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Vietnam
Appel à mobilisation

Le Huu Minh Tuan risque de mourir

En raison de ses activités de journaliste indépendant, Le Huu Minh Tuan a été arbitrairement condamné à onze ans d’emprisonnement, en janvier 2021. Aujourd’hui, il risque de mourir en prison.
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© Photo Nicolas lascourrèges - Montage Coralie Pouget/ACAT-France
Le 03 / 01 / 2024

Mobilisons-nous pour demander la libération de Le Huu Minh Tuan !

Téléchargez la lettre, personnalisez-la avec vos coordonnées et retournez-la par voie postale ou par voie électronique à l'ambassadeur de l'Union européenne au Viêtnam. 

Qui est Le Huu Minh Tuan ?

Le Huu Minh Tuan est un journaliste indépendant âgé de 34 ans et l’un des membres de l’Association des Journalistes Indépendants du Viêtnam (IJAVN). Cette organisation de la société civile a été créée en 2014 afin de promouvoir le droit à la liberté d’expression, la liberté de la presse et la liberté d’association. Elle opérait pacifiquement sur Internet. Il a travaillé en particulier sur les injustices sociales, la politique intérieure et le mouvement démocratique vietnamien.  

Un état de santé manifestement incompatible avec son maintien en détention

Dans un précédent appel à mobilisation à son sujet, l’ACAT-France indiquait que Le Huu Minh Tuan souffrait de graves problèmes de santé, qu’il était détenu dans une petite cellule et qu’il n’était pas autorisé à beaucoup s’exercer à l’extérieur. En outre, il n’avait pas le droit de recevoir les médicaments que sa famille lui envoyait pour soigner sa maladie. Depuis, sa situation s’est encore aggravée. Ainsi, ses proches ont alerté l’ONG et média Radio Free Asia (radio libre asie, en anglais, RFA) qui a diffusé des nouvelles sur la situation de Le Huu Minh Tuaan. En novembre 2023, les agents de la prison de Xuyen Moc où il est détenu lui ont fait passer un examen médical à l’hôpital de Vung Tau. Toutefois, Le Huu Minh Tuan a affirmé que cet examen avait été conduit de manière superficielle. D’ailleurs, il a pris les médicaments qui lui ont été prescrits à cette occasion et sa situation s’est empirée.

En décembre 2023, lors d’une visite, ses proches ont constaté qu’il était particulièrement amaigri, très pâle. Le Huu Minh Tuan a indiqué qu’il ne pouvait plus consommer de nourriture solide car il ne la digère plus. Il se contente désormais de lait mixé avec du gruau de riz. Et, toujours selon son entourage, il présente plusieurs symptômes similaires à ceux d’un cancer colorectal. Au cours de cette visite, il a affirmé « j’en ai assez, je ne tiens plus le coup » laissant entendre que sa santé mentale, jusqu’alors stable, s’était elle aussi dégradée.  

Ces conditions de détention sont à l’évidence en violation de la Déclaration universelle des droits de l’homme, du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, ainsi que des règles Nelson Mandela (des directives établies par les Nations unies à destination de ses États membres, afin de mettre en place des standards minimums de conditions dignes de détention).  

Le Huu Minh Tuan doit pouvoir accéder à des soins adéquats

La situation de Le Huu Minh Tuan est d’autant plus alarmante que la société civile dans le pays et à l’international a documenté de nombreux cas de prisonniers politiques ayant vécu des situations similaires et qui sont décédés en raison du refus des autorités pénitentiaires de leur accorder leur droit à la santé. Par exemple, Phan Van Thu est décédé en prison après que sa demande de libération pour raisons médicales lui a été refusée. Au même titre, Huynh Huu Dat est décédé d’un cancer et d’une maladie du foie qui n’ont pas été médicalement pris en charge par les autorités de la prison.

D’autres noms sont connus : Dao Quang Thuc, Doan Dinh Nam… La famille de Le Huu Minh Tuan a alerté l’Etat et les autorités de la prison, afin qu’il bénéficie d’un examen de santé complet. À ce jour, il n’y a pas d’informations disponibles quant à l’approbation de cette requête.

L’ACAT-France se mobilise pour obtenir la libération immédiate et sans conditions de Le Huu Minh Tuan, sa situation nécessitant d’accéder d’urgence à des soins adéquats.  

Contexte

Actuellement, le Viêtnam occupe la 178ème place sur 180 dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters Sans Frontières (RSF), juste avant la Chine et la Corée du Nord. Le pays poursuit sa chute dans ce classement, symbolisant la mainmise croissante du Parti communiste sur les médias et l’information. Ainsi, le Viêtnam s’inscrit clairement dans la lignée de la Chine voisine et de la Corée du Nord : seuls comptent la voix et le narratif du Parti. Une volonté politique totalitaire inquiétante pour l’avenir du journalisme dans le pays. 

Quel avenir pour le journalisme au Viêtnam ?

Si la Constitution vietnamienne protège la liberté de la presse, cela n’empêche toutefois pas les autorités d’emprisonner des journalistes en vertu des articles 109, 117 ou 331 du code pénal pour « activités visant à renverser le pouvoir du peuple », de « propagande contre l’Etat » ou « d’abus de leurs libertés démocratiques ». Ainsi, toujours selon RSF, au moins 36 journalistes seraient actuellement détenus dans des prisons vietnamiennes.  

À cet arsenal législatif s’est ajoutée en 2020 la Force 47, une sorte de cyber-armée militaire sous commandement du ministère de la Sécurité publique, visant à traquer l’opposition au régime en ligne. Or, internet demeurait un des derniers espaces d’expression de l’opposition et de diffusion d’informations et de discours alternatifs à celui imposé par le Parti.  

La communauté internationale, en particulier les Nations unies, ainsi que la société civile ont régulièrement dénoncé et condamné la manière dont le Viêtnam traite ses journalistes. Or, malgré ce bilan très attentatoire aux droits de l’homme, l’État a été élu pour la deuxième fois au Conseil des droits de l’homme des Nations unies pour le mandat 2023-2025. Une élection qui a été largement critiquée à juste titre : au cœur des assemblées décisionnaires sur les traités et décisions relatives aux droits de l’homme qu’il ne respecte pas, le pays bénéficie d’autant plus d’impunité pour arrêter, détenir et laisser mourir des journalistes dans ses prisons.

L’avenir de la liberté de la presse y semble donc plutôt sombre, à l’instar des tendances que suivent tous les pays de cette zone géographique.  

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