• Appel à mobilisation

Pour la libération immédiate d’Israel Vallarta Cisneros, en détention provisoire depuis près de 20 ans.

  • Détention

Mobilisons-nous pour exiger la libération immédiate d’Israel Vallarta Cisneros

Téléchargez la lettre, personnalisez-la avec vos coordonnées et retournez-la par voie postale à Son Excellence Madame Claudia Sheinbaum Pardo Présidente des États-Unis mexicains.

Lorsqu’il est arrêté aux côtés de Florence Cassez en décembre 2005, Israel Vallarta n’est ni un défenseur des droits humains ni un militant politique. Ce jour-là, il devient simplement l’une des milliers de victimes de détentions arbitraires au Mexique. Près de 20 ans plus tard, toujours incarcéré malgré l’absence de preuves et de condamnation, Israel Vallarta incarne, malgré lui, les pires dérives du système judiciaire mexicain.

Détention arbitraire, torture, mise en scène médiatique : un cas d’école des violations des droits humains au Mexique

Israel Vallarta est avant tout victime d’un indécent montage médiatique et politique. Arrêtés ensemble sur une autoroute au sud de la Ville de Mexico, le 8 décembre 2025, Israel Vallarta et Florence Cassez voient leur arrestation transformée dès le lendemain matin en coup de maître médiatique, présenté en direct à la télévision comme une opération contre un puissant groupe de kidnappeurs. Le 9 décembre 2005, au petit matin, des policiers de l’Agence Fédérale d’Investigation (AFI), aujourd’hui dissoute, orchestrent une descente de police devant les caméras de la chaîne Televisa. Ils plaquent Israel Vallarta au sol, le maintiennent par le cou et le contraignent à répondre aux questions du journaliste vedette Pablo Reinah alors qu’il se tord de douleur, le visage tumefié, accusant les policiers de l’avoir battu. Torturé en direct, Israel l’a également été auparavant, avant le montage télévisé, lors d’un interrogatoire clandestin, le 8 décembre 2005. Il a déclaré avoir été menacé et torturé à plusieurs reprises afin de s’auto-incriminer et signer des aveux.

Les actes de torture – coups, brûlures, agressions sexuelles – ainsi que leurs graves conséquences sur la santé physique et mentale d’Israel Vallarta ont été largement documentés et consignés par la Commission Nationale des Droits Humains (CNDH) du Mexique. Dans sa recommandation 20/2021, la CNDH reconnaît enfin qu’Israel a été détenu arbitrairement et torturé par des membres de l’AFI. Elle demande au Procureur Général de la République, Alejandro Gertz Manero de l’inscrire au Registre National de Victimes afin qu’il puisse bénéficier d’un suivi médical et psychologique, et que les tous les dommages causés soient réparés.

En 2023, le Comité contre la torture des Nations Unies a demandé à l’État mexicain de prendre les mesures nécessaires pour qu’Israel Vallarta puisse suivre son procès en liberté. Pourtant, malgré la recommandation de la CNDH en 2021, la demande du Comité contre la torture des nations unies et en dépit de l’absence de preuves démontrant l’implication d’Israel Vallarta dans les enlèvements dont il est accusé, il demeure en détention provisoire, près de 20 ans après son arrestation.

« L’effet corrupteur » du procès et la fabrique de coupables

Le 23 janvier 2013, Florence Cassez a été libérée après avoir passé 7 ans en prison, à la suite d’une décision de la Cour suprême mexicaine. A trois voix contre deux, les cinq magistrats de la Première chambre se sont prononcés pour l’annulation de sa sentence, au motif que le montage télévisé et l’atteinte à la présomption d’innocence de la plaignante auraient eu un « effet corrupteur » sur l’ensemble de la procédure. Alors qu’elle avait été condamnée à plus de 60 ans de prison, Florence Cassez a finalement été libérée dans un contexte marqué par de nombreux scandales judiciaires et une crise diplomatique entre le Mexique et la France.

