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Iran
Appel à mobilisation

Trois manifestants sous la menace d’exécutions imminentes

Alors que la période du nouvel an iranien Norouz et le mois sacré du Ramadan marquent généralement une réduction drastique dans le nombre d’exécutions, le mois qui suit connaît à l’inverse un pic d’exécutions en Iran. Trois prisonniers politiques sont particulièrement menacés, étant donné que la Cour suprême a confirmé leur condamnation à mort.
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© Photo Nicolas lascourrèges - Montage Coralie Pouget/ACAT-France
Le 03 / 04 / 2024

Mobilisons-nous pour demander la libération de Mojahed Kourkour, Reza Rasayi et Abbas Deris !

Téléchargez la lettre, personnalisez-la avec vos coordonnées et retournez-la par voie postale ou par voie électronique à Gholamhossein Mohseni Ejei, Responsable du pouvoir judiciaire iranien.

Des manifestants condamnés à la peine de mort

Mojahed Kourkour, Abbas Deris et Reza Rasayi sont tous les trois des manifestants issus de minorités ethniques et religieuses qui ont été condamnés à la peine de mort, décisions confirmées par la Cour suprême iranienne. Leurs condamnations ont été décidées sur la base de témoignages obtenus sous la contrainte et sans respect des droits de la défense et du droit à un procès équitable. Pour Mahmood Amiry-Moghaddam, directeur de l’ONG Iran Human Rights, dont nous sommes partenaires, le seul but de ces condamnations est d'intimider les Iraniens dans un contexte de contestation politique toujours fort. Il estime que le seul moyen d’arrêter ces exécutions est d’augmenter la pression politique sur la République islamique, notamment en ayant recours à de larges campagnes de mobilisation.

Le risque qu’ils soient exécutés dans les prochaines semaines est fort. En effet, comme l’année dernière, la fête du nouvel an iranien Norouz et le mois sacré du Ramadan tombent sur la même période. Habituellement, les autorités n’effectuent que peu d’exécutions à ce moment-là, comme en 2023, où seules 17 exécutions avaient été décomptées par Iran Human Rights. Cependant, le mois qui avait suivi avait atteint un pic avec 115 exécutions ! Un schéma similaire avait déjà eu lieu en 2022, raison pour laquelle un pic d’exécutions est redouté après la fin du Ramadan à la mi-avril.

Des accusations sans fondements et des aveux obtenus sous la contrainte

Arrêté le 20 décembre 2022, Mojahed Kourkour appartient au groupe ethnique bakhtiari et est accusé d’avoir tué un garçon de 10 ans, Kian Pirfalak, lors d’une manifestation dans la ville d’Izeh le 16 novembre. La famille de la victime a pourtant nié que Mojahed ait commis le crime et accuse au contraire les forces de sécurité du régime d’avoir tiré sur la voiture familiale, entraînant la mort de Kian. De plus, Mojahed n’était pas présent à la manifestation ce jour-là mais le jour suivant, justement pour protester suite au meurtre du jeune garçon. Blessé lors de son arrestation, il a été torturé pour obtenir des aveux, et il a été obligé d’avouer devant la télévision un crime qu’il n’avait pas commis. La Cour suprême a confirmé sa condamnation le 24 décembre 2023.

Reza Rasayi est kurde de confession yarsan. Il est accusé d’avoir tué le 18 novembre 2022 à Sahneh un membre des services de sécurité étatique lors d’une manifestation contre le régime à la suite d’une commémoration religieuse yarsane. Les manifestants demandaient justice pour la mort de Kian Pirfalak. Arrêté le 24 novembre, il a été soumis à de nombreux actes de torture pour obtenir ses aveux alors que d’autres manifestants arrêtés au même moment ont été forcés de témoigner contre lui. Malgré le témoignage de plusieurs experts en faveur de l’innocence de Reza, il a été condamné à la peine de mort, confirmé par la Cour suprême le 24 décembre 2023.

Issu de la minorité arabe du Khuzestan, Abbas Deris a été arrêté le 8 décembre 2019. Il est accusé d’avoir tué un policier dans la ville de Mahshahr le 18 novembre 2019 lors d’une manifestation qui se déroulait dans le cadre des révoltes suite à l’annonce d’une augmentation conséquente du prix du carburant, révoltes qui, par la suite, ont pris une tournure plus politique. Bien que la famille du policier ne le tienne pas pour responsable, Abbas Deris a été condamné une première fois le 13 décembre 2023. À l’annonce de sa condamnation, son épouse est morte des suites d’un arrêt cardiovasculaire. Ses aveux ont été obtenus sous la contrainte puis diffusés à télévision avant son procès. Lors de son procès, de nombreux témoignages et expertises ont contredit sa culpabilité, sans effet sur sa condamnation. La Cour suprême a confirmé sa condamnation le 4 juillet 2023.

Contexte

En septembre 2022, Jina Mahsa Amini, 22 ans, a été battue à mort par la police des mœurs iranienne pour avoir prétendument porté son hijab de manière incorrecte. Son meurtre a déclenché des manifestations de masse qui ont été diffusées dans le monde entier au cours des derniers mois. Les atrocités commises par le régime qui en ont découlé, ont été révélées par les réseaux sociaux au monde entier. L’information de la mort de Jina Mahsa Amini a commencé à circuler à partir d’une photo d’elle intubée dans son lit d’hôpital, publiée par le compte X (ex-Twitter) +1500tasvir qui dénonce la répression du régime. Deux femmes journalistes, Niloufar Hamedi et Elaheh Mohammadi, ont largement participé à faire connaître le cas de Jina Mahsa Amini. Le régime les accuse alors d’espionnage pour le compte des États-Unis et d’avoir été formées par la CIA.

Des manifestations sans précédent dans tout le pays

Très rapidement le cas Jina Mahsa Amini fait le tour des réseaux sociaux et réveille une colère infinie des femmes iraniennes, mais plus généralement d’une grande partie de la population, transcendant les âges, les classes sociales et les groupes ethniques. La colère de la population s’exprime alors dans la rue et sur les réseaux sociaux, mais aussi par des gestes simples du quotidien comme le fait de ne plus porter le foulard pour les femmes.  Le régime iranien n’a jamais été confronté à ce genre de révolte. Très vite, un slogan s’impose, sonnant comme la devise de ce que pourrait être un nouvel Iran démocratique : « Femmes, Vie, Liberté ! ». Le mouvement est massif. Alors que l’Iran a connu de nombreuses révoltes dans les années passées, elles n’ont jamais réussi à fédérer les différentes parties de la société. 

Une répression d’une violence inouïe

Face à ce danger existentiel majeur, le régime choisit encore et toujours la même réponse : la violence et les répressions les plus dures. Selon Iran Human Rights, au moins 551 manifestants, dont 49 femmes et 68 enfants, ont été tués, sans compter au moins 22 morts suspectes, et des milliers de personnes arrêtées depuis le début des manifestations. Près de la moitié des victimes sont issus du Kurdistan et du Baloutchistan, où les manifestations ont duré le plus longtemps. Toujours selon Iran Human Rights, sur un total de 834 personnes executées en 2023, au moins 167 appartenaient à la minorité baloutche. Cela équivaut à 20 % des exécutions de l’année alors que ce groupe ethnique ne représente que 2% de la population. 8 manifestants ont déjà été exécutés en 2023. Une fois de plus, ce sont les membres des minorités ethniques et religieuses qui sont les plus visés.

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