Note de positionnement
Introduction
À l’approche des élections présidentielles prévues le 12 octobre 2025 au Cameroun, l’ACAT-France, ONG de défense des droits humains, souhaite alerter sur la situation alarmante en matière de droits humains dans le pays. Les violations systématiques, la restriction de l’espace civique et le harcèlement judiciaire des défenseurs des droits humains doivent être au cœur des préoccupations de la communauté internationale.
Situation des Droits Humains au Cameroun
La situation des droits humains au Cameroun est marquée par des violations graves et persistantes. Les régions anglophones (Nord-Ouest et Sud-Ouest, NOSO) sont particulièrement touchées par un conflit armé interne, tandis que l’Extrême-Nord subit les conséquences des attaques de Boko Haram et d’une sécurisation accrue par l’armée camerounaise. Au niveau national, le gouvernement camerounais intensifie ses mesures répressives contre l’opposition et la société civile, en ciblant spécifiquement les défenseurs des droits humains.
Préoccupations Majeures
- Conflit dans le NOSO
Le conflit dans les régions anglophones du NOSO, en cours depuis fin 2016, a provoqué des milliers de morts, de nombreuses violations graves des droits humains, la destruction d’infrastructures et des déplacements massifs de populations. L’accès à l’éducation et aux soins de santé est gravement compromis. L’ensemble des belligérants se rendent responsables d’exactions.
- Extrême-Nord
Les actions de Boko Haram et les opérations militaires de l’armée camerounaise entraînent des violations graves des droits humains, notamment des exécutions extrajudiciaires, tortures et des détentions arbitraires.
- Répression de l’opposition politique
Le nombre élevé de prisonniers d’opinion et les procès injustes devant des juridictions militaires illustrent la répression politique. Des militants du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) et des militants anglophones sont encore détenus pour avoir exercé leur droit de réunion pacifique.
- Répression de la société civile
La suspension des activités du Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale (REDHAC) et les poursuites contre ses dirigeants témoignent d’un climat de peur et de contrôle.
- Usage Abusif de la Loi Antiterroriste
La loi antiterroriste de décembre 2014 est utilisée pour cibler des dissidents politiques et restreindre les libertés fondamentales.
Tendances actuelles
La militarisation de la réponse gouvernementale face aux conflits et crises dans le NOSO et l’Extrême-Nord et l’affaiblissement de l’espace civique exacerbent les violations des droits humains. L’impunité des auteurs et responsables de violations graves des droits humains reste la norme, fragilisant l’État de droit.
Recommandations Prioritaires de l’ACAT-France
Au Gouvernement Camerounais
- Annuler la suspension du REDHAC, mettre un terme aux poursuites judiciaires contre ses dirigeantes et garantir la liberté d’action des ONG.
- Cesser les poursuites de civils devant les juridictions militaires et libérer les prisonniers d’opinion, notamment les militants du MRC et les militants pacifiques anglophones.
- Réviser la loi antiterroriste afin de garantir son adéquation au respect des droits humains.
- Autoriser l’accès des mécanismes internationaux d’enquête aux régions affectées par les crises et conflits.
À la Communauté Internationale
- Soutenir la société civile camerounaise par des financements et des protections juridiques.
- Adopter des mesures de responsabilité ciblées contre les auteurs et responsables de violations graves des droits humains.
- Établir des conditions claires afin de développer uniquement des coopérations de défense et de sécurité avec des entités camerounaises qui respectent les droits humains.
Conclusion
La crise des droits humains au Cameroun résulte de choix politiques délibérés des autorités, qui ferment l’espace civique, militarisent la réponse aux crises et conflits, et laissent perdurer l’impunité des auteurs et responsables de violations graves des droits humains. L’ACAT-France appelle à une action immédiate de la part des gouvernements partenaires pour protéger les défenseurs des droits humains et promouvoir le respect des droits fondamentaux.