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L'enquête pour torture à la peine

L’appel urgent en faveur d’Alfredo Vidal Córdoba en mars 2018 a permis l’ouverture d’une enquête pour torture. Néanmoins depuis juin, l’affaire est de nouveau à l’arrêt. En attendant, la victime présumée est toujours en détention préventive et ne reçoit pas les soins dont elle a besoin.
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Le 05 / 11 / 2018

Alfredo Vidal Córdoba, 38 ans, a été arrêté le 11 juin 2014 au volant de son taxi à Huimanguillo dans l’État de Tabasco, près du Chiapas où il résidait. Il explique que des policiers en civil l’ont embarqué dans une camionnette sans immatriculation. Ils lui ont couvert le visage, l’ont menotté, menacé et tabassé. Il devait avouer avoir séquestré les passagers de son taxi. Lui affirme avoir été contraint de transporter ces personnes sous la menace d’une arme, peu avant son arrestation. Il dénonce avoir été conduit en un lieu secret, où sa tête a été plongée dans des W.C. et où il a été  contraint d’avaler des excréments. Transféré dans la nuit au Chiapas, il allègue de nouveaux coups et menaces de mort. Le lendemain, il dit avoir subi maints interrogatoires sous la torture (coups, sous-marin sec, chocs électriques). Dès le 14 juin il a été placé en détention à la prison de Pichucalco, où il est toujours incarcéré.

En décembre 2017, des médecins indépendants l’ont soumis au Protocole d’Istanbul (méthodologie pour déterminer si une personne a été torturée et établir des preuves susceptibles d’être utilisées en justice) et ont établi la vraisemblance de ses tortures.

À la suite du dernier Appel urgent de l’ACAT, en mai, le Parquet spécialisé contre la torture du Chiapas a rendu visite à Alfredo Vidal Córdoba en prison et a demandé au juge en charge de l’affaire de bien prendre en compte le résultat du Protocole d’Istanbul. Cependant, l’enquête n’a plus avancé depuis et Alfredo Vidal Córdoba, qui souffre d’un important diabète de type 2, ne reçoit pas les soins nécessaires.

 

Contexte

Les ravages de la « guerre contre le crime »

Depuis douze ans, le Mexique traverse une très grave « crise des droits de l'homme » avec un taux d'impunité de 98 %, selon les propres termes de l’ONU. Dans le cadre de la « guerre » gouvernementale contre la délinquance organisée, les forces de l’ordre et l’appareil judiciaire ont procédé à des arrestations et des condamnations massives en recourant à l’extorsion d’aveux et aux preuves illicites.

• au moins 37 435 disparitions recensées depuis 2007 par le Registre national des personnes perdues ou disparues (RNPED), avec une augmentation de 474 % des cas entre 2007 et octobre 2016 ;

• 7 635 plaintes pour torture enregistrées par les Commissions des droits de l’homme nationale et des états fédérés entre 2007 et 2016 ;

• Plus de 200 000 homicides volontaires depuis 2007, avec une nette recrudescence depuis 2016. Record atteint en 2018 avec 88,7 homicides par jour ;

• 330 000 déplacés internes de 2009 à octobre 2018 du fait de la violence ;

• 47 journalistes assassinés depuis 2013, sous la présidence d'Enrique Peña Nieto ;

• 31 défenseurs des droits de l’homme assassinés en 2017.

La torture, une pratique endémique

La Commission nationale des droits de l’homme (CNDH) du Mexique annonçait une nouvelle augmentation des plaintes pour torture de 332 % en 2016.

Policiers et militaires sont généralement responsables des épisodes de torture les plus sévères au cours des premières heures de l’arrestation, des transferts et de la détention. Dans de nombreuses affaires, des agents des ministères publics sont accusés d’avoir couvert des arrestations et des détentions arbitraires, torturé les détenus et fabriqué des preuves, procédé à des intimidations jusqu’à la présentation devant le juge. Plusieurs cas mettent également en évidence la complicité de juges qui n’ordonnent pas d’enquête en cas d’allégations de tortures, d’avocats commis d’office (sous l’autorité du ministère public) qui couvrent ou taisent les atteintes aux droits de leurs clients.

 

 

Vous pouvez envoyer ce courrier aux autorités mexicaines pour soutenir Alfredo Vidal Córdoba.

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