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Bahreïn
Appel à mobilisation

L’état de santé du défenseur Abdulhadi Al-Khawaja très préoccupant

Emprisonné depuis 12 ans, le défenseur Abdulhadi Al-Khawaja, figure majeure des droits humains au Bahreïn et dans la péninsule arabique, connait actuellement de graves problèmes cardiaques qui nécessiteraient des soins urgents, ce que les autorités lui refusent.
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Mobilisons-nous pour demander justice pour Abdulhadi Al-Khawaja !

 

Des problèmes de santé qui s'accumulent

C’est lors d’un appel téléphonique le 1er mars 2023 que la famille d’Abdulhadi Al-Khawaja a appris qu’il avait été emmené la veille, en urgence, à l’hôpital militaire sur demande du médecin pénitentiaire en raison d’une accélération préoccupante de son rythme cardiaque accompagné de difficultés respiratoires. Après plusieurs examens, dont un électrocardiogramme, le médecin urgentiste, constatant la sévérité de la situation, a demandé qu’il puisse être examiné immédiatement par un cardiologue. Ce rendez-vous lui a été refusé par le service de sécurité et Abdulhadi a été reconduit à la prison de Jaw après avoir reçu une injection en intraveineuse afin de calmer la crise.

Selon le défenseur, cette opposition à consulter rapidement un médecin cardiologue est un acte en représailles à son refus d’être menotté sur son lit d’hôpital. Le responsable de la sécurité de l’hôpital voulait effectivement le lui imposer, en contradiction avec les ordres médicaux préexistants et l’accord qu’il avait obtenu avec l’administration pénitentiaire. A la suite de plusieurs réactions internationales s’émouvant de cette situation, les autorités locales ont annoncé qu’un rendez-vous avec un médecin cardiologue avait bien été pris pour le 19 mars, sans qu’Abdulhadi Al-Khawaja ni sa famille n’en ait eu confirmation jusqu’à présent. Selon des experts médicaux, Abdulhadi est sous la menace d’un arrêt cardiaque ou d’un accident cardio-vasculaire s’il n’est pas immédiatement traité et suivi par du personnel médical spécialisé.

C’est dans ce même hôpital militaire qu’Abdulhadi Al-Khawaja avait déjà connu plusieurs épisodes de tortures et de traitements cruels, inhumains et dégradants. En avril 2011, à la suite de sa violente arrestation, il avait dû subir une intervention chirurgicale de quatre heures pour sa mâchoire brisée. Durant son séjour à l’hôpital, il est resté les poignets menottés au lit et les yeux bandés, tandis que ses gardiens le menaçaient d’abus sexuels et d’exécution, en portant des menaces similaires sur des membres de sa famille. Au lieu des 20 jours de soin et de repos préconisés par le médecin, Abdulhadi n’est resté à l’hôpital que 6 ou 7 jours avant d’être transféré en prison. Alors qu’il menait une grève de la faim en 2012 pour protester contre son arrestation et sa détention arbitraires, c’est dans ce même hôpital qu’il a été drogué et nourri de force, une pratique pouvant équivaloir à un traitement inhumain et dégradant selon l’Association mondiale de médecine.

Selon un médecin consulté par la famille, Abdulhadi Al-Khawaja souffre de nombreux problèmes de santé pour lesquels il n’est pas correctement traité, notamment de l’eczéma, de sévères maux de dos, ainsi que des problèmes ophtalmiques qui pourraient mener à une cécité de l’œil droit. Il doit également subir une nouvelle opération pour la partie gauche de son visage à la suite de sa violente arrestation de 2011, opération sur laquelle il n’a pas de réponse des autorités.

Contexte

Abdulhadi Al-Khawaja est un éminent défenseur des droits humains et citoyen bahreïni-danois qui a notamment mené des manifestations pacifiques pour réclamer les libertés et les droits fondamentaux au Bahreïn dans le cadre des printemps arabes. Violemment arrêté le 9 avril 2011, il est détenu à l’isolement et torturé pendant un mois avant d’être condamné à perpétuité pour «​ organisation et conduite d'une organisation terroriste, tentative de renversement du gouvernement par la force et en liaison avec une organisation terroriste travaillant pour un pays étranger » et de «​ collecte d'argent pour un groupe terroriste », le tout sur la base d’aveux signés sous la torture. Près de 12 ans plus tard, il est toujours détenu à la prison de Jaw, où il fait face à de difficiles conditions de détention et à un refus systématique de traitements médicaux appropriés.

Avant cela, Abdulhadi Al-Khawaja a vécu en exil avec sa famille à la suite de la révocation de sa nationalité bahreïnie en raison de ses activités de défenseur des droits humains. Installé au Danemark dont il obtient la nationalité, il continue son plaidoyer pour les droits et libertés à Bahreïn depuis l’étranger. Il retourne à Bahreïn en 2001 à l’occasion d’une politique d’ouverture et de réforme du gouvernement. Il cofonde avec d’autres défenseurs des droits humains bahreïnis et de la région, plusieurs organisations de défense des droits humains de premier plan, telles que le Bahrain Centre of Human Rights (en 2001) et le Gulf Centre for Human Rights (en 2011). Ces ONG étaient les premières de leur genre dans la région de la péninsule arabique et ont favorisé l’éclosion d’une culture de la résistance contre les régimes autoritaires. Il a également travaillé pour Frontline Defenders ainsi que pour Amnesty International. Abdulhadi Al-Khawaja est, en outre, lauréat de plusieurs prix importants dans le domaine des droits de l'homme, dont le prix Martin Ennals pour les défenseurs des droits humains de 2022.

En décembre 2022, une majorité écrasante du Parlement européen a adopté une résolution dénonçant le caractère arbitraire de la détention d’Abdulhadi Al-KHawaja. Elle reconnait également qu’il souffre d'une série de problèmes de santé chroniques et dégénératifs, y compris des douleurs dorsales extrêmes et des troubles de la vue, qui sont une conséquence directe de son emprisonnement, de la torture et de la privation d'accès aux soins médicaux. Le Parlement européen a également constaté que les autorités de la prison de Jaw ont refusé à Abdulhdi des traitements médicaux adéquats.

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