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Tchad
Appel urgent

Nécessité d’enquêtes impartiales et indépendantes concernant la répression de diverses manifestations

Au moins neuf personnes ont été tuées par balles à Ndjamena, la capitale du Tchad, et dans le sud du pays, à Moundou, le 27 avril 2021 lorsque les forces de défense et de sécurité tchadiennes ont réprimé, faisant un usage excessif de la force létale, les manifestations pacifiques du mouvement Wakit Tama (« l’heure est venue en arabe »). Les autorités tchadiennes doivent enquêter puis traduire en justice les responsables de ces homicides et veiller à ce que cela ne se reproduise plus.
Tchad 27 avril 2021
Le 20 / 05 / 2021

Au moins neuf personnes ont été tuées par balles à Ndjamena, la capitale du Tchad, et dans le sud du pays, à Moundou, le 27 avril 2021 lorsque les forces de défense et de sécurité tchadiennes ont réprimé, faisant un usage excessif de la force létale, les manifestations pacifiques du mouvement Wakit Tama (« l’heure est venue en arabe »). Les autorités tchadiennes doivent enquêter puis traduire en justice les responsables de ces homicides et veiller à ce que cela ne se reproduise plus.

 

Adoussouma Komeissou, 27 ans, avait décidé de manifester « pour le changement » mardi matin près de chez lui, dans le quartier Walia, situé dans le sud de Ndjamena. A quelques dizaines de mètres de sa maison, il a été touché par une balle qui a traversé ses jambes. Il est mort à l’hôpital. Sina Garandi, 19 ans, a été également abattu à Walia. « Il a été atteint par une balle tirée depuis une voiture à vitres fumées » affirme son oncle. Bonheur Bahama a succombé à l’hôpital après avoir été touché par deux balles à Walia encore.

Comme eux, plusieurs participants aux mouvements de contestation sont morts sous les balles des forces de l’ordre le 27 avril 2021 au matin pour avoir voulu dénoncer la succession dynastique au Tchad et le coup d’Etat militaire. En quelques heures, les marches organisées par le mouvement Wakit Tama, interdites par le Conseil militaire de transition (CMT) – groupe de putschistes ayant pris le pouvoir à la suite de l’annonce du décès du président maréchal Idriss Déby Itno le 20 avril – ont été dispersées par des forces de l’ordre, circulant sur des pick-up et dissimulant leurs visages. A Moundou, Sarh et Koumra, trois villes du sud du pays, les habitants descendus dans les rues ont également été victimes de tirs à balles réelles depuis des véhicules militaires. Au moins deux personnes sont mortes à Moundou.

Plus d’une vingtaine de blessés par balles ont été dénombrés, dont plusieurs gravement, sur l’ensemble du territoire. Plus de 700 personnes ont été arrêtées selon le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH), majoritairement des hommes âgés d’une vingtaine d’années. La plupart ont été depuis libérés. Des journalistes ont été brièvement arrêtés au cours des manifestations et leurs images et vidéos ont été supprimées et leurs appareils confisqués.

Pour l’ACAT-Tchad « l’armée, la police et la gendarmerie tchadienne ont tiré à balles réelles sur un groupe de manifestants pro-démocratie ». Le HCDH s’est dit profondément troublé par l’usage apparemment disproportionné de la force, y compris l’utilisation de balles réelles, par les forces de défense et de sécurité.

Cette répression sanglante a dissuadé de nombreux Tchadiens à continuer à manifester dans la rue pour dénoncer la transition militaire.

 

Vous souhaitez vous mobiliser pour demander aux autorités européennes de veiller à ce que des enquêtes indépendantes et impartiales soient menées au Tchad à propos de la répression du 27 avril 2021 :


- Téléchargez la lettre, personnalisez-la avec vos coordonnées et adressez-la au Président du Conseil européen par voie postale ou par télécopie. Vous pouvez également adresser une copie de votre lettre à la Délégation de l'UE au Tchad.

- Tweetez, notamment le compte du Président du Conseil européenn @eucopresident et @CharlesMichel, postez sur Facebook, faites-le savoir autour de vous !

 

CONTEXTE

Le Tchad est l’un des trois pays les plus pauvres du monde. Il est classé 187ème sur 190 à l’indice de développement humain (IDH) malgré une manne pétrolière conséquente, des ressources aurifères et cotonnières et de riches cheptels. Jusqu’à sa mort brutale, annoncée le 20 avril 2021, Idriss Déby a gouverné le Tchad d’une main de fer durant une trentaine d’années après sa prise de pouvoir par les armes en 1990. L’idée d’un Tchad indispensable à la sécurité du Sahel et du bassin du Lac Tchad a permis au Président Déby, militaire de carrière, de faire l’impasse sur l’édification d’un État nation avec le silence complaisant de ses partenaires internationaux, notamment la France.

Dès l’annonce du décès du Président maréchal, des militaires haut gradés ont indiqué mettre en place un Conseil militaire de transition (CMT) arguant d’une situation sécuritaire exceptionnelle. Cette prise de pouvoir s’est faite en violation de l’ordre constitutionnel et des principes démocratiques et de l’Etat de droit.

Dans la foulée de sa création, le CMT – composé de 14 généraux proches d’Idriss Déby– a déclaré suspendre la Constitution, dissoudre le gouvernement et l’Assemblée nationale, procéder à la fermeture des frontières et à l’instauration d’un couvre-feu. Le lendemain, une charte de la transition a été adoptée par le CMT, de manière unilatérale et sans consultation des politiques et de la société civile. Cette charte confie des pouvoirs considérables au général Mahamat Idriss Déby, l’un des fils d’Idriss Déby, âgé de 37 ans : « président de la République, chef de l’Etat et chef suprême des armées ».

Saluée par la France et les pays du G5 Sahel et acceptée par le reste de la communauté internationale (UE, Union africaine), cette prise de pouvoir anticonstitutionnelle a été vivement rejetée par de nombreux Tchadiens, qui considère ce coup d’Etat comme une succession dynastique. Pour marquer leur désapprobation, des Tchadiens sont descendus dans les rues de plusieurs villes le 27 avril. La répression a été violente, avec un usage disproportionné de la force létale provoquant la mort d’au moins neuf personnes. Cette répression peut être perçue comme révélatrice de l’absence de volonté réelle de la junte au pouvoir d’ouvrir un dialogue inclusif pour sortir le Tchad de l’impasse politico-militaire dans laquelle les 31 années de présidence Déby l’ont conduit.

Aujourd’hui, le CMT contrôle presque tous les pouvoirs. Il promet une transition de dix-huit mois, renouvelable une fois, soit trois années à l’issue de laquelle une nouvelle Constitution sera adoptée et des élections tenues. Pour nos partenaires associatifs tchadiens, Il s’agit pour le régime en place de préparer durant ce laps de temps la succession d’Idriss Déby, sous un pseudo-vernis de transition, afin de préserver les acquis de l’accaparement du pouvoir politique et des ressources de l’Etat par un clan, au pouvoir depuis 1990. Un premier ministre proche de Déby père a été nommé (Albert Pahimi Padacké, son dernier premier ministre avant que le poste ne soit supprimé en 2018), de même qu’un gouvernement, le 2 mai, dont les ministres sont très majoritairement liés au défunt président. Ces nominations, réalisés par décrets, confirment la volonté des militaires de perpétuer le système Déby adossé sur la famille, le clan, l’armée et les alliés de circonstances. Mahamat Idriss Déby a aujourd’hui 37 ans. Dans trois ans, il pourra être candidat à la présidentielle puisque la Constitution l’autorise à partir de l’âge de 40 ans.

 

 

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