Tribune parue dans L’Humanité – 8 mars 2025
Par l’ACAT-France
Le 8 mars, Journée internationale pour les droits des femmes, est un moment clé pour évaluer la situation des femmes et leurs droits fondamentaux. Pourtant, pour nombre d’entre elles à travers le monde, défendre ces droits signifie affronter la répression, l’emprisonnement, la torture, voire la mort. L’ACAT-France (Action des Chrétiens pour l’abolition de la Torture) appelle les gouvernements à garantir ces droits et à mettre un terme aux violences et persécutions dont elles sont spécifiquement victimes.
Être une femme défenseure des droits humains : un double combat
Dans de nombreux pays, les femmes, qu’elles soient journalistes, avocates, militantes ou opposantes, sont confrontées à la censure, aux menaces et aux violences d’État. Parce qu’elles s’engagent pour la justice, la vérité et les droits humains, elles font face à des persécutions accrues. Parce qu’elles sont militantes, elles sont surveillées, emprisonnées, torturées. Parce qu’elles sont femmes, elles subissent des formes de violences spécifiques : menaces sexuelles, humiliations, agressions physiques et psychologiques.
Journalistes, avocates, militantes, opposantes : dans de nombreux pays, les femmes qui s’engagent pour la justice et la vérité sont traquées, menacées, emprisonnées et torturées. Parce qu’elles défendent les droits humains, elles sont considérées comme des cibles. Parce qu’elles sont femmes, elles subissent des violences sexuelles, des humiliations et des agressions psychologiques.
Les cas sont nombreux. La journaliste Sandra Muhoza purge 21 mois de prison pour avoir exercé son métier avec intégrité, symbole de la répression brutale de la presse au Burundi. Julia Chuñil, militante indigène mapuche au Chili, a été victime de disparition forcée après avoir dénoncé l’accaparement des terres de son peuple. Au Maroc, Sultana Khaya, militante sahraouie, a été agressée, assignée à résidence et violée par les forces de sécurité. En Biélorussie, Natallia Vasilevich, théologienne et défenseure des droits humains, a été arrêtée et menacée pour avoir dénoncé la répression politique. En Chine, Zhang Zhan, journaliste, a été condamnée à quatre ans de prison pour avoir documenté la gestion de la pandémie à Wuhan et a subi la torture en détention.
Être une femme : une cible en soi
Dans les conflits armés, les violences sexuelles sont utilisées pour terroriser, humilier et détruire. En République démocratique du Congo, au Soudan, en Ukraine, des milliers de femmes sont victimes de viols systématiques commis par des groupes armés et des forces gouvernementales, dans une impunité totale.
Par ailleurs, si les femmes condamnées à mort sont minoritaires, elles subissent des procès biaisés, des violences sexuelles et des conditions carcérales inhumaines. Certaines sont exécutées pour avoir tué un conjoint violent en état de légitime défense. En Iran, les militantes féministes risquent la peine capitale pour leur engagement.
La torture est une arme pour arracher des aveux et condamner des innocentes. Une étude menée au Mexique entre 2009 et 2016* révèle notamment que huit détenues sur dix ont été torturées avant leur procès : coups, viols, menaces sur leurs enfants. Ailleurs encore, l’apartheid de genre imposé vise à faire disparaître les femmes de l’espace public. Ainsi, en Afghanistan, depuis la prise de pouvoir des talibans en 2021, les femmes sont effacées de la société : interdites d’école, de travail, de sport, privées de toute liberté. Celles qui osent manifester sont arrêtées, battues, humiliées, voire torturées.
Agir ensemble pour la dignité des femmes
Derrière chaque statistique, il y a des vies brisées, des familles détruites. Mais aussi du courage, de la résistance et une volonté inébranlable de ne pas céder. La mobilisation de tous est indispensable pour défendre ces femmes qui, par leur engagement, ou simplement parce qu’elles sont des femmes, sont devenues des cibles. Faisons entendre leur voix.