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«Rétablir la peine de mort nous couperait de l’Europe »

A quelques jours des élections départementales, la présidente du Front national, Marine Le Pen, a réaffirmé son positionnement en faveur de la peine capitale. La peine de mort est non seulement barbare mais inutile, lui rétorque Jean-Etienne de Linares, délégué général de l’ACAT.
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A quelques jours des élections départementales, la présidente du Front national, Marine Le Pen, a réaffirmé son positionnement en faveur de  la peine capitale. La peine de mort est non seulement barbare mais inutile, lui rétorque Jean-Etienne de Linares, délégué général de l’ACAT. Elle couperait aussi la France de la communauté internationale et de l’Europe.

Interview de Jean-Etienne de Linares sur Europe 1 :

Revenir à la peine de mort en France, est-ce envisageable ? Quelles en seraient les conséquences ?

J.E de Linares : Théoriquement ça n’est pas impossible mais serait inefficace, inhumain et très problématique sur le plan diplomatique. Sur le plan international, on ne peut juridiquement pas rétablir la peine de mort car la France a ratifié un traité onusien par lequel elle s’est engagée à abolir la peine capitale de manière irrévocable. Au niveau européen, elle a également ratifié des textes où elle renonce à la peine capitale. Il faut rappeler qu’aujourd’hui, pour entrer dans l’Europe, il faut avoir aboli la peine de mort!  Revenir sur ces textes reviendrait donc à créer une scission avec le reste de l’Europe. Surtout, cela reviendrait à créer une  souffrance et des injustices atroces car on sait que la justice envoie à la potence bien des innocents… sans rien résoudre.

La peine de mort ne peut-elle pas constituer un rempart contre le terrorisme ?

J.E de Linares : En aucun cas. Peut-on imaginer un seul instant que des gens qui souhaitent mourir en martyrs puissent en avoir peur ? C’est ridicule ! La peine de mort sert à une seule chose : donner l’illusion aux citoyens que leur gouvernement agit avec fermeté. D’ailleurs, la peine de mort n’a jamais servi à rien, ni contre le terrorisme, ni contre les autres types de crimes. En France par exemple, il y a en gros un petit millier de meurtres par an : c’était le cas quand la peine de mort était en vigueur, c’est le cas aujourd’hui. Qu’il y ait ou non la peine capitale n’y change rien.

Au niveau mondial, comment la situation évolue-t-elle ?

J.E de Linares : On est face à un mouvement contradictoire : d’un côté, il y  a un mouvement massif - et c’est heureusement celui qui prédomine - vers l’interdiction totale de la peine de mort. La moitié des pays ont aboli la peine  de mort et une quarantaine d’autres appliquent un moratoire de fait. Fin 2014, un vote record de 117 États s’est aussi prononcé à l’ONU en faveur d’un moratoire universel. Mais, parallèlement, on assiste à un retour en arrière inquiétant dans plusieurs pays : fin 2014, le Pakistan et la Jordanie ont levé le moratoire sur la peine capitale qui existait depuis six ans dans un cas, huit dans l’autre. Aux Maldives, la peine de mort a été rétablie même pour les mineurs : théoriquement, un enfant de sept ans peut y être exécuté ! On atteint le sommet de l’horreur. Face à cela, il est indispensable de rappeler, partout, que la peine de mort doit être combattue. A ce titre, le sondage disant que 50% des français seraient favorables au rétablissement de la peine de mort est inquiétant. Il est de notre devoir, à chacun, de dire qu’exécuter des hommes est inacceptable et ne permet pas d’en sauver d’autres. Nous ne voulons pas vivre dans un monde où la vengeance se substitue à la justice.

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