Depuis des décennies, la République démocratique du Congo est le théâtre de conflits armés et de violations graves des droits humains. Ces violences ont été perpétrées sur son sol par divers acteurs locaux ou internationaux, pour la plupart restés impunis. Pourtant, les quelque 617 épisodes d’exactions majeures commises sur la seule période 1993-2003 ont été soigneusement documentées par les experts des Nations unies. Qualifiables, pour beaucoup, de crimes contre l’humanité, de crimes de guerre voire même pour certains de crimes de génocide, elles ont été consignées dans le « Rapport Mapping », dont la publication en octobre 2010 n’a malheureusement pas été suivi d’effets. Et pour cause : les principales recommandations n’ont jamais été mises en œuvre, limitant de fait la possibilité de poursuivre les responsables présumés.
Résultat, la RDC est parmi les pays avec le plus grand nombre de victimes en attente de justice au monde. Des centaines de milliers de personnes attendent que leurs souffrances soient reconnues, que leurs bourreaux soient jugés, et que les préjudices subis fassent l’objet de mesure de réparation, dans la mesure du possible. Pendant ce temps, dans ce contexte d’impunité, d’autres violences continuent d’être perpétrées dans l’est du pays, particulièrement dans les Kivu où la guerre a repris entre divers groupes armés et armées régulières congolaises et étrangères.
« La compétition pour les ressources naturelles et le pouvoir politique, les rivalités régionales et locales, ainsi que les tensions communautaires et leur instrumentalisation politique sont à la source de nombreuses et graves violations des droits humains en RDC. »
– Clément Boursin, responsable Afrique de l’ACAT-France.
Depuis 25 ans, les ressources naturelles en RDC attisent en effet de nombreuses convoitises qui ont eu pour effet d’exacerber les rivalités locales entre des groupes armés et les pays de la région. L’Est du pays a ainsi vu s’affronter plusieurs pays pour le contrôle des ressources, entrainant sur leur sillage des atrocités de masses qui ont marqué le pays. Les institutions politiques et l’État de droit ont été ébranlés et connaissent en retour un déficit de confiance que les retards accumulés dans la mise en œuvre de la justice n’a fait qu’aggraver.
« La lutte contre l’impunité en RDC viendra avant tout de la RDC, des Congolais et de ses autorités, mises devant leurs responsabilités par ses concitoyens, qui doivent être les acteurs du changement. »
– Clément Boursin, responsable Afrique de l’ACAT-France.
La lutte contre l’impunité joue un rôle crucial dans le processus de paix encore fragile en RDC et dans la région. C’est le défi majeur qui attend les Congolais pour les prochaines années et tout doit être mis en œuvre afin que les promesses de justice faites par le président Felix Tshisekedi se concrétisent et ne demeurent pas des paroles creuses sans lendemain.
Pour aller plus loin :
> Découvrir notre campagne « Rapport Mapping : à quand la justice en RDC ? »