Les principes de base des Nations unies sur le recours à la force et l’utilisation des armes à feu par les responsables de l’application des lois stipulent que les Forces de défense et de sécurité (FDS) ne peuvent utiliser des armes à feu pour disperser les rassemblements violents, que s’il est impossible de recourir à des moyens moins dangereux, et seulement dans les limites du minimum nécessaire. Au Tchad, les FDS se servent souvent de leurs armes à feu comme outils de maintien de l’ordre.
Des manifestations réprimées dans le sang
Pour marquer leur désaccord sur la prise de pouvoir du général Mahamat Idriss Déby Itno, fils d’Idriss Déby – mort le 20 avril 2021 – des centaines de Tchadiens ont manifesté dans les rues de N’Djamena et de plusieurs autres villes, à l’appel de la coalition dénommée Wakit Tama (« Le temps est venu », en arabe tchadien). La prise de pouvoir de Mahamat Idriss Déby Itno s’est faite en violation de la constitution. Les manifestations, interdites par la junte au pouvoir, ont été violemment réprimées par des FDS qui ont dispersé les manifestants en leur tirant dessus. Au moins seize personnes ont été tuées par balles et des dizaines d’autres ont été blessées entre fin avril et mi-mai 2021.
Une impunité constante
À plusieurs reprises, les autorités tchadiennes ont annoncé l’ouverture d’enquêtes lorsque des manifestants ont été tués par balles. Ces annonces sont toutes restées sans suite. Aucun auteur ni responsable de ces usages excessifs de la force létale n’a rendu des comptes devant la Justice.
L’impunité est une constante au Tchad depuis des décennies et la Justice reste, sur les
sujets relatifs aux violations des droits humains, soumise au pouvoir exécutif. Cette non reconnaissance des responsabilités pour les abus commis par les FDS permet la poursuite des répressions lors des rassemblements considérés comme de la dissidence à l’égard du pouvoir en place. À Abéché, en janvier 2022, les FDS ont tué au moins treize personnes par balles et blessé plus de quatre-vingts autres. Ces personnes manifestaient contre le projet d’intronisation d’un nouveau chef de canton. Le 4 février, le ministre de la Communication a déclaré qu’une enquête de police avait été ouverte.
L’ACAT-France considère que la lutte contre l’impunité est primordiale pour éviter la répétition de tels actes.