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La sécurité des défenseurs menacée par l'état d'urgence sanitaire

Depuis la proclamation de l'état d'urgence sanitaire, les défenseurs des droits humains et les journalistes sont gravement menacés, discrédités et entravés. L'ACAT demande aux autorités mexicaines l'adoption immédiate de mesures concrètes urgentes pour garantir leur sécurité et l'exercice de leur mission indispensable.
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©DR Agencia CIMAC / Espacio_0SC
Le 14 / 05 / 2020

Déjà très critique, la situation des défenseurs des droits humains et des journalistes s'est encore aggravée depuis la proclamation de l'urgence sanitaire liée au COVID-19. Depuis le 15 mars, le Mécanisme fédéral de protection des défenseurs des droits humains et des journalistes (ci-après le Mécanisme) a répertorié au moins 44 attaques à leur encontre. Si l'on compare ces chiffres à ceux de 2019, il semble que les agressions aient doublé ces dernières semaines. Deux journalistes et quatre défenseurs des droits humains ont été assassinés. C'est dans l'État du Guerrero que la situation est la plus dégradée.

Journalistes discrédités

Le président López Obrador accuse régulièrement les médias traditionnels, et plus particulièrement ceux qui se montrent critiques, de répandre de « fausses informations ». Ces propos portent atteinte à la liberté d'expression, discréditent le travail journalistique et créent un environnement hostile et dangereux pour celles et ceux qui le pratiquent.

Défenseurs entravés

Certaines mesures, comme les couvre-feux décrétés dans les États tels que Guerrero, Michoacán, Quintana Roo, Yucatán, Jalisco, Basse-Californie, Sonora, Chihuahua, Morelos, Coahuila, Nuevo León et Oaxaca, ont eu un impact négatif sur le travail de défense des droits humains et de la liberté d'expression. Appliquées de façon indiscriminée et en contradiction avec le décret d'état d'urgence sanitaire, ces mesures empêchent les défenseurs de se déplacer selon les besoins et en fonction de l'urgence pour mener à bien leurs missions.

Alertes des mécanismes onusiens et interaméricains

Le 16 mars, plusieurs rapporteurs spéciaux des Nations Unies rappelaient que : « Les déclarations d'urgence en riposte à la pandémie de COVID-19 ne devraient pas être utilisées pour cibler des groupes, des minorités ou des individus particuliers. Elles ne devraient pas servir à adopter des mesures répressives sous prétexte de protéger la santé de la population ni à réduire au silence le travail des défenseurs des droits de l'homme. » De même, ils mentionnent que « les restrictions introduites pour lutter contre le virus doivent être motivées par des objectifs de santé publique légitimes et ne doivent pas être utilisées simplement pour faire taire l'opposition. » Dans un communiqué daté du 14 avril, la Cour interaméricaine des droits de l'homme (CoIDH) a rappelé quant à elle que, dans le contexte d'urgence sanitaire, « il est essentiel de garantir l'accès à la justice et aux mécanismes de plainte, tout comme de prévoir une protection particulière pour les activités des journalistes et des défenseur.e.s des droits humains, afin de surveiller toutes les mesures qui sont adoptées et qui conduisent à une atteinte ou à une restriction des droits humains. »

Adoption d'une stratégie de protection dans l'urgence

Jusqu'à présent les autorités mexicaines, qui ont l'obligation de garantir le droit de défendre les droits humains et la pratique journalistique en toute sécurité, n'ont pris aucune disposition pour faire face à l'urgence de la situation. Ainsi, l'ACAT, en lien avec des dizaines d'associations mexicaines et internationales rassemblées au sein de la plateforme Espacio_OSC (Espace des organisations de la société civile), demande le renforcement des capacités d'accompagnement par le Mécanisme, en collaboration avec la Commission nationale des droits de l'homme, la Commission exécutive pour l'attention aux victimes et le Bureau du Procureur général de la République, afin d'établir une stratégie commune de protection d'urgence, en reconnaissance du rôle central joué par les défenseurs des droits humains et les journalistes. Il convient de :

  • adopter des mesures spécifiques à tous les niveaux (fédéral, étatiques et municipaux) en tenant compte des besoins spécifiques de chaque public (femmes, LGBTQIA+, communautés autochtones, etc.) ;

  • faire une déclaration publique et lancer une campagne de soutien aux défenseur.e.s et aux journalistes, en reconnaissant l'importance de leur travail dans le contexte de la pandémie de COVID-19 ;

  • effectuer un suivi et une analyse exhaustifs des mesures administratives, législatives et judiciaires qui limitent la défense les droits humains et, le cas échéant, émettre les recommandations pour leur abrogation ;

  • prévoir un rapport sur les actions de prévention, de protection et d'enquête prévues au bénéfice des défenseur.e.s et des journalistes dans le contexte actuel d'urgence sanitaire liée au COVID-19.


Communiqué interassociatif (en espagnol)

 

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