République Dém. du Congo
Appel urgent

Deux lanceurs d’alerte condamnés à mort !

Messieurs Navy Malela Mawani et Gradi Koko Lobanga, deux lanceurs d’alerte congolais, anciennement employés par Afriland First Bank (AFB) à Kinshasa, ont appris, le 25 février 2021, par voie de presse, qu’ils avaient été condamnés à mort. Ayant fui leur pays pour garantir leur sécurité, ils n’étaient pas en RDC au moment de leur procès et n’en avaient pas eu connaissance. Ces deux anciens membres du service d’audit interne avaient fourni, à deux ONG spécialisées, des informations importantes sur un réseau de blanchiment d’argent au sein de leur banque.
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Le 24 / 03 / 2021

Gradi Koko Lobanga et Navy Malela Mawani - Copyright : Liran Hautmacher

 

Messieurs Navy Malela Mawani et Gradi Koko Lobanga, deux lanceurs d’alerte congolais, anciennement employés par Afriland First Bank (AFB) à Kinshasa, ont appris, le 25 février 2021, par voie de presse, qu’ils avaient été condamnés à mort. Ayant fui leur pays pour garantir leur sécurité, ils n’étaient pas en RDC au moment de leur procès et n’en avaient pas eu connaissance. Ces deux anciens membres du service d’audit interne avaient fourni, à deux ONG spécialisées, des informations importantes sur un réseau de blanchiment d’argent au sein de leur banque.

 

Le 25 février 2021, les avocats d’AFB ont tenu une conférence de presse à Kinshasa au cours de laquelle ils ont indiqué que Navy Malela et Gradi Koko avaient été condamnés à mort par le Tribunal de grande instance de Kinshasa, le 7 septembre 2020, pour avoir collaboré avec les ONG Global Witness et la Plateforme de Protection des Lanceurs d’Alerte en Afrique (PPLAAF), qui avaient publié, sur la base de leurs informations, un rapport en juillet 2020 intitulé : « Des sanctions, mine de rien »[1]. Ce rapport mettait en évidence, preuves à l’appui, la mise en place par le milliardaire israélien Dan Gertler, proche de Joseph Kabila (Président de la RDC entre 2001 et 2019), d’un vaste réseau international de blanchiment d'argent, déployé de la RDC à l'Europe et Israël, pour échapper aux sanctions américaines, mises en place en 2017.

Il s’avère que la condamnation à mort de ces deux lanceurs d’alerte pour « faux en écriture et usage de faux, vol, corruption privée, violation des secrets professionnels et association de malfaiteurs » a été obtenue de manière irrégulière, à l’issue d’une procédure judiciaire irrégulière que l’on appelle « citation directe » où il n’y a ni instruction ni enquête menée par la justice. La procédure est uniquement fondée sur des informations trompeuses ou inexactes provenant de l’AFB. Ni les prévenus, ni leur avocat, n’avaient eu connaissance de cette audience au tribunal, ce qui est une violation du droit à un procès équitable en vertu du droit international.

Cette criminalisation des actes de lanceurs d’alerte en RDC, qui avaient soulevé dans un premier temps au sein de leur banque leurs préoccupations sur un possible blanchiment d’argent avant de devoir quitter leur pays pour rendre public les documents dénonçant ces actes frauduleux, est de nature à décourager de futurs autres lanceurs d’alerte congolais.

 

 

Vous souhaitez vous mobiliser auprès du Président congolais Félix Tshisekedi pour demander l'annulation de la condamnation à mort de  Navy Malela Mawani et Gradi Koko Lobanga :


- Téléchargez la lettre, personnalisez-la avec vos coordonnées et adressez-la au Président de la République démocratique du Congo (RDC) par voie postale ou directement sur le site de la Présidence de la République. Vous pouvez également adresser une copie de votre lettre à l'ambassade de la RDC en France

- Tweetez notamment les comptes liées au Président congolais @fatshi13 et @Presidence_RDC, postez sur Facebook, faites-le savoir autour de vous !

 

CONTEXTE

 

Navy Malela et Gradi Koko, salariés au sein du département d’audit d’Afriland First Bank (AFB), ont remarqué des irrégularités concernant des mouvements financiers liés à des comptes de personnes proches de Dan Gertler, milliardaire israélien qui a fait fortune en RDC dans les minerais grâce à sa proximité avec l’ancien président Joseph Kabila, au pouvoir entre 2001 et 2019. AFB a permis à des proches de Dan Gertler de convertir en liquide des millions de dollars en euros et de les placer sur des comptes d’individus ou de sociétés-écran liées au milliardaire israélien. Grâce à ce montage, Dan Gertler a pu échapper aux sanctions du gouvernement américain mises en place en 2017, faire passer des millions de dollars à l’étranger et acquérir indirectement de nouveaux actifs miniers en RDC.

Navy Malela et Gradi Koko ont fait part de leurs inquiétudes en interne. La réaction de la direction à l’un des lanceurs d’alerte a été de suggérer qu’il pouvait se faire tirer dessus dans la rue. Face à ces menaces et à l’absence de réactions de leur direction pour mettre un terme à ces irrégularités financières, Gradi Koko et Navy Malela ont décidé de fuir la RDC, respectivement, en 2018 et 2020, afin de dénoncer cette affaire. Les deux salariés ont transmis leurs documents compromettants aux ONG spécialisées Global Witness et PPLAAF. En juillet 2020, elles ont publié leur rapport « Des sanctions, mine de rien »[1]. Après la publication du rapport, des sénateurs américains ont demandé au Trésor américain de punir les individus sanctionnés qui contournaient les sanctions par la création d’autres sociétés. Plus d’une quarantaine de députés européens ont également exigé que l’Union Européenne adopte un régime permettant de sanctionner des individus comme Dan Gertler.

En décembre 2020, l’administration Trump a discrètement octroyé, après un lobbying intense du milliardaire israélien, une licence spéciale permettant à Dan Gertler et à ses sociétés d’accéder au système financier américain pendant un an. Cette levée déguisée des sanctions s’est immédiatement attirée les critiques de membres du Congrès américain et de 30 ONG congolaises et internationales lorsque l’information a été rendue publique en janvier 2021. Le 8 mars 2021, la nouvelle administration Biden a annulé cette licence et rétabli les sanctions contre Dan Gertler.

Dan Gertler aurait fait perdre plus de 1 milliard de dollars de revenus à l’Etat congolais. Il aurait enrichi des membres de l’élite de l’ancien régime jusqu’au plus haut sommet de l’Etat. Ces sommes d’argent considérables qui disparaissent appauvrissent la RDC et augmentent la vulnérabilité des populations. La disparition des recettes par la corruption et l’évasion fiscale sont un des problèmes majeurs de la RDC.

Depuis la sortie du rapport de Global Witness et de la PPLAAF en juillet 2020, ces deux ONG font l’objet d’une vague ininterrompu d’actes de représailles d’une rare intensité : diffusion de fausses informations sur les réseaux sociaux, campagne de dénigrement et de harcèlement sur YouTube…

 


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