La dernière volonté de Pu Wenqing, mère d’un prisonnier politique
“Le temps que j’ai à passer dans ce monde n’est plus très long.” Le 25 avril 2020, Pu Wenqing ( 蒲文清) a partagé dans une émouvante lettre ouverte [en chinois] son souhait de revoir son fils avant de mourir et de s’assurer qu’il va bien. Cela fait plus de trois ans qu’elle n’a aucune nouvelle de ce dernier, depuis qu’il a été arrêté par la police du Sichuan en novembre 2016 et accusé de « divulgation de secrets d'État à l’étranger » pour son travail de journaliste indépendant et son activisme en faveur des droits humains. En juillet 2019, Huang Qi ( 黄琦) a été condamné à 12 ans de prison.
Vivant seule et affaiblie par un cancer des poumons depuis un an, Pu Wenqing n’a jamais cessé de se battre pour faire reconnaître l’innocence de son fils Huang Qi et obtenir sa libération. “Le cas de Huang Qi est une injustice, et toute personne en Chine qui a un sens de la justice le sait bien” écrit-elle. Sans relâche depuis 2016, Pu Wenqing a enchaîné les lettres ouvertes, filmé des vidéos réclamant justice, rencontré des diplomates étrangers et également tenté de pétitionner directement auprès des autorités chinoises.
Pour cela, elle fait l’objet du harcèlement et des menaces continuelles de la police. Pu Wenqing a été arrêtée et détenue au secret à deux reprises, en novembre 2016 lors de l’arrestation de son fils, puis de décembre 2018 à janvier 2019 en amont de l’audience du procès de Huang Qi. La police l’a maintes fois empêchée d’engager des avocats pour défendre son fils. Pu Wenqing vit en résidence surveillée sans aucun motif légal depuis le 21 janvier 2019. Des gardes sont postés en face de son domicile, les autorités contrôlent ses communications et la police la suit lors de tous ses déplacements, même chez le médecin ou à la pharmacie.
Cette courageuse octogénaire souffre de nombreux problèmes de santé. Les médecins lui ont diagnostiqué un cancer des poumons au printemps 2019. En avril dernier, elle révélait que ses tumeurs avaient grandi, et que son foie et ses reins ne fonctionnaient plus correctement. Elle a perdu beaucoup de poids ces derniers mois, et souffre également de douleurs à la poitrine.
Vous voulez soutenir Pu Wenqing et Huang Qi ?
- Téléchargez ce modèle de lettre, personnalisez-la avec vos coordonnées et adressez-la aux autorités chinoises par e-mail aux adresses indiquées ci-dessous :
- Ministère de la Justice de la République populaire de Chine : hotline@moj.gov.cn
- Ambassade de la République populaire de Chine en France : chinaemb_fr@mfa.gov.cn
- Mission permanente de la République populaire de Chine auprès de l'Office des Nations Unies à Genève : chinamission_gva@mfa.gov.cn
Suggestion d’objet du mail : Please allow Pu Wenqing to visit her son Huang Qi ! [Autorisez Pu Wenqing à rendre visite à son fils Huang Qi !]
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CONTEXTE
Retour sur le calvaire de Huang Qi
Huang Qi est le fondateur du site d’informations indépendant 64Tianwang, qui documente les violations des droits humains commises en Chine et est par conséquent censuré en Chine continentale. Près de trois ans après son arrestation en 2016, un tribunal du Sichuan a condamné en juillet 2019 le journaliste à 12 ans de prison, assortis de 4 ans de privation de droits politiques. Il s’agit de la plus lourde peine imposée à un défenseur des droits humains ces dernières années.
Huang Qi est atteint d’une maladie rénale chronique et d’hydrocéphalie. Il a également développé des affections cardiaques et pulmonaires suite à ses passages en prison et aux mauvais traitements subis en camp de travail. Au cours de ses 32 mois en centre de détention, Huang Qi a indiqué à plusieurs reprises avoir été torturé par des policiers et roué de coups par d'autres détenus dans le but de lui arracher des confessions. Malgré tout, il a toujours refusé de plaider coupable.
Les autorités chinoises lui interdisent toujours l’accès à des soins et son état de santé se dégrade de jour en jour. Sa condition est critique, et pourrait être fatale s’il ne bénéficie pas d’une libération pour raison médicale.
Harcèlement des familles de défenseurs des droits humains
Lorsque les autorités s’en prennent à un défenseur des droits humains, elles ne se contentent pas de l’enfermer et de le punir : elles s’en prennent également à ses proches et ses soutiens. Suite à l’arrestation de l’avocat Yu Wensheng, son épouse Xu Yan a été interrogée par la police, menacée d’être elle aussi poursuivie en justice pour subversion et placée sous haute surveillance. La famille de Wang Quanzhang a également subi toutes sortes de pressions durant l’incarcération de l’avocat : éviction de leur appartement, assignation à résidence, surveillance constante de leur domicile par des agents de police, entraves à l’inscription de leur jeune fils à l’école… La famille du militant pro-démocratie Wang Meiyu, décédé dans les geôles chinoises en 2019, a quant à elle fait l’objet d’intimidations et de pressions visant à les réduire au silence et les forcer à accepter la version des faits de la police.
Retrouvez les actions menées par l’ACAT en soutien à Huang Qi et Pu Wenqing :
- Septembre 2018 - Appel urgent sur Huang Qi « Ne laissez pas mon fils mourir en prison ! »
- Décembre 2018 - Appel urgent sur Pu Wenqing « La mère d’un journaliste emprisonné disparaît à son tour »
- Mars 2019 – Mention du cas de Huang Qi dans lettre ouverte à Emmanuel Macron
- Mai 2019 - Focus Humains n°11 « En Chine, la prison tue »
- Juin 2019 - Mise en avant du cas de Huang Qi à l’occasion de la Nuit des veilleurs
- Juin 2019 Appel du mois "J'agis pour Huang Qi"
- Juillet 2019 Actualité « Imposer une peine de 12 ans à Huang Qi revient à le condamner à mort ! »
- Août 2019 Regard Humains n°12 « De victimes collatérales à militantes inébranlables »