Demandons justice et réparation pour les victimes du 9N !
Mobilisons-nous pour demander justice pour les victimes du 9N !
Téléchargez la lettre, personnalisez-la avec vos coordonnées et retournez-la par voie postale ou par voie électronique à la gouverneure de l'État de Quintana Roo.
Que s'est-il passé le 9 novembre 2020 ?
Le 9 novembre 2020 (9N), des centaines de personnes ont manifesté dans la ville de Cancún, située dans la municipalité de Benito Juárez, État de Quintana Roo, pour demander justice pour le féminicide de Bianca Alejandra Lorenzana Alvarado. Cette femme de 20 ans avait disparu le 7 novembre 2020 et, le lendemain, son corps avait été retrouvé das des sacs poubelles à la périphérie de la ville.
Les autorités avaient l'obligation d'enquêter sur ce féminicide et de garantir le droit de manifester. Cependant, environ quatre-vingt policiers du Secrétariat municipal de la sécurité publique et du transit de Benito Juárez, sous le commandement de l'État, ont dispersé la manifestation en utilisant une force disproportionnée à l'encontre des défenseures et des journalistes présents. Les policiers ont tiré avec des armes à feu, visant directement trois personnes. Après avoir été touchées, les victimes n'ont reçu l'aide d'aucune des autorités présentes, et ont dû s'enfuir et trouver une assistance médicale par leurs propres moyens.
En outre, sous le regard passif de la Police nationale, les agents municipaux ont détenu arbitrairement huit personnes dans la mairie de Benito Juárez, dont sept femmes. Elles ont été torturées afin de les punir pour leurs activités de défense. Deux d'entre elles, en plus d'avoir été brutalement battues, ont été victimes de tortures sexuelles.
Harcèlement et négligence judiciaire, une réponse inacceptable de l'État
À la suite de ces graves violations, le Comité des victimes du 9N a été créé, et il se compose des manifestantes qui ont été arrêtées, battues et abusées sexuellement. Depuis lors, les victimes ont subi un harcèlement constant de la part des autorités, sous forme de surveillance indue, de perquisitions et de menaces. Face à l'inaction de l'État pour prévenir et punir ces actes, les victimes ont déposé une demande de mesures de précaution auprès de la Commission interaméricaine des droits de l'homme, mais celle-ci n'a pas encore été examinée.
En mai 2021, le procès de 14 des policiers impliqués dans les événements du 9N s'est enfin ouvert. Ils sont accusés d'abus d’autorité, de blessures et de vol. Dans les semaines précédant le procès, les victimes ont subi une augmentation considérable du nombre d'agressions, de harcèlement policier et d'attaques sur les réseaux sociaux. Par ailleurs, les victimes ont dénoncé que, pendant le procès, le Bureau du Procureur a refusé de recevoir les éléments qu’elles ont présentés, et a agi avec négligence dans la collecte des preuves. En outre, certains des accusés sont en fuite et les responsables du haut niveau et de la Police nationale n'ont pas fait l'objet d'une enquête.
Contexte
La violence à l'encontre des femmes défenseures, une réalité alarmante
La mobilisation du 9N à Cancun n'est pas la seule manifestation contre la violence de genre à avoir été réprimée au Mexique. Les autorités mexicaines répondent souvent à ces manifestations par un usage excessif et injustifié de la force, des arrestations arbitraires et des violences sexuelles, en violation de leurs obligations internationales. Bien que la plupart du temps pacifiques, ces manifestations féministes sont constamment stigmatisées comme violentes, sous prétexte de criminaliser et de violer les droits humains des femmes défenseures.
En outre, le recours à diverses formes de violences sexuelles par des membres des forces de police à l'encontre des manifestantes est récurrente. La violence fondée sur le genre à l'encontre des femmes continue d'être utilisée par les autorités comme une méthode pour étouffer le droit légitime à la réunion pacifique, intimidant les femmes qui s'opposent aux stéréotypes de genre archaïques en quittant la sphère privée et en allant manifester.
Omission de l’État dans la réparation intégrale des victimes
L'État mexicain a l'obligation de garantir une réparation intégrale aux victimes de graves violations des droits humains, conformément à la Loi générale sur les victimes adoptée en 2013. Cependant, bien que la Commission exécutive de protection des victimes de Quintana Roo ait rendu une série de décisions visant à accorder des réparations aux victimes du 9N, les impacts psychosociaux subis ont été négligés et les victimes n'ont pas été véritablement impliquées dans le processus.
Par ailleurs, la Commission des droits humains de Quintana Roo (CDH) a émis une série de recommandations dans lesquelles elle reconnaît explicitement que la police municipale a fait un usage disproportionné de la force, a procédé à des détentions arbitraires et a infligé des traitements inhumains et dégradants aux victimes. Elle a également reconnu que le Bureau du procureur général de l'État de Quintana Roo avait tenté d'accuser les victimes de crimes qu'elles n'avaient pas commis. Ces recommandations n'ont pas été respectées, et pourtant la CDH a clôturé le dossier de suivi.
Face à cette situation aberrante, nous demandons à la gouverneure de l’État de Quintana Roo de prendre les mesures nécessaires pour mener une enquête effective et impartiale sur les événements qui se sont produits pendant et après le 9N ; accorder une réparation intégrale aux victimes et à leurs familles, en tenant compte des effets physiques et psychosociaux subis ; garantir l'accès à la justice pour les journalistes et les manifestantes agressées et veiller à ce que les défenseurs et défenseures des droits humains à Quintana Roo puissent poursuivre leur travail sans restrictions ni craintes de représailles.