Arrêtée en mai 2024 pour avoir critiqué la politique migratoire de gouvernement tunisien, Sonia Dahmani est sortie de prison jeudi 27 novembre 2025. L’ACAT-France se réjouit de cette décision mais déplore une remise en liberté conditionnelle. Nous appelons à l’abandon des charges retenues contre Sonia Dahmani.
Les images avaient choqué : le 11 mai 2024, Sonia Dahmani était arrêtée violemment par des policiers masqués au siège de l’ordre des avocats à Tunis, en direct durant une interview avec France 24. Quatre jours plus tôt, elle avait dénoncé à la radio le racisme des autorités tunisiennes à l’égard des migrants subsahariens. Le 24 janvier 2025, la cour d’appel l’a condamnée à un an et six mois de prison ferme pour « atteinte à la sûreté publique » et « diffusion de fausses informations » en vertu du décret-loi n°54. L’ACAT-France s’était mobilisée pour sa libération.
Acharnement judiciaire
Après un an et demi d’incarcération dans des conditions difficiles et une dégradation de son état de santé, Sonia Dahmani a finalement retrouvé la liberté jeudi 27 novembre sur une décision inattendue du ministère de la Justice. Pour autant, l’avocate et chroniqueuse n’est pas encore tirée d’affaire. Connue pour son engagement en faveur des droits humains et sa critique de régime de Kaïs Saïed, Sonia Dahmani subit un acharnement judiciaire. Elle a été condamnée à plusieurs reprises en vertu du décret-loi 54 sur les « fausses informations », et cumule plus de quatre ans de prison dans différentes affaires liées à ses prises de position.
Pour la fin des poursuites contre Sonia Dahmani
Malgré sa libération, Sonia Dahmani reste interdite d’expression dans les médias et de sortie du territoire. Elle a dû comparaître de nouveau pour une autre audience dès le 28 novembre. Si sa libération est un soulagement, elle demeure une exception dans un pays où des dizaines d’opposants sont encore détenus. L’ACAT-France salue cette avancée, mais rappelle la nécessité urgente de mettre fin aux poursuites visant l’avocate et de restaurer les libertés fondamentales menacées par la dérive autoritaire du pouvoir tunisien. Nous demandons l’abrogation du décret-loi n°54, utilisé comme arme de répression contre la société civile et l’opposition politique.