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Vietnam
Actualité

Mère Champignon en état de détresse intense

Me Nam est épuisée. Du fin fond de sa cellule dans le Nord du Vietnam, elle craint pour sa vie. Souffrant déjà des mauvaises conditions de détention des prisons vietnamiennes, elle subit le harcèlement de co-détenues et de gardiens, qui lui font vivre un enfer.
me nam

[English version below]


 

Le 6 juillet 2018, Nguyen Ngoc Nhu Quynh, alias Me Nam (« Mère Champignon ») a entamé sa troisième grève de la faim depuis le début de son incarcération en octobre 2016, afin de protester contre la torture psychologique orchestrée par les autorités de la prison depuis plusieurs semaines.

Le 26 juin 2018, la mère de la blogueuse s’est rendue à la prison n°5 de la province de Thanh Hoa. Après avoir attendu plus d’une heure que l’on amène Me Nam au parloir, elle a été alarmée de constater la fatigue extrême et l’apparence frêle de sa fille.

Récemment, deux détenues placées dans la cellule de Me Nam la harcèlent et la provoquent à coup d’insultes. Extrêmement stressée, Me Nam a demandé l’intervention des gardiens mais rien n’a été fait. Une autre détenue se rend souvent près de la cellule de Me Nam, accompagnée d’une gardienne, pour la menacer verbalement. Par ailleurs, la serrure de sa cellule a été mystérieusement bloquée et l’empêche d’en sortir aux heures de sortie autorisées. L’électricité est aussi arbitrairement coupée dans sa cellule.

Me Nam est au plus bas. Elle a imploré sa mère de venir lui rendre visite le plus possible, afin de s’assurer qu’elle est toujours en vie. Un comportement qui contraste avec l’attitude adoptée jusque-là par Me Nam, qui minimisait ses soucis afin de ne pas inquiéter sa mère âgée, qui s’occupe déjà de ses deux jeunes enfants, et souhaitait lui épargner l’épuisant voyage de 1200 km depuis Nha Trang jusqu’à la prison.

Sa mère rapporte les propos de Me Nam à l’ACAT : « Je n’ai jamais voulu te dire comment c’était en prison parce que je ne voulais pas que tu t’inquiètes pour moi. Je sais que je t’ai déjà assez accablée en te confiant mes deux enfants mais aujourd’hui je sens qu’il faut que je te dise ce qui se passe. Lorsque j’étais emprisonnée au camp de Khanh Hoa, ils m’ont placée en cellule d’isolement sans fenêtre et sans ventilation mais j’ai pu le subir durant plus de deux mois sans jamais t’en parler. Aujourd’hui, il faut que je t’en parle. »

Aujourd’hui, la mère de Me Nam implore les délégations diplomatiques étrangères de rendre visite à sa fille afin de s’assurer de sa sécurité.

 

Vous voulez soutenir Me Nam ?

- Téléchargez ce modèle de lettre, personnalisez-la avec vos coordonnées et adressez-la à l’ambassadeur de France au Vietnam.
- Partagez : Tweetez, postez sur Facebook, faites le savoir autour de vous !

- Ecrivez à Me Nam à l'adresse suivante : ACAT-France, Action Me Nam - Responsable Asie, 7 rue Georges Lardennois, 75019 Paris. Nous transmettrons votre courrier à sa famille de façon sécurisée.

 

 

Contexte

Priver les prisonniers de leur réseau de soutien

Les conditions dans les prisons vietnamiennes sont très mauvaises et peuvent être constitutives de traitements inhumains et dégradants, voire de torture physique et mentale. Pour accentuer la pression psychologique sur les détenus, les autorités vietnamiennes ont recours au transfert abusif de prisonniers dans des prisons extrêmement éloignées de leur famille. Me Nam purge sa peine dans une prison située à 1 200 km de sa mère et ses enfants. En mars 2018, deux autres défenseurs des droits humains, Nguyen Van Oai et Tran Thi Nga, tous deux parents de jeunes enfants, ont été transférés à 1 000km de leur famille, qui n’a pas été avertie. Début juillet, ce sont le blogueur Hoang Duc Binh et le journaliste Truong Minh Duc, condamnés respectivement à 14 et 12 ans de prison, qui ont été déplacés à plusieurs centaines de kilomètres de leurs proches. 