Israel Vallarta, quant à lui, a signé des aveux sous la torture et n’avait pas encore été jugé au moment de la libération de Florence Cassez. Il est resté incarcéré, devenant le grand oublié des médias mexicains et français jusqu’à assez récemment. Il n’a cessé de se battre pour faire reconnaître son innocence ainsi que celle de cinq autres membres de sa famille, torturés et incarcérés eux aussi afin d’étoffer le dossier d’un groupe de kidnappeurs, Los Zodiaco, qui s’est avéré être une invention.

Le discours officiel sur la culpabilité d’Israel Vallarta et son rôle en tant que chef d’un prétendu groupe de kidnappeurs est aujourd’hui largement discrédité. La faiblesse du dossier est telle, hormis des témoignages contradictoires et des aveux d’autres accusés obtenus eux aussi sous la torture, que le dossier a plutôt tendance à accabler les anciens responsables de l’Agence Fédérale d’Investigation. Genaro García Luna, directeur de l’AFI entre 2001 et 2006 a d’ailleurs été condamné par la justice des États-Unis, en octobre 2024, à 38 ans de prison pour trafic de stupéfiants et corruption au profit du Cartel de Sinaloa. Luis Cárdenas Palomino, ancien responsable de la sécurité régionale au sein de la Police Fédérale et considéré comme le bras droit de García Luna a été incarcéré en juillet 2021 pour les actes de torture commis sur les prétendus membres de Los Zodiaco.

Depuis 2005, Israel Vallarta et sa famille vivent l’indicible. Entré en prison à l’âge de 35 ans, il en a aujourd’hui 53. Deux de ses frères et trois de ses neveux ont aussi été détenus arbitrairement, torturés et incarcérés. « Figurants sacrifiés » de l’affaire Florence Cassez , leur histoire est pourtant celle de milliers de mexicains sur lesquels s’abat l’arbitraire et la violence politique. En juin 2024, le procès d’Israel Vallarta a enfin entamé sa phase finale, malgré les tergiversations du Bureau du Procureur Général de la République. Il se trouve actuellement en attente d’une sentence.

Contexte

L’utilisation systémique de la torture au Mexique

Israel Vallarta et Florence Cassez ont été arrêtés dans un contexte où les affaires d’enlèvements contre rançon suscitaient une vive émotion au sein de l’opinion publique. Pour justifier le montage télévisé et les violations des droits des détenus, les hauts fonctionnaires de la sécurité et de la police ont instrumentalisé la souffrance des victimes. Vingt ans après, la situation politique n’est plus tout à fait la même, mais le Mexique reste confronté à une grave crise des droits humains. Depuis la « guerre contre le narcotrafic » initiée par le conservateur Felipe Calderón Hinojosa, les disparitions forcées ont connu une augmentation progressive. Les dénonciations d’actes de torture commis par des policiers et militaires ont également augmenté durant son sexennat.

Aujourd’hui, les organisations de défense des droits humains considèrent que la torture est devenue une pratique institutionnalisée, « un mécanisme de contrôle, d’imposition de vérités, de répression, de fabrication de coupables, de punition et de discrimination » selon le récent rapport Tisser des fils de résilience : souvenirs de la résistance contre la torture au Mexique.

Les plus récentes données concernant le recours à la torture dans le système de justice mexicain sont accablantes : près de 40% des personnes détenues déclarent avoir été victimes de pratiques pouvant être considérées comme des actes de torture et 42,1% des personnes interrogées déclarent avoir été battues ou maltraitées durant leur interrogatoire afin de s’auto-incriminer ou accepter de fausses déclarations.

Appel à l’action :

Israel Vallarta a été victime de détention arbitraire, de torture et d’un montage télévisé ayant bafoué sa dignité et son droit à la présomption d’innocence. Alors qu’il a déjà passé près de 20 ans en détention provisoire et qu’il attend toujours une première condamnation depuis la clôture des audiences en juin 2024, l’ACAT-France exhorte l’État mexicain à répondre à la demande du Comité contre la torture des Nations Unies et à mettre en œuvre les mesures nécessaires pour assurer la libération immédiate d’Israel Vallarta Cisneros.

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