Abencio et Edinson, deux défenseurs de l’environnement disparus
Demandons la vérité sur la disparition d’Abencio Caicedo et Edinson Valencia !
Téléchargez la lettre, personnalisez-la avec vos coordonnées et retournez-la par voie postale ou par voie électronique à Michèle Ramis, Directrice des Amériques et des Caraïbes du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères.
Qui sont Abencio Caicedo et Edinson Valencia ?
Abencio Caicedo et Edinson Valencia sont deux figures emblématiques dans la lutte pour la protection de l’environnement et la préservation de la culture afro-descendante de la communauté de la vallée de la rivière Yurumanguí, dans la région du Valle del Cauca, en Colombie. Ces deux leaders ont joué un rôle clé dans la lutte contre les cultures illégales de coca, l'exploitation minière et le trafic d'armes dans leur territoire.
Abencio Caicedo, délégué du bureau exécutif du Conseil communautaire du bassin de la rivière Yurumanguí, n'était pas seulement impliqué dans la résolution des conflits, mais il partageait également les connaissances ancestrales de sa communauté à travers des cours de musique et de danse qu'il animait lui-même. Pour sa part, Edinson Valencia était le coordinateur du contrôle et de la surveillance de l'Organisation ethnico-territoriale Aponury de la rivière Yurumanguí. Il était également enseignant à la seule institution éducative de la région. Il dispensait des cours de développement communautaire, tout en recherchant des opportunités pour poursuivre sa formation en gestion de l'environnement et en éducation ethnique. Aux côtés d'Abencio, il enseignait aux jeunes l'importance de leur territoire et la nécessité de le protéger.
Le 28 novembre 2021, ces deux défenseurs ont disparu alors qu'ils se rendaient à la rivière Naya pour une réunion à laquelle ils avaient été convoqués. De nombreuses voix se sont élevées pour exiger des autorités qu'elles entreprennent des efforts efficaces pour les retrouver. Cependant, aucune piste n'a été trouvée quant à leur localisation.
Des communautés sous la menace constante des groupes armés
Les communautés de Yurumanguí résistent depuis des décennies aux groupes armés qui cherchent à contrôler le territoire pour bénéficier du narcotrafic, de l'exploitation minière illégale et de l'abattage aveugle des arbres. Au cours de ces dernières années, la région est tombée sous le contrôle de la colonne mobile Jaime Martínez, une dissidence des Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC), et des soupçons pèsent sur elle concernant sa responsabilité dans la disparition d'Edinson et d'Abencio. En effet, la position ferme de ces deux défenseurs contre la culture de la coca pourrait être l'une des raisons de leur disparition. Mais les membres de la communauté sont contraints au silence par crainte de représailles et vivent sous la menace constante de la violence armée.
Contexte
La Colombie, le pays le plus dangereux pour défendre l'environnement
Traversée par le conflit armé, la Colombie a toujours été l'un des pays les plus meurtriers pour les défenseurs de l'environnement. Au milieu d'une recrudescence de la violence, en 2022 les assassinats ont doublé par rapport à l'année précédente, avec 60 meurtres enregistrés par l'organisation Global Witness. Cela représente plus d'un tiers des assassinats d'activistes environnementaux dans le monde.
Depuis son accession au pouvoir en août 2022, le président Gustavo Petro s'est engagé à mettre fin à la violence contre ces activistes, mais ses actions se sont révélées insuffisantes. Bien qu'il soit difficile de spécifier les causes exactes des assassinats, la plupart des victimes appartiennent à des communautés indigènes et étaient liées à des plaintes contre l'agro-industrie, l'exploitation minière, la déforestation, l'accès à l'eau et le braconnage. Malgré la ratification de l'Accord d'Escazú en octobre 2022, un traité régional qui oblige le gouvernement à prévenir et à enquêter sur ces attaques, la plupart restent impunies. Il est donc essentiel d'exiger du gouvernement colombien la mise en œuvre des mesures plus efficaces pour protéger ces défenseurs, et de promouvoir la reconnaissance de leur rôle dans la lutte contre l'urgence climatique.
Yurumanguí au milieu d'une crise humanitaire
Le bassin de la rivière Yurumanguí, situé entre le sud de la rivière Naya et le nord de la rivière Cajambre, est une région stratégique en conflit en raison du trafic de drogue. Cette zone devient un corridor naturel débouchant dans l'océan Pacifique, ce qui suscite l'intérêt de divers groupes armés dont l'économie repose sur le narcotrafic. Ces groupes sont présents dans la région depuis les années 1980 et harcèlent les communautés locales dans le but de contrôler leurs territoires. En conséquence, la population de Yurumanguí est victime de multiples formes de violence, notamment la persécution, le déplacement forcé et les assassinats, dans un contexte d'abandon par l'État.
La Cour constitutionnelle de Colombie a souligné l'importance de garantir des plans spécifiques de prévention, d'assistance et de protection pour les territoires de cette région. Cependant, l'État colombien n'a ni formulé ni mis en œuvre ces plans. De plus, ces derniers temps le conflit entre la guérilla des FARC dirigée par Jaime Martínez et l'ELN continue de s'étendre dans la région.
Le Pacifique colombien, tout comme d'autres régions du pays, a un besoin urgent d'un accord humanitaire impliquant les groupes armés légaux et illégaux, dans le but de garantir la vie et la sécurité des communautés. La paix et la préservation de l'environnement doivent être des priorités fondamentales pour l'avenir de Yurumanguí et de la Colombie dans son ensemble.