Censure au-delà des frontières

Afin de pallier aux critiques de la communauté internationale sur les mauvais traitements et la torture subis par les prisonniers au Vietnam, les autorités n’hésitent pas à censurer toute information sur les militants des droits humains emprisonnés pour leurs activités pacifiques, même à l’étranger. Au début du mois de juillet, l’ambassade du Vietnam en Thaïlande a fait annuler la projection à Bangkok d’un documentaire sur les difficultés rencontrées par la famille de Me Nam depuis son arrestation. En 2015 et en 2017, la Thaïlande avait également interdit aux ONG Human Rights Watch et Boat People SOS d’organiser des conférences sur les violations des droits humains au Vietnam, après des pressions de l’ambassade vietnamienne.

 


 

Human rights blogger 'Mother Mushroom' in great distress

Me Nam is exhausted. From the bottom of her cell in Northern Vietnam, she fears for her life. In addition to the bad conditions of Vietnamese jails, she faces harassment from other inmates and prison guards, who make her life a living hell.

On 6 July 2018, Nguyen Ngoc Nhu Quynh, aka Me Nam (« Mother Mushroom ») began a hunger strike, the third one since her arrest in October 2016, in order to protest against the psychological torture she has to endure in jail.

On 26 June 2018, her mother went to visit her in Prison no 5 in Thanh Hoa province. She waited for about an hour before Me Nam was brought to her, and was struck by the extreme exhaustion and frail appearance of her daughter.  

Recently, two female prisoners were moved to Me Nam’s cell and started harassing, provoking and insulting her. Extremely distressed, Me Nam asked for the guards to intervene, but no action was taken. Another inmate often comes to her cell, accompanied by a female guard, and threatens her verbally. Me Nam’s lock has also been blocked and cannot be opened during the scheduled open hours. Her cell is regularly blacked out, without explanation.

Me Nam is hitting a low point. She begged her mother to come and visit her as much as possible in order to make sure that she is still alive. Me Nam’s mother had never seen her in such a vulnerable state. Until then, the blogger would always try to avoid worrying her elderly mother, who is taking care of her two young children, and she never asked her to make the arduous 1200km trip from Nha Trang to the prison.

Me Nam told her mother: « I never wanted to tell you how it is in prison because I never want you to worry more about me. I know I have burdened you enough to care for my two children but now I feel I must tell you what has been happening. When I was imprisoned in Khanh Hoa camp, they put me in a solitary confinement with not even a hole for ventilation but I could endure it for over two months, and I never told you, but this time, I felt you should know. »

Today, Me Nam’s mother is calling on all foreign delegations in Vietnam to visit her in prison in order to ascertain her safety.

 

Context

Depriving prisoners of their network of support

Conditions in Vietnamese jails and detention centers are extremely poor and can amount to inhumane and degrading treatment, and even torture, both physical and mental. To increase psychological pressure on political prisoners, authorities in Vietnam resort to arbitrary transfers to jails that are extremely remote from the prisoners’ families. Me Nam is currently serving her 10-year sentence 1 200 kilometers away from her mother and her two children. In March 2018, human rights defenders Nguyen Van Oai and Tran Thi Nga, both parents of young children, were transferred to prisons 1000 kilometers away from their home, without any warning. In early July, blogger Hoang Duc Binh and journalist Truong Minh Duc, sentenced to 14 and 12 years in jail, were also moved to a prison several hundreds kilometers away from their loved ones.

Censorship beyond borders

In order to avoid criticism from the international community on ill-treatment and torture of prisoners in Vietnam, authorities do not hesitate to censor any information regarding the way human rights defenders are treated, even abroad. In early July, the Vietnam embassy in Thailand pressured the Foreign Correspondents’ Club of Thailand (FCCT) into cancelling the screening of a documentary on the hardships faced by Me Nam’s family. In 2015 and 2017, NGOs Human Rights Watch and Boat People SOS were also forbidden to hold events on human rights violations in Vietnam by the Thai police.

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