Une longue histoire d’exclusion et de criminalisation des communautés Mapuche au Chili
Le conflit entre l’État chilien et les communautés autochtones Mapuche prend racine dans la question de la possession et de l’usage de la terre. L’usurpation historique des territoires indigènes les a privés d’un élément clé de leur culture et d’une source de prospérité. La région de l’Araucanía, où près d’un tiers de la population s’identifie comme Mapuche, est l’un des territoires les plus défavorisés du Chili. Ce « conflit Mapuche » est une revendication d’autonomie contre des projets industriels menaçant leur mode de vie. Certaines organisations Mapuche revendiquent des sabotages, instrumentalisés par l’État pour justifier la répression et la criminalisation des communautés.
Prolongation de l’état d’exception et nouvelle Loi Antiterroriste : la militarisation de l’Araucanía
Avant son arrivée au pouvoir en mars 2022, le gouvernement de Gabriel Boric s’opposait à l’état d’exception en territoire Mapuche. Cette mesure, décriée, permet le déploiement des forces armées pour le maintien de l’ordre. Elle a finalement été décrétée par son gouvernement dès mai 2022. Le lancement d’une Commission Présidentielle pour la Paix et la Compréhension ouvrait la voie à une solution politique. Alors que cet organisme devait rendre son rapport final en avril 2025, l’élan progressiste semble s’être essoufflé. Promulguée le 4 février 2025, la nouvelle Loi Antiterroriste a été présentée comme une législation « moderne et efficace ». L’introduction du concept de terrorisme individuel, destiné à sanctionner ceux n’appartenant pas à une organisation terroriste, inquiète, tout comme l’élargissement de l’utilisation de systèmes de captation de données. Le recours à des agents sous couverture, prévu dans la loi et utilisé dans des procès contre des représentants Mapuche, a été dénoncé par plusieurs organisations de défense des droits humains.
L’ACAT-France demande au gouvernement chilien de poursuivre le travail de négociation politique en incluant les demandes des communautés Mapuche et de cesser la militarisation de leurs territoires, afin de respecter les recommandations acceptées lors du quatrième cycle de l’Examen Périodique Universel du Chili.