoir prétendument porté son hijab de manière incorrecte. Son meurtre a déclenché des manifestations de masse qui ont été diffusées dans le monde entier au cours des derniers mois. Les atrocités commises par le régime qui en ont découlé, ont été révélées par les réseaux sociaux au monde entier. L’information de la mort de Jina Mahsa Amini a commencé à circuler à partir d’une photo d’elle intubée dans son lit d’hôpital, publiée par le compte Twitter +1500tasvir, qui dénonce la répression du régime. Deux femmes journalistes, Niloufar Hamedi et Elaheh Mohammadi, ont largement contribué à faire connaître le cas de Jina Mahsa Amini. Le régime les accuse alors d’espionnage pour le compte des États-Unis et d’avoir été formées par la CIA.

Des manifestations sans précédent dans tout le pays

Très rapidement le cas Jina Mahsa Amini fait le tour des réseaux sociaux et réveille une colère immense parmi les femmes iraniennes, mais aussi, plus généralement, d’une grande partie de la population, transcendant les âges, les classes sociales et les groupes ethniques. La colère de la population s’exprime alors dans la rue et sur les réseaux sociaux, mais aussi par des gestes simples du quotidien comme le fait de ne plus porter le foulard pour les femmes.  Le régime iranien n’a jamais été confronté à ce genre de révolte. Très vite, un slogan s’impose, sonnant comme la devise de ce que pourrait être un nouvel Iran démocratique : « Femmes, Vie, Liberté ! ». Le mouvement est massif. Bien que l’Iran ait connu de nombreuses révoltes par le passé, celles-ci n’ont jamais réussi à fédérer les différentes parties de la société.

Une répression d’une violence inouïe

Face à ce danger existentiel majeur, le régime choisit encore et toujours la même réponse : la violence et les répressions les plus sévères. Selon Iran Human Rights, au moins 551 manifestants, dont 49 femmes et 68 enfants, ont été tués, sans compter au moins 22 morts suspectes, et plus de 20 000 personnes ont été arrêtées depuis le début des manifestations. Près de la moitié des victimes sont issue s du Kurdistan et du Baloutchistan, où les manifestations ont duré le plus longtemps. Toujours selon Iran Human Rights, sur un total de 834 personnes exécutées en 2023, au moins 167 appartenaient à la minorité baloutche. Cela équivaut à 20 % des exécutions de l’année, alors que ce groupe ethnique ne représente que 2% de la population. Huit manifestants ont été exécutés en 2023. Une fois de plus, ce sont les membres des minorités ethniques et religieuses qui sont les plus ciblés.


Dans un communiqué de l'ONU daté du 2 septembre 2024, des experts ont exprimé leur préoccupation concernant l'augmentation des exécutions en Iran, notant que plus de 400 personnes, dont 15 femmes, ont été exécutées cette année. L'ACAT-France exhorte la communauté internationale à réagir fermement et à faire tout ce qui est en son pouvoir pour mettre un terme à la machine d'exécution de la République islamique d’Iran.

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