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  • Appel à mobilisation

Il faut mettre un terme aux attaques ciblées contre les civils !.

  • Justice et impunité

Une fois de plus, des civils ont été pris pour cibles suite à l’attaque, le 8 décembre 2021, d’un convoi des forces de défense et de sécurité (FDS) par un engin explosif improvisé ayant fait plusieurs victimes militaires. Les FDS ont entrepris une opération de représailles faisant plusieurs victimes civiles. Dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun, en proie à un conflit armé de plus en plus violent, les droits humains sont régulièrement violés par les belligérants : groupes armés séparatistes et forces de défense et de sécurité (FDS) camerounaises.

Le 8 décembre 2021 en après-midi, un convoi militaire de plusieurs véhicules fait l’objet d’un attentat à l’engin explosif improvisé sur la route de Mbengwi à Bamenda, dans la région du Nord-ouest. Des échanges de tirs nourris s’ensuivent. Plusieurs membres du 3ème Bataillon d’intervention rapide (BIR) sont tués lors de cette brève attaque revendiquée par la brigade Bamenda des Forces de défense d’Ambazonie (Ambazonia Defence Forces, ADF). La plupart des civils des environs fuient immédiatement les combats pour se mettre à l’abri tandis que des renforts militaires arrivent.

Dès que les FDS reprennent le contrôle de l’axe routier, ils décident de mener des représailles ; opération qui va durer plusieurs heures jusque dans la nuit. Les militaires prennent des bidons d’essence, vendus sur les bords de la route, et mettent le feu aux bâtiments, maisons et étals de marché le long de la route de Mbengwi, dans le quartier d’Azire. Plusieurs civils meurent brûlés dans leurs maisons et d’autres sont abattus par balles alors qu’ils tentent d’éteindre les incendies. Deux jeunes garçons anglophones de 15 et 16 ans sortant d’un atelier en feu sont arrêtés et brièvement interrogés en français, langue qu’ils ne comprennent pas. Ils sont exécutés sommairement. Un vieil homme handicapé, dénommé Pa Bamboo, resté au bord de la route est visé par des tirs au niveau de ses jambes. Gravement blessé, il meurt peu après d’une hémorragie après avoir appelé en vain à l’aide selon Center for Human Rights and Democracy in Africa (CHRDA).

Le 10 décembre 2021, le ministère de la Défense du Cameroun a publié un communiqué indiquant que quatre combattants séparatistes avaient été neutralisés à la suite de l’attaque terroriste et que les « rumeurs sur l’incendie de maisons civiles sont de fausses machinations et de propagande séparatiste ».

L’ONG camerounaise de défense des droits humains Center for Human Rights and Democracy in Africa (CHRDA) a mené des entretiens avec des témoins oculaires et a pu analyser des images satellites de la zone avant et après les événements. Dans son rapport rendu public le 11 décembre 2021, elle conclue « dans la soirée et la nuit du 8 décembre 2021, des unités de l’armée camerounaise, y compris le 3ème BIR et les forces associées, ont procédé à des incendies à grande échelle et à des exécutions extrajudiciaires de civils le long de la route Mbengwi à Bamenda ».

En toutes circonstances, les droits humains et notamment le droit à la vie, doivent être protégés par les autorités camerounaises mais également par les groupes armés séparatistes. Les attaques visant les civils doivent cesser de tous côtés.

Mobilisons-nous pour demander aux autorités camerounaises d'ouvrir une enquête sur les événements survenus à Bamenda le 8 décembre 2021 :

  • Tweetez notamment le compte @PR_Paul_BIYA et  postez sur Facebook, faites-le savoir autour de vous !

Contexte

Octobre-novembre 2016 : des avocats, enseignants et étudiants anglophones protestent contre la « francophonisation » des systèmes législatif et éducatif en vigueur dans les régions anglophones du nord-ouest et sud-ouest et contre la marginalisation de leur territoire. Les autorités camerounaises répriment violemment les manifestations pacifiques. Les villes de Bamenda, Buea, Kumba et Kumbo sont particulièrement touchées par la répression. Des centaines de personnes sont arrêtées. Plus de dix manifestants sont tués par balles entre octobre 2016 et février 2017. Les autorités camerounaises tentent le « black-out » : elles interdisent des organisations de la société civile, suspendent Internet et les lignes téléphoniques pendant trois mois entre janvier et avril 2017. Des groupes de militants anglophones répondent par des stratégies de désobéissance civile (boycott des écoles et opérations « ville morte »). En octobre 2017, les forces de défense et de sécurité tirent à balles réelles sur des manifestants qui célèbrent symboliquement l’indépendance des régions anglophones. Vingt personnes sont tuées, de nombreuses autres blessées. Des centaines de personnes sont de nouveau arrêtées. Des milliers fuient. Dès lors, les voix modérées anglophones sont remplacées par les appels à la lutte armée des groupes séparatistes. La guerre civile commence. Les symboles de l’État et les forces de défense et de sécurité sont attaqués. S’ensuit une militarisation des régions anglophones – avec notamment l’arrivée du Bataillon d’intervention rapide (BIR) – et une répression tous azimuts qui renforce encore davantage l’émergence de mouvements plus radicaux et violents au sein de la société anglophone.

Entre 2016 et 2019, cette guerre de basse intensité a coûté la vie à plus de 3 000 personnes et déplacé plus de 500 000 personnes.

Aujourd’hui, la situation sécuritaire dans les régions anglophones est incontrôlable. Il s’agit d’une « No go zone » où il est dangereux de se rendre. Une partie de ce territoire est administrée par des groupes séparatistes armés, qui sèment la terreur au sein des populations civiles, notamment par des exécutions sommaires de civils considérés comme proches des autorités et des attaques d'établissements scolaires dont plusieurs meurtriers. Ces groupes opèrent également des actions de guérilla contre les forces de sécurité camerounaises et utilisent de plus en plus d’engins explosifs improvisés faisant régulièrement des victimes. Par peur des attaques des groupes séparatistes, de nombreux fonctionnaires ont fui.

Seule l’armée, dernier symbole de l’État camerounais, est présente sur quelques axes routiers, bases militaires et villes et villages d’importance stratégique. Elle lance régulièrement des opérations de contre-guérilla qui se soldent parfois par des exécutions sommaires de civils. Lorsque des militaires sont tués lors d’embuscades menées par des séparatistes, il n’est pas rare que des opérations de représailles soient menées dans les environs et ciblent les civils, considérés comme sympathisants des groupes armés : incendies d’habitations et de bâtiments, exécutions sommaires, arrestations suivies d’actes de tortures… Les forces armées peuvent s’appuyer localement sur des milices pro-gouvernementales qui assurent la sécurité et le renseignement dans certains territoires. En différents endroits, de nouveaux acteurs apparaissent sans avoir de liens avec des groupes séparatistes : il s’agit de coupeurs de route et autres groupes criminels qui profitent du chaos ambiant pour rançonner citoyens et commerçants. Depuis 2017, ce conflit interne a provoqué une crise humanitaire de grande ampleur à laquelle les autorités camerounaises n’apportent que peu d’aides et restreignent la liberté des associations humanitaires présentes. Aujourd’hui, les civils n’ayant pas pu fuir la région sont régulièrement pris pour cible par les deux parties au conflit.

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