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Soutenons les communautés Mapuche du Chubut, victimes de criminalisation !.

  • Justice et impunité

Mobilisons-nous pour empêcher la criminalisation des communautés Mapuche en Argentine

Téléchargez la lettre, personnalisez-la avec vos coordonnées et retournez-la par voie postale Monsieur Ignacio Agustín Torres, Gouverneur de la Province de Chubut, ou interpellez-le directement par voie électronique.

Depuis fin décembre 2024, des incendies ravagent les forêts et de nombreuses habitations dans trois provinces du sud de l’Argentine : Neuquén, Río Negro et Chubut.  Critiqué par sa lenteur, voire son inaction, dans la gestion des feux de forêt et dans un contexte de coupes budgétaires généralisées, le gouvernement de Javier Milei accuse des membres de communautés Mapuche d’être à l’origine des incendies. Le 11 février, le Pouvoir Judiciaire de la province du Chubut a ordonné la perquisition de 12 communautés Mapuche, en lien avec l’enquête sur les feux de forêt, et ce malgré la faiblesse des preuves avancées. Les communautés dénoncent une stratégie de criminalisation de leurs luttes pour le droit à la terre et la militarisation croissante de leurs territoires.

Qu’est-il reproché aux 12 communautés Mapuche du Chubut ?

Le mardi 11 février 2025, Jorge Criado, juge pénal de la ville patagonienne d’Esquel, a ordonné la perquisition simultanée de 12 communautés Mapuche de la province du Chubut. La radio communautaire Petü Mogeleiñ d’El Maitén, ainsi que les Lofs (communautés) Catriman Colihueque, Cañio, Nahuelpan et Pillán Mahuiza ont notamment été visées. Victoria Nuñez Fernández, habitante de la communauté Pillán Mahuiza, a été arrêtée et placée en détention provisoire. Le lendemain, le gouvernement de la province a organisé une conférence de presse pour présenter les preuves à leur encontre et établir une distinction entre les « véritables peuples autochtones » et les délinquants visés par les perquisitions. L’arrestation de Victoria Nuñez, qui est la seule effectuée le 11 février, et son placement en détention provisoire pour 60 jours, reposent pourtant essentiellement sur la description d’une voiture similaire à la sienne, qui aurait été vue à proximité d’une propriété incendiée, l’Estancia Amancay, le 18 janvier. Plusieurs autres membres du Lof Pillán Mahuiza ont également été impliqués par le Gouverneur. C’est ainsi que Moira Millán, défenseure des droits des femmes autochtones et fondatrice du Mouvement des femmes indigènes pour le Buen Vivir, a été qualifiée de délinquante, sans autre preuve que ses propos militants et ses critiques du gouvernement argentin. Enfin, le Gouverneur a demandé l’expulsion rapide du Lof Pillán Mahuiza, où vivent plusieurs défenseurs et porte-parole Mapuche depuis plus de 25 ans.

Accusations douteuses et perquisitions simultanées dans une quête de coupables

Établissant un lien hasardeux entre la lutte des Mapuche pour le droit à la terre et les incendies, et reliant des faits éloignés dans le temps, le Gouverneur et le ministre de la Sécurité et de la Justice de la Province dépeignent les Mapuche mobilisés contre l’expulsion de communautés et contre des projets extractivistes comme responsables de feux dont ils sont eux-mêmes victimes.

Le 17 février, à la suite d’une requête formulée auprès du bureau du procureur général, les membres du Lof Pillán Mahuiza ont été informés qu’ils n’étaient accusés dans aucune affaire judiciaire, malgré les propos tenus durant la conférence de presse par le gouverneur. Victoria Nuñez reste assignée à résidence alors même que sa défense a fourni les données de géolocalisation situant la voiture qu’elle conduit à plus de 80 kilomètres de l’Estancia, la nuit de l’incendie.

CONTEXTE

La criminalisation des stratégies de résistance des Mapuche

Les récents incendies en Patagonie ont ravagé plus de 50 000 hectares de forêt : un écocide, selon Greenpeace. Si l’origine humaine des feux n’est pas remise en cause, les températures élevées et la sécheresse, aggravées par le dérèglement climatique, ont joué un rôle dans l’extension des feux. Le Gouvernement de Javier Milei, notoirement climato-sceptique, a supprimé fin 2024, le Fonds de protection des forêts natives (FOBOSQUE), mettant ainsi fin aux allocations budgétaires dédiées au contrôle et à l’entretien des forêts natives. Cette mesure, plaçant l’allocation de fonds sous le seul contrôle de l’exécutif, avait été contestée par une cinquantaine d’organisations environnementales. Le gouvernement argentin a également été critiqué pour sa gestion tardive des feux, ayant dépensé moins de 30% des fonds dédiés à la lutte contre les incendies de forêt en 2024. Il a adopté une approche répressive, allant jusqu’à qualifier les incendies volontaires d’actes terroristes. Guillermo Francos, Chef de cabinet du gouvernement, a plus précisément désigné la Resistencia Ancestral Mapuche comme responsable des incendies. Or, ce prétendu groupe ne compte pourtant qu’un seul membre reconnu et son existence même en tant qu’organisation est remise en question par de nombreux chercheurs et porte-parole Mapuche. La rhétorique distinguant les vrais peuples autochtones des imposteurs, la criminalisation de leurs stratégies de résistance et les accusations nébuleuses s’inscrivent dans une stratégie historique de criminalisation et de marginalisation des Mapuche.

L’abrogation de la Loi d’urgence territoriale indigène

Peuple ayant résisté à la colonisation espagnole, victimes de dépossession de leurs territoires et de leurs formes d’organisation à la fin du XIXème siècle, les Mapuche revendiquent aujourd’hui leur culture et leur langue. Si les tensions les opposant à l’État argentin ne peuvent être réduites à la possession de la terre, celle-ci demeure néanmoins centrale tant la transmission de leur identité est liée à un territoire donné. En 2006, une Loi d’urgence territoriale indigène avait été votée en Argentine afin de suspendre les expulsions des terres traditionnellement occupées par les communautés indigènes et mettre en place un relevé de celles-ci. Malgré une insuffisance dans sa mise en œuvre, cette loi représentait un outil de revendication et une forme de reconnaissance des obligations de l’État argentin vis-à-vis des peuples autochtones. Le 10 décembre 2024, à l’occasion de la Journée internationale des droits de l’homme, le gouvernement de Javier Milei a abrogé cette loi, utilisant la même rhétorique sécuritaire que celle en vigueur dans la province du Chubut.

Appel à l’action : l’Argentine doit cesser la criminalisation des communautés Mapuche et avancer vers la pleine reconnaissance de leur droit à la terre

Le 4 décembre 2024, La Cour Interaméricaine des droits de l’Homme a appelé l’État argentin à respecter ses obligations internationales en matière de droits des populations autochtones, concernant notamment la reconnaissance de leur personnalité juridique et la délivrance de titres fonciers. L’ACAT-France appelle l’Argentine à cesser la criminalisation des Mapuche revendiquant leur droit à la terre. L’Argentine doit respecter ses engagements internationaux en tant que pays ayant ratifié la Convention 169 de l’Organisation internationale du travail relative aux peuples indigènes et tribaux qui dispose que « Les gouvernements doivent en tant que de besoin prendre des mesures pour identifier les terres que les peuples intéressés occupent traditionnellement et pour garantir la protection effective de leurs droits de propriété et de possession. » L’ACAT-France appelle également le Gouvernement du Chubut à respecter le droit à la consultation préalable des peuples indigènes.

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