Arrêtés le 28 février 2019, l’actrice et défenderesse des droits humains Eman al-Helw et le transgenre Hossam Ahmed ont été libéré.e.s sous contrôle judiciaire mi-septembre. Si l’ACAT se réjouit de cette très bonne nouvelle, elle demeure inquiète quant à leur situation même après leur libération. En effet, Hossam doit se rendre 3 fois par semaine au commissariat, ce qui l’empêche de travailler et de se déplacer en dehors de la ville de Mansoura, au nord du pays, dans le delta du Nil.
Tous deux continuent d’être convoqué.e.s devant le tribunal tous les 45 jours. Lors de cette session, le juge décide des de leur situation et des charges retenues contre eux. Ces audiences devant le tribunal sont les seules occasions pour Eman et Hossam de se voir et d’échanger. Par ailleurs, Hossam fait face à des pressions dans son cercle familial quant à son identité de genre (obligation de raser sa barbe, restriction sur son traitement hormonal…).
Avec notre partenaire l’association ANKH, l’ACAT continue de suivre leur situation qui demeurent préoccupante. L’ACAT s’est mobilisée à plusieurs reprises en faveur de leur libération, notamment lors de la Nuit des veilleurs 2020. Suite à un appel émis par un collectif d’ONG dont l’ACAT, six rapporteurs spéciaux des Nations unies ont écrit le 17 décembre 2019 une lettre conjointe aux autorités égyptienne au sujet des conditions d’arrestation et de détention de Eman Al-Helw et Hossam Ahmad, restée sans réponse jusqu’à aujourd’hui.
Contexte
Dans un contexte de répression quasi-permanente depuis 2013, Eman Al-Helw et Hossam Ahmed avaient été arrêté.es le 28 février 2019, comme 70 autres personnes, dans le cadre d’une campagne d’arrestations de masse. Cette dernière a été déclenchée en répression des critiques exprimées sur les réseaux sociaux au sujet de l’action du gouvernement et des appels à manifester en raison d’un accident de train en gare de Ramsès au Caire qui a fait 22 morts et 43 blessés le 27 février 2019. Ils ont d’abord été détenu.e.s pendant quatre jours dans un lieu inconnu. Puis, ils ont été présenté.e.s devant le procureur de la sécurité d’État le 4 mars 2019, au motif de participation au soutien d’une organisation terroriste et d’utilisation de comptes Facebook personnels pour commettre un crime puni par la loi. Leur détention a été renouvelée jusqu'à leur libération à la mi-septembre 2020.
Pendant leur détention, Eman et Hossam on subit des examens médicaux forcés, y compris de leurs parties génitales, et cela sans aucune justification médicale. Ces pratiques sont reconnues comme « une forme de traitement cruel, dégradant et inhumain qui peut équivaloir à de la torture » selon différents experts des Nations unies et d’organisations internationales des droits humains. Elles violent la Convention contre la Torture, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples. Les examens anaux forcés sont invasifs, intrusifs et profondément humiliants. Comme l’a souligné le Comité contre la torture des Nations unies, ils « n’ont aucune justification médicale et ne peuvent être consentis de manière libre et éclairée »[1].
De plus, Ahmed était détenu dans une cellule réservée aux femmes dans le commissariat de police d’Abdeen au Caire et subissait harcèlement et intimidation de la part de ses codétenues et de leurs proches en visites. Durant son arrestation, son traitement hormonal lui a également été refusé par les autorités.
[1] Concluding observations on the third periodic report of Tunisia, §42, UN Committee against Torture, 10 June 2016, https://tbinternet.ohchr.org/_layouts/15/treatybodyexternal/Download.aspx?symbolno=CAT%2fC%2fTUN%2fCO%2f3&Lang=en.